Quel match ? Tabernacle !

Le 13 janvier de cette nouvelle année, me voilà rendu à la capitale, Berne (moi qui croyais que c’était Genève ou Zurich) pour assister au game entre le Berne et le Davos.

En premier lieu, j’avoue avoir été surpris par la taille de cette patinoire et par le monde fou qui s’y retrouve, supposément à chaque rencontre.Le mur, face aux bancs des teams, est réellement impressionnant et les cris guerriers qui en émanèrent durant la partie m’ont fait frémir. Enfin, jusqu’à la 26ème minute de jeu…
En effet, on entend bien les «S Tsé Bé» scandés par les partisans, sur le rythme de nombreux batteurs de tambourins, tant que tout espoir n’est pas perdu. Après ça, j’ai surtout vu et entendu les Davosiens faire la fête. A ce sujet, d’ailleurs, je me suis retrouvé dans la peau d’un allophone, totalement incapable de communiquer, lorsque je fus apostrophé par un fan bernois portant le maillot du Canadien (comme moi) qui me lança un vague, mais net et précis :
«Wöshte chum stiffagen gaage ?» (*)
Ou quelque chose de cet ordre-là. J’ai alors essayé de m’excuser de ne pas le comprendre, ce qui se révéla une erreur humide.
D’une démarche ferme bien que peu sûre, il s’approcha de mon oreille et y cria :
«Der sturm kraffe gange Streit chumferstrafgrautigen !» (**) qui m’inonda jusqu’à l’oreille interne.
Je crus comprendre que ce jeune ours était partisan de Mark Streit. Par pure couardise, légèrement à contre-coeur, je reconnus la classe de ce joueur, tout en m’éloignant, dodelinant de la casquette en signe d’approbation.

Echaudé par mon oreille remplie de bave tiède, je décidais froidement de me stationner, pour le reste de la partie, du côté des partisans davosiens. Enfin, jusqu’à cette fameuse 26ème minute, accompagnée du troisième but du HC Davos et de la troisième douche de bière gracieusement offerte par ses fans, dont certains semblaient tout droit sortis de la Saskatchewan, tant il me sembla qu’ils eurent été plus à l’aise avec une hache dans une main et leur dernière récolte de céréales dans l’autre.
Je ne comprends vraiment pas ce qui retient la ligue suisse d’imposer à ses clubs partenaires plus de confort dans les stades, en se basant peut-être sur l’Amérique du Nord (ce qui se voit de mieux en la matière), avec des sièges agréables qui empêchent ce genre de débordements.
Bien qu’ayant manifesté légèrement mon mécontentement, je dus à nouveau m’éloigner, agressé que je fus par un langage que même Goethe n’approuverait aucunement. C’est qu’on sent encore les peuples barbares ayant mis fin à l’empire romain, de ce côté-là de la Suisse !
Vous avez tout de même de la chance, vous autres, Suisses-Français, de parler la langue de nos ancêtres les Gaulois, au même titre que nous autres, Québécois.
Enfin ! Revenons-en au sport… Et dire que l’on m’avait présenté le club de votre capitale comme le plus grand prétendant au titre national. Malgré des joueurs de la trempe de Bordeleau , Dubé, Gamache ou Landry, cette équipe s’est fait danser sur le bidon toute la partie durant. J’ai comme l’impression désagréable qu’avec si peu de bons joueurs suisses pour soutenir ces Québécois, la saison du Berne va se terminer précipitamment. Bien entendu, il faut retenir la classe, le talent de certains joueurs de Davos, tels que Leblanc et Daigle, qui se sont bien amusés lors de cette rencontre, avec l’aide de leurs coéquipiers. Enfiler six buts au prétendant au titre, c’est tout de même fort. J’ai comme l’impression que la personne qui m’a indiqué le Berne comme équipe terrifiante s’est bien moquée de moi. Pensez donc ! Ils ont joué 22 minutes en supériorité en ne réussissant à marquer qu’un seul misérable but (chanceux) dans cette situation, alors que l’autre team s’est illustrée dans ce domaine, en marquant trois fois sur six power-plays !

Puisque je parle de pénalités, j’aimerais revenir brièvement à ce que j’écrivais dans ma première chronique…

Comme pour confirmer ce que j’y écrivais, il semble que le hockey de votre pays manque de «gosses» ! On voit toujours autant de mauvais coups non-punis et trop de magnifiques mises en échec sanctionnées par des heads qui ont dû se tromper de caleçons le matin et réagissent à la compression de leurs objets par des sifflements mal à propos. Ils n’ont vraiment pas la lumière à tous les secteurs. Vous voulez des exemples ? Soit.
Quand on voit Leblanc être puni de 2+ 2+ 10 minutes pour avoir légèrement chatouillé un adversaire, ou Khavanov se faire sanctionner pour un «check par derrière» ( !) alors qu’il disputait le puck à son vis-à-vis, on comprend pourquoi il serait nécessaire d’enseigner les vraies règles au corps arbitral de votre pays, celles de la LNH. Personnellement, dans les deux cas, j’aurais sanctionné les adversaires d’une bonne simulation bien sentie !
Malgré tout, ce fut un réel plaisir de revoir enfin évoluer Alexandre Daigle. Ce joueur à qui l’on promettait monts et merveilles et qui doit se contenter des monts de Davos, à défaut des sommets d’une ligue plus relevée que celle-ci, qu’on lui a interdit d’atteindre pour de basses raisons extra-sportives. A défaut de grives, on mange des Berne.
Quelle injustice pour lui, mais quel bonheur pour les partisans suisses que de voir évoluer un tel joueur dans son championnat.
A bientôt pour de nouvelles aventures.
Frank LeDoublon
(*) Je suis dans l’incapacité de proposer une transcription correcte de cette phrase, désolé.
(**) Idem 1

Écrit par Frank LeDoublon

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