Tu verras dans quatre ans…

Depuis l’exploit du Cameroun lors de la Coupe du Monde 1990 en Italie, les suiveurs guettent et pronostiquent tous les quatre ans l’avènement du football africain sur le toit du monde. Avec le Mondial en Afrique du Sud, c’était – de nouveau – pour cette année, paraît-il… Et pourtant, on en a sans doute jamais été aussi loin.

A tous les niveaux, le jeu de ballon a perdu du terrain en Afrique. Après des années de progression et de nombreux pas en avant, cette année a été celle de la balle dans le pied – sans mauvais jeu de mots – pour les équipes africaines. Dans le sillage de ce que nous propose la FIFA depuis des années, la CAF est infestée de dirigeants plus prompts à regarder le fond de leur poche plutôt que d’ouvrir les yeux sur ce qui ne va pas. L’avenir du foot est en Afrique, dit-on communément, et bien il attendra.

Descente aux enfers

La CAN 2010 devait faire office de lancement parfait pour la grande fête en Afrique du Sud. Las, la compétition a stigmatisé tous les problèmes possibles et imaginables dans ce coin de la planète. En allant chercher un peu plus loin, la lente descente aux enfers avait débuté en Egypte, lorsque l’Algérie avait été honteusement attaquée sans que la CAF ni la FIFA ne prennent la moindre sanction. Les journaux cairotes avaient même poussé le vice jusqu’à accuser les «Fennecs» d’avoir eux-mêmes brisé les fenêtres de leur bus de l’intérieur (!).
Au final, l’Egypte avait perdu au Soudan en match d’appui, dans ce qui ressemblait plus à une logique morale qu’à celle du terrain. Car on a beau dire, on a beau faire (© Thierry Roland), Zidan et cie forment la plus belle phalange du continent. On peut le voir à l’heure actuelle dans les stades angolais, aucune autre formation n’a atteint une telle maturité tactique. L’exemple de la demi-finale face à l’Algérie (4-0) a été frappant. Le calme, la sérénité et la maturité de cette équipe n’a pas d’équivalent.

Pendant que les internationaux ivoiriens, nigérians ou algériens pensent plus à garnir leurs portemonnaies en Europe, les Egyptiens, eux, restent traditionnellement au pays. Ils y ont certes des salaires confortables, mais cela leur permet surtout de montrer une implication toute autre au moment de porter le maillot national et de ne pas perdre la moitié de leur influx nerveux à négocier des primes avec leurs fédérations respectives. Hormis les exceptions Zidan à Dortmund, El-Hadary et son passage furtif à Sion et Mido avant qu’il se fasse exclure du groupe, tous jouent encore au pays (enfin c’est ce que je crois, trouver les clubs des éléments du contingent de l’Egypte lors de cette CAN n’est pas chose aisée sur le net, semblerait qu’il y ait quelques-uns en Belgique et en Arabie Saoudite aussi, mais bon…).

Parodie de football

Bref, la parodie de football proposée lors de cette édition 2010 n’a pas fait du bien au football africain et ce à absolument tous les niveaux. Des gardiens fantaisistes à l’image de Kameni – pourtant d’habitude excellent –, des arbitres complètement largués, des buts marqués de quarante mètres et d’autres loupés à trois mètres (Messieurs les Ivoiriens, si vous me lisez…) et quelques tacles venus du fond des âges – et après les Algériens mettent la faute sur l’arbitre –, on dirait un vieux film qui repasse en boucle.
Après, il ne faut pas s’étonner que les deux seules équipes à avoir un plan de jeu clair se retrouvent en finale. On a déjà évoqué le cas égyptien, mais le Ghana est lui aussi bien en place. Avec l’ossature de la formation sacrée championne du monde M20, les «Baby Black Stars» ont réussi l’exploit de se hisser en finale en marquant seulement quatre buts de toute la compétition. Mais voilà, eux, ils savent défendre et, surtout, profiter des lacunes adverses à la finition. Alors que les équipes africaines ont tendance à engager des coachs étrangers – surtout français – à foison, il est particulièrement intéressant de noter que trois coachs demi-finalistes sur quatre étaient africains. Seul Milovan Rajevac, le coach serbe du Ghana, perpétue la tradition des «sorciers européens».

CAF + FIFA = lol

Outre toutes ces considérations technico-tactiques, c’est l’absence de passion locale pour la CAN 2010 qui a déçu en premier lieu. Mais s’il ne fallait retenir qu’une seule chose de la compétition angolaise, c’est l’imbécilité crasse d’Issa Hayatou. Passons sur l’épisode tragique du mitraillage du bus togolais, pour en venir à la décision prise par la CAF d’exclure les «Eperviers» de l’épreuve pour les deux prochaines éditions.

