LHC 2006/07 : nouvel échec teinté d’espoir

Et bis repetita ! Les partisans lausannois ont vécu une nouvelle désillusion puisque le club de leur cœur échoue au même stade que la saison passée face aux mêmes adversaires biennois. Derrière ce constat sportif plutôt amer se dresse un avenir annoncé des plus radieux. Le LHC s’est enfin trouvé des investisseurs dignes de ce nom.

Certes, ces derniers ont mis un temps infini à se présenter et ont réclamé le contrôle complet de l’actionnariat du club. Si la démarche a éveillé quelques soupçons de nature toute vaudoise chez les supporters, ceux-ci ont probablement été rassurés par les premières signatures annoncées par le néo-management de l’organisation lausannoise. La reprise du Lausanne HC s’est donc faite discrètement, loin des regards. La direction générale du club se faisant même un malin plaisir à diriger les journalistes, de la RSR à Carton Rouge, sur de nombreuses fausses pistes.Les Lions bénéficient désormais d’une structure digne de leur ambition. À tous les étages du club, les postes décisionnels requis pour faire fonctionner une organisation hockeystique sont dorénavant occupés par de vrais personnages de hockey. Tout ce tableau est rassurant et devrait permettre au Lausanne HC de finalement débuter une saison sans le moindre passif, une presque première en huit décennies d’histoire !
Si, à l’heure actuelle, une majorité des supporters est soulagée de ce renouveau, une question se pose tout de même : comment le LHC est-il passé si près de la faillite ?
Un petit retour en arrière s’impose. Après une saison catastrophique, le Lausanne HC est relégué au terme de l’exercice 2004-2005. À la suite de cette humiliante descente aux enfers, les dirigeants du club vaudois, alias le «Lei-Ravello Band»*, ont rapidement claironné que Bâle – bourreau du club de Malley pour l’occasion – serait  l’exemple à suivre afin de tenter et réussir une remontée immédiate.
Le Lausanne HC s’est pourtant rapidement retrouvé sans le moindre contrat signé, que ce soit avec des joueurs, entraîneurs ou encore sponsors. Dès lors, qu’a fait la direction du club à l’aube de sa nouvelle aventure en LNB ? Reconstruire ? Mettre en place une structure pour définitivement quitter le monde du semi-amateurisme dans lequel le Lausanne HC se morfond ? Evidemment non !


Heikki Leime, désormais à Sierre

Le sens commun aurait voulu, à l’image du soi-disant modèle bâlois, que la direction engage un directeur technique qui lui-même aurait choisi un entraîneur capable de mener une opération «commando» pour retourner dans l’élite. Mais pas selon le «Lei-Ravello Band» ! Au contraire, pour atteindre le Nirvana, la LNA, fermée selon le prétendant, le LHC se dote d’un entraîneur anonyme venu de Finlande, Heikki Leime, et d’une espèce encore inconnue en Europe : le «Directeur des opérations hockey», Eric Morin, une sorte de chimère entre un directeur technique et un assistant-entraîneur, bref un cahier des charges pour le moins large et flou, surtout quand ledit personnage possède une tendance à la cleptomanie** et l’aura d’une tranche de gouda…
Tout cela aurait pu fonctionner si les deux «professionnels» engagés avaient été placés dans un environnement dont ils connaissaient les particularités. Malheureusement pour eux, et pour les fans lausannois, les expériences précédentes des deux nouveaux «hommes forts» de Malley se résumaient à gérer un club dans un championnat où les deux finalistes déposent le bilan au terme de la saison, pour le premier, et à monter une équipe dans la mégalopole de Tramelan pour le second. En clair, on est bien loin, sur tous les plans, du tandem Schwarz – Runhke et on se demande encore ce qui a pu passer par la tête d’un président, de ses collègues administrateurs et de la pléthore de commissions «techniques» composées de soi-disant «experts» pour décemment penser qu’un club doté d’un tel organigramme pourrait connaître du succès.
Résultat de cette structure pour le moins originale ? 4 millions de francs engloutis et un président rapidement abandonné par sa «dream team» (démission au Conseil d’Administration, dissolution des «commissions») qui réécrit l’histoire à grands coups d’interviews lénifiantes. De quoi vous faire regretter Pierre Hegg… (mais rassure toi ami lecteur, pas Infotrak !).


