Youzhny et ses supporters attendent Federer en finale

Youzhny – Federer, c’est l’affiche de la finale du tournoi de Dubaï ! Les deux joueurs restent sur une série de victoires impressionnante (9 pour le Russe et 40 pour le Suisse !) et s’affronteront demain pour la neuvième fois de leur carrière. Première mauvaise nouvelle pour Youzhny : Rodgeur mène pour l’instant 8-0… Deuxième mauvaise nouvelle : le Bâlois est en train de monter en puissance dans ce tournoi !

Mikhail Youzhny, la surprise du tournoi, accède donc à sa deuxième finale consécutive après Rotterdam. Très affûté, le Russe de 24 ans était largement supérieur à un Robin Soderling aussi démonstratif qu’un piquet de slalom spécial en demi-finale. Une trentaine la veille face à Nadal, les supporters russes étaient près de soixante aujourd’hui ! Toujours aussi bruyants et probablement encore imbibés de l’alcool de la veille, ils ont de nouveau réussi à égayer la partie, enchaînant encouragements, chants, klaxons et… rôts de bière ! Seront-ils assez nombreux pour déstabiliser le maître demain soir ? A moins de convoquer les chœurs de l’armée rouge et Boris Elstine en renfort, j’en doute fortement ami lecteur…


Une petite partie des supporters russes…

A la traditionnelle conférence de presse d’après-match, Youzhny avouera adorer cette «ambiance de Coupe Davis et vouloir tout faire pour rendre ses compatriotes heureux». Sur le court, le récent lauréat du tournoi de Rotterdam n’a cessé de jouer le jeu, brandissant le poing, hurlant, cherchant continuellement le contact avec ses fans de plus en plus excités ! On a retrouvé cette semaine le Youzhny qu’on avait découvert un dimanche après-midi sur France 2 : sous nos yeux ébahis, ce joueur encore inconnu avait en effet réalisé son plus bel exploit le 1er décembre 2002 lors de la finale de Coupe Davis France – Russie. Face aux 16’000 Français de Paris-Bercy, face à la grande gueule de Guy Forget et face au mental de majorette de Paul-Henri Mathieu, Youzhny offrait le point de la victoire à la Russie dans un cinquième match d’anthologie ! Mené 2 sets à zéro, il avait trouvé la force et le courage pour revenir au score et passer l’épaule sur la terre battue parisienne. C’est donc non sans un certain plaisir que nous avons re-découvert à Dubaï ce joueur de tempérament, attachant et très spectaculaire.
Derrière le micro, Youzhny affichera d’abord sa timidité avant de se laisser aller devant le parterre de journalistes. A la question : «Si tu joues Federer demain en finale, quelle sera ta tactique pour le battre ?» Le Moscovite rétorque en rigolant : «Mais je ne sais pas comment battre Rodgeur ! Aidez-moi svp ! Montrez-moi comment le battre car quand je suis face à lui sur le court, je ne sais pas quoi faire !» La salle est morte de rire, lui aussi !

Une kalachnikov pour battre Rodgeur !

On évoque ensuite son fameux salut «militaire», l’une de ses marques de fabrique. Un journaliste américain badine : «Mikhail, si tu gagnes la finale demain soir, tu pourrais mettre un habit de miliaire soviétique et prendre une kalachnikov en faisant ton salut ?» Le Russe se marre : «Chiche ! Si tu m’amènes une kalachnikov sur le court, je le fais ! Et si je tire sur Rodgeur, j’ai peut-être une chance de le battre !» La salle est pliée en quatre, nasdarovia Mikhail !
Tommy Haas, lui, se demande probablement encore de quoi il aurait eu besoin pour battre le maître aujourd’hui. Deux raquettes ? Trois jambes ? Cinq poumons ? Son clone ? L’issue du match semblait inéluctable dès le premier coup de raquette et accessoirement le premier point gagné par le Bâlois. Concentré, appliqué, «dans son match», Rodg a abordé ce choc face à Tommy Haas comme il en a l’habitude. Et… comme d’habitude, il a gagné. Sans trembler, ou si peu. A partir du moment où médias et spectateurs font monter la sauce, où l’enjeu devient important, Rodgeur endosse sa combinaison d’extraterrestre et met tout le monde d’accord, ses adversaires en premier.
On a dès lors assisté à un match dont le nom du vainqueur ne laissait planer aucun doute. On regrettera un peu ce manque d’émotions d’un côté comme de l’autre. Si Soderling fait penser à un piquet de slalom spécial, Tommy a autant de charisme qu’un tube de mayonnaise du même nom ! (désolé…) Ce n’est pas lui qui brandira le poing en hurlant «come on !», balancera sa raquette de rage ou baissera son short comme un Safin à Roland Garros !


Photo © Dubai Tennis Championships

De son côté, Rodgeur a été fidèle à son image : tranquille, serein, cool. Tout juste exprimera-t-il sa joie en levant les bras après avoir gagné un point incroyable. Il sait, quelle que soit la situation, resté classe, très classe. Avec dix titres du Grand Chelem, un record de 161 semaines consécutives en tant que no 1 mondial et une série de 40 victoires d’affilée, comment lui demander de s’émouvoir pour une demi-finale d’un tournoi ATP ? Les pétées de plombs, les raquettes détruites, les insultes aux arbitres, les coups de folie, il les laisse aux autres. Lui a décidé de s’occuper des records et de construire sa légende. Il ne va pas changer et c’est tant mieux.
On retiendra également de cette soirée de «tennis-champagne» ce stade plein comme un œuf, cette belle ambiance, ces nombreux drapeaux suisses, ce Federer retrouvé et ces quelques points magiques, tels que le coup entre les jambes à la Noah réussi par l’Allemand à 5-4 dans le deuxième set. Le public a adoré, Tommy Haas a souri, c’était Noël à Dubaï ! Dans ce même jeu, Haas se procure une balle de set mais rate sa chance. Dans le jeu suivant, Rodg hausse le ton et mène rapidement 0-40 ; il breake facilement à sa deuxième tentative sur un retour de coup droit croisé. Et conclut sur son service sans trembler : il vient de se qualifier pour sa cinquième finale consécutive à Dubaï, la 60ème de sa fabuleuse carrière. Ca semble si facile…          
   
Je regarde ma montre, il est 22h30 et cet article est plié ! Sur ma droite, mes deux compères sont plongés dans leur papier, le deadline approche ! «Tranquille, me disent-ils, encore un paragraphe et la journée de travail est terminée ! Rendez-vous dans 30 minutes à l’Irish village Marco !» Journaliste sportif, tu es sûr que c’est un métier rémunéré ? 

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