Grounding 2 : les Aviateurs cloués au sol

Jusqu’où iront les Genevois ? On n’oubliera certainement pas qu’il y a un an presque jour pour jour, ils donnaient une leçon de hockey dans la Fosse aux Ours avant de battre Zurich le lendemain. On connaît la suite du parcours. Cependant, certains éléments cette saison laissent envisager une issue différente. Où l’on commence timidement à murmurer le mot «titre» dans le hall des Vernets.

Pour ceux qui ne s’étaient pas déplacés à la BernArena, Genève-Servette leur a servi à peu de chose près le même scénario le lendemain aux Vernets. Un but évitable encaissé dès les premières minutes. Un 2e tiers équilibré et l’issue du match incertaine. Puis les Grenat, l’air de rien ou presque, forcent la décision dans le 3e tiers, parce qu’il ne faut pas déconner, non plus. Un but décisif de Yorick Treille et un puck poussé dans la cage vide par la ligne des Canadiens en guise de cerise sur le gâteau. C’est simple, le hockey.Autre point commun des deux matches : les Genevois devaient faire face à quelques uns des meilleurs marqueurs LNA : Simon Gamache et Sébastien Bordeleau côté bernois, Kimmo Rintanen et Domenico Pittis chez les banlieusards zurichois. Autant de joueurs qui tournent à un point et demi depuis le début de la saison, et même au-delà des deux points pour le Finlandais. S’ils ont pu par moments montrer l’étendue de leur talent, ils sont restés quasiment absents du tableau de marque, si l’on excepte un pauvre deuxième assist pour Bordeleau. Le Franco-Canadien préféra d’ailleurs se concentrer sur sa deuxième spécialité, soit les coups portés par derrière.


Photo © Philippe Rayroud

La raison de ce mutisme ? Il est essentiellement dû à l’énorme travail abattu par les checking lines. Les noms de Jan Cadieux, Morris Trachsler (totalement déchaîné sur cette double confrontation), Paul Savary, Mike Knoepfli ou Chris Rivera (qui avait des choses à se faire pardonner) reviennent rarement quand il s’agit d’expliquer le succès des Aigles en ce début de saison. Ils effectuent pourtant avec abnégation une tâche essentielle mais ingrate, puisque totalement invisible sur la feuille de statistiques, nouvelle déesse du hockey moderne. Mais c’est bien les kilomètres qu’ils avalent pour museler les meilleurs joueurs adverses qui confèrent cette incroyable solidité à l’équipe.
Toutefois, la principale différence avec la saison passée se situe ailleurs. Samedi, entre l’ouverture du score des Aviateurs et l’égalisation, Genève-Servette squatte la zone offensive. Mais la maladresse à la conclusion et un Rüeger en grande forme rendent cette domination stérile pendant plus de 20 minutes. Assurément frustrant. Mais personne ne va s’affoler, chercher à sauver l’équipe tout seul ou perdre son calme. Au contraire, les schémas continuent d’être patiemment appliqués. Pour finir par cueillir la récompense qui vient à qui sait attendre, et a les nerfs pour. C’est sans doute terriblement rébarbatif pour l’observateur neutre, mais c’est diablement efficace.
Autre exemple de cette sérénité, vendredi. Il reste environ une minute à jouer, et les Grenat mènent d’un but. Or, Laurent Meunier se retrouve en position de tir. Contrairement à un fameux footballeur de ses compatriotes un soir de 1993, il aura l’intelligence et le sang-froid pour aller conserver le puck une bonne trentaine de secondes au fond de la zone, retardant ainsi la sortie de Marco Bührer.
Luxe suprême, même Robin Breitbach n’a pas été mauvais, et Bezina a réussi ses relances. Seul bémol, un Horak très peu inspiré dans ses – curieusement nombreuses — escapades offensives. On se gardera toutefois de trop l’accabler, puisqu’il semble clairement n’être pas totalement rétabli de sa blessure au dos. On s’étonnera juste qu’il prenne tant de risques dans ces conditions.
Ce genre de week-end est bien sûr euphorisant. À tel point que les fans genevois commencent à s’entrevoir un destin national. Alors on dira que nous n’en sommes qu’au quart du championnat, et qu’une trajectoire façon Rappi des grandes années est encore possible. Ou encore que Berne — surtout quand il évoluera à cinq étrangers — et Davos ont un effectif un bon ton au dessus. Mais au vu des points exposés ci-dessus, cette belle équipe a certainement un gros coup à jouer.

