Coupet et Carrasso héros du duel des Olympiques

Lyon – Marseille c’est avant tout un duel de prestige entre le meilleur club français des années 2000 et son prédécesseur des années 1990. Entre le club le plus populaire de l’Hexagone (l’OM) et celui qui aspire désespérément à le devenir. Parce qu’au niveau du classement, ce match phare de la 28e journée du championnat de France n’a qu’une importance toute relative : Lyon est assuré de son sixième titre de champion de France consécutif et n’a plus qu’un match à enjeu d’ici la fin de la saison : la finale de la Coupe de la Ligue contre Bordeaux.

Quant à Marseille, comme chaque année à pareille époque, il espère vaguement retrouver la Ligue des Champions mais finira comme d’habitude en Coupe Intertoto. Quelque part, cela arrange les dirigeants phocéens qui, la saison prochaine, lorsque leur club aura déjà 16 points de retard sur Lyon après cinq journées, pourront prétexter une nouvelle fois «les fatigues de la Coupe Intertoto».Lyon – Marseille, c’est aussi une histoire de revanche car les deux formations ont brisé un rêve de leur rival cette saison. Après un début de championnat honorable, Marseille rêvait de venir contester la suprématie de l’OL en recevant les Gones au Vélodrome lors de la 10e journée. Nonante minutes et quatre buts lyonnais plus tard, le champion de France 2006-2007 était connu. L’OM prendra sa revanche fin janvier, toujours au Vélodrome, en infligeant à Lyon son premier gros couac de la saison, en Coupe de France. Les Marseillais coupaient court aux rêves lyonnais de quintuplé historique (en comptant l’anecdotique trophée des champions) grâce à deux buts dans les cinq dernières minutes d’un match qui avaient pourtant été largement dominé par les hommes de Gérard Houiller. Lequel n’a d’ailleurs toujours pas encaissé : «Il y a beaucoup de choses que je n’ai pas digérées lors de l’élimination en Coupe de France. Je ne suis pas amnésique. Je parlerai donc plutôt de mise au point. On est chez nous à Gerland. Il faut se souvenir de ce que l’on a souffert avant, pendant et après la rencontre. Je compte sur nos supporters pour être inconditionnels mais également intelligents.» C’est donc bien une belle qui se joue dans un stade de Gerland comble.

Autre enjeu de cet OL-OM, la deuxième place du grotesque championnat de France des tribunes. Tu ne connais pas ? C’est la trouvaille des dirigeants du foot français pour donner de l’intérêt à un championnat qui en manque cruellement : un classement des meilleurs supporters. Sauf que ce classement est aussi peu serré que le vrai championnat de France, puisque très largement dominé par les supporters de Saint-Etienne. Les seuls fans pouvant contester la domination stéphanoise, ceux de Marseille, sont pénalisés par le règlement qui enlève des points à chaque incident provoqué par les supporters. Du coup, les Marseillais en sont réduits à lutter contre Lyon pour la deuxième place de ce classement tout de même doté de quelque dizaine de milliers d’euros. Les supporters lyonnais marqueront sans doute des points lors de cet OL-OM grâce à un magnifique tifo couvrant presque tout le stade, classique mais efficace ; en revanche, au niveau des chants et des encouragements, ce ne sera pas ça. Le kapo du virage nord aura beau sermonner ses ouailles durant tout le match, l’ambiance ne parviendra jamais, comme trop souvent à Gerland, à décoller.
Les deux formations n’abordent pas ce duel entre Olympiques dans une forme… olympique. Marseille reste sur une peu reluisante série de deux points en six matches avec un seul but marqué. A Lyon, il plane une atmosphère de fin de règne ou, à tout le moins, de fin de cycle, depuis l’élimination contre la Roma. Le capitaine Juninho a laissé entendre que sa sixième saison à Gerland serait aussi la dernière. Annoncé sur le départ, Houiller a lui assuré qu’il allait rester et promis des bouleversements dans l’effectif à l’entresaison. Des rumeurs inhabituelles dans un club qui a bâti ses succès sur la stabilité et la continuité.