Dans un premier temps, choqués par la perte de deux membres de la délégation, Emmanuel Adebayor et ses coéquipiers décident de s’en aller. Après réflexion, et malgré l’absence de plusieurs éléments, ils choisissent de jouer pour rendre hommage aux disparus. Le gouvernement togolais, lui, intime finalement l’ordre à ses représentants de quitter l’Angola. Et c’est là que le bât blesse, car c’est sur cet argument que se base la CAF pour exclure le pays. Ainsi, disons-le clairement, il tue le football d’un pays qui ne vit que pour ce sport.
D’accord, le Togo n’est pas l’exemple-même de l’efficacité organisationnelle, comme en atteste par exemple le flou artistique de la Coupe du Monde 2006, lorsque les joueurs avaient menacé de faire grève pour le match contre la Suisse. Mais en arriver à un tel mépris de la vie humaine, en arriver à de telles inepties dans les décisions, il faut vraiment que quelque chose cloche dans la tête de ces types… En fait, il suffit simplement de se dire que Sepp Blatter a besoin du vote des pays qu’Hayatou a sous la coupe pour s’assurer un quatrième mandat à la tête de la FIFA pour être certain d’une chose : rien n’est près de changer en Afrique. Là où le football avait un avenir. A l’époque…

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9 Commentaires

  1. J’espère que l’Égypte gagnera une fois de plus ce soir, afin de montrer que cette compétition et les sélections nationales africaines sont une véritable blague.

  2. Et voilà, c’est fait. Incroyable que les Égyptiens se plantent systématiquement lors des qualifs de la CDM. Peut-être les que les autres équipes en ont rien à foutre de la CAN ?

    En tout cas, +1 pour l’article, qui expose de manière acide les vraies plaies du foot africain. Ils ont les joueurs, les techniciens, mais la fruit est pourri de l’intérieur. La mentalité des joueurs égyptiens de l’autre côté est exemplaire, dommage que leurs concitoyens n’aient pas une once de modération, ils ont compromis la qualification de leur équipe.

  3. Le niveau de jeu était faible? Oui, mais avez-vous pensé aux conditions? Au terrain? A la chaleur? A l’organisation? Au fait que le tournoi se passe quelques petits mois avant le mondial?

    Dommage…habituellement vous vous montrez plus perspicaces. Keep going

    Un fan

  4. Issa Hayatou, Président

    M. Mustapha Fahmy, Secrétaire Général
    M. Hicham El Amrani, Secrétaire Général -Adjoint
    Mme Ghada Zidane, chef du cabinet du secrétaire général et responsable des compétitions de jeunes
    Mme. Nadia Hamdi, Assistante du secrétaire général et responsable des associations Nationales

    Mme Karam Mostafa, Directeur administratif et financier
    Mme Amira Gaber, Directeur administratif et financier adjoint
    M. Mohamed El Sherie, assistant du directeur administratif et financier
    M. Gamal Taha, Trésorier
    Mme Heba Bakr, responsable du budget et de la comptabilité
    M. Magd Eldin Abdel Razek, responsable des opérations techniques
    Mme Inas Ahmed, Assistante, chargée de la gestion des voyages
    M. Mahmoud Mansour, responsable de la logistique et des transports

    Mme Abla Hassan, Directeur des compétitions
    Mlle Shereen Arafa, Directeur adjoint et responsable des compétitions des équipes nationales
    M. Essam Ahmed, responsable des compétitions de clubs
    M. Khaled Nassar, responsable adjoint des compétitions de clubs et coordonnateur de la sécurité
    Mme Heba Abdallah, responsable des compétitions féminines et du futsal
    M. Amr Fahmy, responsable adjoint des compétitions des équipes nationales et chargé des questions de discipline
    Mlle Amina Kassem, Chef du département de la discipline
    M. Kalombo Bester, responsable de l’arbitrage à la Caf
    Mlle Yasmine el Ehwani, responsable adjoint de l’arbitrage à la Caf

    M. Suleiman Habuba, Directeur de la communication et des relations publiques
    M. Tarek El Deeb, responsable artistique et des technologies de l’information
    M. Eric Asomugha, chargée du site
    M. Awad Khalifa, coordonnateur des relations publiques
    M. Mahmoud Garga, Chef de presse

    M. Abdel Moneim Hussein (Captain Shatta), Directeur du développement du football
    Mlle Nevine Tahseen, responsable des programmes de développement
    M. Sherif Ahmed Abou El Enein, responsable du suivi du prgramme ‘contrat avec l’afrique’ et des opérations médicales

    M. Amr Shahin, Directeur du Marketing
    Sarah Mohamed El Gazzar, Assistante du directeur marketing

    Mlle Hend Thabet, Accueil

    Voici la composition de la CAF, tous les noms arabes sont des Egyptiens pour infos. Vous comprendrez maintenant pourquoi les Egyptiens sont performants lors de la CAN organisee par la CAF, et beaucoup moins lors des eliminatoires de la coupe du monde organisee par la CAF. Ca ressemble plus a un extension de la federation egyptienne de football qu’autre chose….

  5. Et il faut pas oublier que certaines grosses équipes africaines, qualifiées pour le Mondial, n’allaient pas se « tuer » pour remporter la CAN à quelques mois d’une compétition outrement plus importante. L’Egypte n’avait pas ce dilemme.

  6. +1
    Pour ceux qui ne l’ont pas encore lu, je vous suggère la lecture de « Carton Rouge » (le bien nommé…) d’Andrew Jennings. Celui-ci corrobore les dires de Gary quant au fléau Blatter, Hayatou & cie…

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