Résumés du week-end

Berne – Genève-Servette 4-6 (1-1 3-2 0-3)
BernArena: 14’856 spectateurs.
Arbitres : Marcus Vinnerbourg ; Adrian Sommer, Reto Stäheli.
Buts : 2’52 Reichert (Steinegger, Bordeleau) 1-0, 11’18 Law (Wright) 1-1, 22’54 P. Bärtschi (B. Gerber / 5 contre 4 / surnombre, purgé par Law) 2-1, 23’28 Aubin (Rytz, Keller / 5 contre 4 / B. Gerber) 2-2, 24’20 Mercier (Breitbach) 2-3, 27’17 P. Bärtschi (Berglund, Dom. Meier) 3-3, 37’00 Dan. Meier (Th. Ziegler, Raffainer) 4-3, 49’19 Bezina (Keller, Aubin) 4-4, 54’06 Treille (Fedulov) 4-5, 59’55 Aubin (Law / cage vide) 4-6.
Berne : Bührer ; B. Gerber, Steinegger ; Jobin, Söderholm ; Dom. Meier, Kobach ; R. Ziegler ; Berglund, Dubé, Gamache ; P. Bärtschi, Bordeleau, Reichert ; Raffainer, Th. Ziegler, Rüthemann ; Dan. Meier, C. Camichel. Absents : Rötheli et P. Furrer (blessés).
Genève-Servette : Mona ; Bezina, Mercier ; Keller, Gobbi ; Breitbach, Rytz ; Horak, Schilt ; Wright, Aubin, Law ; Treille, Meunier, Fedulov ; Déruns, Trachsler, Cadieux ; Knoepfli, Savary, Rivera. Absents : Grošek (prêt à Fribourg), Augsburger et Bonnet (surnuméraires).
Pénalités : 6 x 2′ + 10′ (Steinegger / bagarre) contre Berne, 11 x 2′ + 10′ (Gobbi / bagarre) contre Genève-Servette.
Notes : 24’20 Temps mort pour Berne. 59’25 Marco Bührer cède en désespoir de cause sa place à un attaquant supplémentaire, mais pas pour très longtemps.

Genève-Servette – Kloten 3-1 (0-1 1-0 2-0)
Patinoire des Vernets : 5’359 spectateurs.
Arbitres : Brent Reiber ; Matthias Kehrli, Reto Stäheli.
Buts : 2’25 Wick (Hofer, Ehrensperger) 0-1, 25’25 Law (Bezina, Aubin / 5 contre 3 / Pittis, Hamr) 1-1, 46’56 Treille (Cadieux, Mercier / 5 contre 4 / Kellenberger) 2-1, 58’50 Wright (Aubin / cage vide) 3-1.
Genève-Servette : Mona ; Bezina, Mercier ; Keller, Gobbi ; Breitbach, Rytz ; Horak, Schilt ; Wright, Aubin, Law ; Treille, Meunier, Fedulov ; Déruns, Trachsler, Cadieux ; Knoepfli, Savary, Rivera. Absents : Grošek (prêt à Fribourg), Augsburger et Bonnet (surnuméraires).
Kloten : Rüeger ; Hamr, von Gunten ; Klöti, Brimanis ; Hofer, Schultess ; F. Stephan, Grossmann ; Rintanen, Pittis, Lindemann ; D. Brunner, Herperger, Rothen ; Lemm, Jenni, Bühler ; Wick, Kellenberger, Ehrensperger. Absents : Fabian Guignard (blessé) + l’assistant Felix Hollenstein, retenu par une exposition de chiens. (Si si.)
Pénalités : 4 x 2′ contre Genève-Servette, 10 x 2′ contre Kloten.
Notes : 25’11 Temps mort pour Genève-Servette. 58’07 Temps mort pour Kloten. Ronnie Rüeger quitte son but pendant les 43 secondes qui suivent.

Écrit par Yves Grasset

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