Gérard Houiller a quelque peu remodelé son équipe après le couac européen, en changeant toute sa ligne d’attaque, si empruntée contre les Italiens (Wiltord, Baros et Benzema pour Govou, Fred et Malouda). Autre changement notoire : maillon faible de la défense lyonnaise à Saint-Etienne une semaine auparavant et surtout en Champion’s League contre la Roma, Anthony Reveillère cède (enfin, mais sans doute trop tard) sa place à François Clerc au poste de latéral droite. L’international français se mettra en évidence en adressant le premier tir du match (9e), puis en étant à l’origine d’une belle action Wiltord-Tiago, obligeant Carrasso à la parade. Il faudra un immense cadeau de la défense marseillaise, via une relance dans l’axe de «pieds carrés» Civelli, pour permettre à Lyon d’ouvrir le score, grâce à une magnifique frappe de Milan Baros. Entreprenant et dynamique, Lyon joue bien et domine largement les débats. Benzema (31e) et Juninho (35e), sur coup franc, verront leur frappe passer à quelques centimètres du poteau.
A ce moment-là du match, on ne donnait pas cher des chances de Marseille, incapable d’aligner trois passes consécutives. Malgré tout, les Phocéens se créeront deux belles possibilités d’égaliser, sur une tête de Cissé superbement détournée par Coupet (28e) et sur un essai de Maoulida, toujours de la tête, qui a flirté avec la barre d’un portier lyonnais battu en la circonstance (33e). On n’était plus revenu à Gerland depuis un époustouflant Lyon – Real Madrid en septembre, où les Gones avaient réussi une formidable démonstration de football (il est vrai facilitée par la nullité absolue de la charnière centrale merengue Cannavaro – Sergio Ramos). Force est de constater que ce n’est plus tout à fait le même Lyon en ce mois de mars. Comme chaque année, les Rhodaniens sont arrivés en forme trop tôt dans la saison. On s’étonne que le président Aulas n’ait pas encore dénoncé le complot international qui fait jouer la Ligue des Champions sur un mode automne-printemps et non sur un mode de type scandinave printemps-automne, qui permettrait à son équipe d’aborder les échéances européennes décisives au meilleure de sa condition.

Car, après trente-cinq premières minutes de très belle facture, Lyon va tomber dans une attitude minimaliste et suffisante, la qualité du match va descendre de quelques crans. Deux coups francs de Juninho détournés par Carrasso (62e, 77e) et une occasion immanquable ratée par Wiltord (tir sur le poteau alors que le but était vide, 60e) seront les seules occasions lyonnaises de la 2e mi-temps (avant les arrêts de jeu). Sans génie, avec plus d’abnégation et de volonté que de talent, l’OM va revenir dans le match. Niang ne parvient pas à cadrer sa frappe (74e), alors que Coupet effectue deux parades difficiles sur des coups de tête de Niang (73e) et Cana (85e) consécutifs à des corners. Et finalement, ce qui devait arriver arriva : à trois minutes du terme, une déviation géniale de Cissé (si, si, je t’assure) permet à Niang de se retrouver seul devant Coupet qu’il élimine proprement pour aller égaliser dans le but vide. Ce joli but amène une fin de match complètement folle : quelques instants après son but, Niang se retrouve dans une position identique mais cette fois son crochet pour éliminer Coupet est un peu long et permet le retour en catastrophe de Squillaci. Piqué au vif, Lyon réagit et dans les arrêts de jeu, Baros arrivera deux fois seul devant Carrasso, qui parviendra à préserver le point du match nul.
Au final, ce duel des Olympiques, bien que de qualité inégale, a été plaisant à suivre et fertile en occasions de but. Dans ce contexte, les deux gardiens, Grégory Coupet et Cédric Carrasso, sont les deux héros du match. Même si Lyon a présenté un volume de jeu sensiblement supérieur, ce Marseille courageux et volontaire n’a pas volé son point. D’ailleurs, les deux entraîneurs se montreront satisfaits avec ce match nul qui permet aux deux formations de se rassurer quelque peu après leurs récentes déconvenues. Et puis, des deux côtés, l’honneur est sauf : avec une victoire chacun et un nul, les deux Olympiques du football français n’auront pas réussi à se départager cette saison. Pour conclure la soirée en beauté, nous aurons même le bonheur de retrouver notre voiture là où on l’avait laissée et intacte, ce qui n’avait rien d’évident, sachant qu’elle était garée à proximité de Vénissieux et qu’elle arborait malencontreusement un autocollant de l’AS Roma.

Lyon  – Marseille 1-1 (1-0)

Gerland : 38’930 spectateurs (guichets fermés).
Arbitre : M. Kalt.
Buts : 20e Baros (1-0), 87e Niang (1-1).
Lyon : Coupet ; Clerc, Cris, Squillaci, Abidal ; Wiltord (72e Malouda), Tiago, Juninho (79e A. Diarra), Toulalan, Benzema (82e Kallström) ; Baros.
Marseille : Carrasso ; Beye, Civelli (83e Arrache), Zubar, Taiwo ; Niang, Cana, Nasri, M’Bami (63e Valbuena), Maoulida (63e Pagis) ; Cissé.
Notes : avertissements à Civelli (54e) et Valbuena (90e). Lyon au complet, Müller sur le banc, Caçapa, Ben Arfa, Fabio Santos et Berthod surnuméraires. Marseille sans Ribéry, Rodriguez ni Oruma (tous blessés).

Écrit par Julien Mouquin

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