Barcelone – Real Madrid, un classico de folie

Au moment de prendre l’avion à Genève nous ne sommes pas encore certains d’entrer dans le Nou Camp. Les billets que nous pensions avoir acquis ont été refilés à plus offrant que nous et on essaie de se consoler en se disant que ce classico ne sera pas un grand match et qu’on ne regrettera pas d’avoir manqué ça…

Barcelone, Catalogne, 20h00 samedi 10 mars 2007. La Rambla est pleine à craquer. Les gens vont et viennent, certains sortent déjà ivres des bars, d’autres achètent d’ultimes souvenirs. Pour notre part, il est temps de sauter dans un taxi et de prendre la direction du stade. La circulation est impressionnante est notre brave chauffeur se sent tout désolé de devoir nous déposer à plusieurs centaines de mètres du stade. Notre pas est décidé, il faut jouer malin et trouver des places. On est trois, ça va pas être de la rigolade. Finalement, la chance est avec nous et le deal se fait rapidement pour un prix tout à fait correct pour trois places éparpillées au premier anneau de l’imposant stade. On se tape sur l’épaule, «bon match et rendez-vous ici juste après».  C’est notre premier classico. On aurait pu tomber plus mal. L’hymne du Barça retentit et est repris par les 97’823 spectateurs présents. Le Nou Camp c’est quelque chose. Les deux équipes de légende entrent sur le terrain et tu n’as pas besoin de supporter l’une ou l’autre équipe pour être ébahi par ce moment là, le football comme ça : tu en redemandes, tu le remercies, tu le vis et tu l’aimes !
Les deux géants du championnat espagnol ont quitté la scène européenne durant la semaine et ce match au sommet sent l’opération rachat des deux côtés. Pire encore pour le Général Capello : il sent carrément la dernière chance. Au vu de leurs récentes prestations, les absences de Roberto Carlos, Cannavaro et Reyes ne sont pas dramatiques ; celle de Beckham l’est un peu plus tant l’Anglais avait repris vie au sein de la maison Merengue. Du côté des Catalans, Frank Riijkard doit se passer de Zambrotta et Giuly, alors que Ronaldinho, annoncé durant quelques temps incertain, tient finalement sa place.

22h00. Le spectacle commence. On joue depuis à peine cinq minutes et un centre d’Higuain côté gauche est mal négocié par Thuram dont la déviation finit dans les pieds de Van Nistelrooy, le Néerlandais est fidèle à sa réputation et ouvre le score en trompant Victor Valdes du plat du pied dans un silence digne d’un enterrement. Vexés, les Blaugrana partent à l’attaque et trouvent rapidement l’égalisation du pied gauche de Lionel Messi, bien décalé par Eto’o. Pas le temps de savourer que le ballon est déjà dans les pieds du très bon Guti, crochet intérieur, ça va vite, trop vite, pour Oleguer qui doit faire faute, l’arbitre dicte justement le point de penalty et avertit le défenseur. Van Nistelrooy double aisément son compteur du soir, affiche son nom sur la liste des marqueurs pour la 14ème fois de la saison, et redonne l’avantage aux siens, 1-2. Tout juste 13 minutes se sont écoulées et nous avons déjà eu trois buts à nous mettre sous la dent.
Barcelone se reprend rapidement et remet le bleu de travail, le stade se lève, Eto’o oublie Messi seul au centre et bute sur Casillas, ça va venir. 28ème minute, Deco récupère le ballon et d’un coup de rein passe le premier rideau, donne à Eto’o qui décale Ronaldinho côté gauche, re-accélération, la défense vacille, Casillas repousse, mais Messi passe par là et du pied gauche encore catapulte le cuir sous la latte… 2-2, le stade explose ! Même si le placement des défenses laisse à désirer, le niveau technique est de grande qualité et c’est du football comme on aimerait en voir chaque week-end. Le lutin Argentin manque le 3-2 avant la pause en voulant tirer au premier poteau et remet ses projets de triplé à plus tard. Son coéquipier Oleguer quant à lui ne finit pas la mi-temps avec ses camarades en se faisant justement expulser par Monsieur Alberto Undiano Mallenco pour une méchante et stupide faute sur l’excellent Argentin Gago, sorte de futur Redondo.

Première mi-temps de haut vol. Un régal pour les yeux. Mais le Barça réduit à dix joueurs aura de la peine à développer son jeu face à ce Real là. Preuve en est, la sortie de Eto’o pour Silvinho durant la pause, Riijkard n’a pas le choix. Capello de son côté flaire le bon coup et fait entrer à l’heure de jeu le véloce Robinho pour un Raul très discret. Barcelone peine à se procurer des occasions et l’arbitre peine lui à sortir ses cartons pour des fautes madrilènes qui freinent sans cesse les bonnes intentions Blaugrana. Le stade gronde et les mouchoirs blancs à destination de l’arbitre s’agitent. Ce qu’on pressentait arriver se produit à 20 minutes de la fin. Un coup franc frappé du pied gauche par Guti trouve la tête de Sergio Ramos et bat Victor Valdes par ailleurs excellent et décisif durant cette rencontre. Une nouvelle fois la Maison Blanche reprend l’avantage sur le terrain de son meilleur ennemi et on ne donne à ce moment là pas grand-chose des chances catalanes. Les socios commencent à quitter le stade durant les arrêts de jeu et regretteront certainement longtemps d’avoir choisi cette option là. Une énième passe de Ronaldinho trouve Lionel Messi, le gamin intercepte la balle et file à la vitesse du son tromper une troisième fois Iker Casillas, du pied gauche bien entendu. Tout le stade respire un peu mieux et se prosterne devant la nouvelle idole. Arrivé au Barça à 13 ans, dans un club qui a misé sur lui en finançant son traitement contre ses problèmes de croissance, Lionel Messi a marqué ce classico de son empreinte, celle d’un futur géant.

Il est temps pour nous de quitter le stade et de se retrouver pour partager nos impressions respectives. Si comme dans toute bonne discussion de foot les avis divergent parfois, on ne peut qu’être d’accord sur le fait que nous avons assisté à un match exceptionnel. L’euphorie nous mènera très loin dans la nuit barcelonaise, bien plus loin que ce que nous avions imaginé en décollant le matin de Genève, mais certainement beaucoup moins loin que la planète sur laquelle Lionel Messi et son pied gauche en or massif ont cultivé leur génie.
Gracias à Nico & Boss.

Barcelone – Real Madrid 3-3 (2-2)

Nou Camp : 97’823 spectateurs.
Arbitre : M. Alberto Undiano Mallenco.
Buts : 5e Van Nistelrooy 0-1 ; 10e Messi 1-1 ; 13e Van Nisterlooy (pénalty) 1-2 ; 28e Messi 2-2 ; 72e Sergio Ramos 2-3 ; 91e Messi 3-3.
Barcelone : Victor Valdes ; Oleguer, Thuram, Puyol ; Marquez (81e Gudjohnsen), Deco (71e Belleti), Xavi, Iniesta; Ronaldinho, Eto’o (46e Silvinho), Messi.
Real Madrid : Casillas ; Salgado, Segio Ramos, Helguera, Torres ; Gago, Diarra, Raul (61e Robinho), Guti (82e De la Red), Higuain, Van Nisterlooy.
Cartons jaunes : Oleguer 13e, 45e; Marquez 29e, Xavi 45e, Deco 52e pour Barcelone et Sergio Ramos 21e, Van Nistelrooy 44e, Diarra 67e, Salgado 71e, Gago 90e.
Carton rouge : Oleguer (2 jaunes) pour Barcelone.

Écrit par David Despont

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