Cannavaro, tout un symbole…

Quitte à en énerver plus d’un, à me mettre toute la rédaction de Carton Rouge à dos, à dégoûter les amoureux du beau jeu, je vais le crier haut et fort : oui, Cannavaro mérite son Ballon d’Or !

Je vois déjà les critiques fuser à mon encontre : «T’es malade ou quoi ?! Henry a joué deux finales dans l’année, Ronaldinho et Eto’o ont gagné deux titres, Zidane est magique, Cyril Rool revient en forme, Petric tient le FCB à bout de bras, Streller a joué un match, Esteban a signé à Rennes !…» Bref, tous ces arguments peuvent être avancés pour affirmer que Cannavaro est au Ballon d’Or ce que Federer est au Pigeon d’Or. Mais je persiste et signe !

Oui, monsieur, sûr de moi ! Et tellement,
Qu’en ferraillant, Je vais – hop ! – A l’improvisade,
Vous composez une ballade !
(Cyrano de Bergerac, d’Edmond Rostand)

Henry est au football, ce que je suis aux paris
Toujours placé, jamais gagnant
Une finale par là, une finale par ci,
Mais au final, toujours perdant
Ronaldinho ? Oui, un génie !
Son talent n’a d’égal que son sourire,
Mais au moment où l’on a besoin de lui,
Le Brésil nous fait mourir de rire
Eto’o, cette perle noire,
Qui avec le Barça gagna de nombreux trophées,
Accabla son ami Wome, brêle notoire,
D’avoir raté un penalty qui les aurait qualifié
Le magicien Zidane, qui en deux finales,
Fit passer sa tête dans l’histoire :
Deux sur corner, une sur ceinture abdominale,
N’a aujourd’hui, plus que de l’Evian à boire
Le meilleur des gardiens de but,
Buffon pour vous le nommer
Se mêle aujourd’hui à une triste lutte
Celle de finir premier de Série B.
Bon, d’accord, je n’ai pas le talent de Rostand pour écrire des rimes, mais reconnaissons que le football est tout de même moins inspirant que l’amour ou l’héroïsme pour composer des vers !
Oui, je trouve que la nomination de Fabio Cannavaro est méritée. Je m’explique. Après une année durant laquelle le football a beaucoup perdu de crédibilité (scandales à foison, Calciopoli, Coupe du Monde ennuyeuse, coup de boule, mort de supporter, blessure de pompier, arbitrage de cour de recrée…), il est normal que ce soit un défenseur, exhibant fièrement par le passé son sourire ravageur durant une prise de dopant, dépossédé de son titre de champion d’Italie pour tricherie, qui remporte ce trophée ! Tout un symbole !

A mon sens, le Ballon d’Or n’aurait tout simplement pas dû être désigné cette année ! Quand on voit tous ces noms, ces Van Basten, Gullit, Baggio, Ronaldo, Zidane qui nous ont tant fait rêver, à jamais gravés sur le palmarès de cette récompense, on se demande si 2006 en méritait vraiment un. Mais prenons le bon côté de la chose : le nom de Cannavaro, associé à l’année 2006, nous rappellera toute notre vie que vraiment, cette année-là, on s’était sacrement ennuyé devant notre télé… Alors bravo et merci à Cannavaro, défenseur central sans grande folie, de symboliser mieux qu’un long discours cette triste année footballistique !

Écrit par Eric Laurent

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