Le magicien Pat n’a toujours pas de contrat…

En avril 2006, après ce nouvel échec, la marge de manœuvre du successeur du duo Morin-Waser est pour le moins ténue. D’autant plus lorsque le premier cité, bien «aidé» par un président omniprésent dans les coulisses, «commet» 70% du budget en salaires complètement surfaits pour la catégorie de jeu. Dès lors, le rôle occupé par Gérard Scheidegger devient difficile à tenir. Sous pression, le Biennois doit faire son possible pour tenter d’assainir le LHC, tout en promettant un avenir sportif nettement plus rose aux partisans. Une dichotomie qu’aucun dirigeant ne souhaiterait vivre.
L’essentiel du cahier des charges de l’ex-directeur commercial de Davos sera mené à l’abri des regards. Gérard Scheidegger va se concentrer sur la réduction du train de vie du club lausannois avec professionnalisme et succès. Il parvient tout d’abord à limiter la perte de l’exercice 2005-2006, avant de retravailler certains contrats de «l’ère Morin» en introduisant une part variable du salaire «au mérite». Un travail de l’ombre peu visible, mais qui a probablement prolongé le sursis du club.
Malheureusement pour le Seelandais, les limites du budget vont le forcer à se tourner vers un directeur technique très (trop) bon marché et plus vraiment au fait des particularités du nouveau hockey. Un poste que le directeur général exige pour doter son club d’une structure adéquate, mais qui paradoxalement ne permettra pas au LHC de se rapprocher du professionnalisme.
Paul-André Cadieux est engagé pour parfaire la construction de l’équipe. Las, il débute dès les premières déconvenues enregistrées par Heikki Leime, l’entraîneur au coaching anémique, par critiquer publiquement son homme de banc, sa philosophie et ses choix. Bel exemple de professionnalisme ! Quelques matches plus tard et une troisième humiliation sur ces terres – enregistrée de surcroît face à l’insipide HC Thurgovie –, Cadieux (qui n’en est pas à son coup d’essai) prend la place de l’autiste finlandais.


Cadieux, le nouveau boss du MOJU

Pourtant, «PAC» ne parvient pas à redresser la barre. L’équipe, qu’il avait composée avec son insignifiant «prédécesseur», reste des plus ordinaires. Pire, les performances du groupe sur la route tournent au ridicule avec une improductivité (quatre victoires hors de son chaudron !) qui fait pratiquement rater les séries aux Lions. Une nouvelle illustration que le bon marché coûte toujours trop cher.
Deux saisons après son retour au purgatoire, le LHC est donc au bord de la faillite. La faute au «Lei-Ravello Band» qui, s’il a eu le mérite de nous débarrasser de l’ubuesque Pierre Hegg et de son conseil d’administration semi-amateur, n’a pas été capable de faire preuve de modestie. L’intégralité des membres du conseil se sont vus dans la peau du EHC Bâle sans se rendre compte que le club rhénan représentait l’exception des relégués. Oublier le destin de la Chaux-de-Fonds, tombé en 2001 et qui a attendu 2007 pour retrouver un coin de ciel bleu ou encore celui de Coire condamné à être le perpétuel club ferme de Lugano ou de Davos, suivant les années, est une faute grave commise par des personnes indignes de la confiance placée en elles. A cette triste liste, il convient encore d’ajouter Herisau qui a disparu définitivement de la carte du hockey suisse suite à sa relégation de la catégorie reine.
Le bilan du Président Lei-Ravello est largement aussi mauvais que celui du très décrié Pierre Hegg. Mais, contrairement à l’ubuesque forain, l’avocat lausannois, qui a débuté son mandat de manière catastrophique, a compris qu’il n’avait pas les compétences et le charisme pour tenir ce rang. Au lieu de se comporter comme son prédécesseur et de se refermer sur un cercle de proches incapables, Robert Lei-Ravello va subitement avoir la lucidité de déléguer la quasi-totalité de son cahier des charges. La reprise du club est donc l’aboutissement de ce changement de philosophie. Au-delà des nouveaux moyens donnés au club, la soudaine sagesse du Président est probablement aussi une première, au même titre que l’assainissement réussi du club.
La reprise du LHC est donc désormais officielle. Le duo Halter – Lockett n’a finalement pas eu à dépenser une fortune pour s’approprier la formation de Malley. La présence de Jim Koleff est également une garantie supplémentaire de succès. Il occupe une place dans l’organigramme du club qui a trop souvent été ignorée ces dernières saisons du côté de Malley. Avantage supplémentaire, Koleff va avoir les moyens d’implémenter la philosophie de ses bailleurs de fonds, contrairement au seul ancien directeur technique du LHC qui l’a précédé, Ueli Schwarz.


Staudenmann reste au LHC

Le club lausannois version Koleff souhaite recruter avant tout des jeunes éléments de talent avec du potentiel. L’autre stratégie aurait été de construire le même genre de collections de mercenaires qui a permis à Bâle ou à Genève de rejoindre la LNA. Le néo-management du LHC en a décidé autrement en préférant ne pas privilégier cette manière de fonctionner. Koleff est, ainsi, en train de construire une équipe avec la présence d’un international juniors par blocs. Une réjouissante révolution du côté du CIGM.
Cette politique de recrutement ne garantit pas une promotion automatique, elle est même outrageusement plus risquée que de construire sa formation autour de valeurs sûres dont l’expérience est un facteur déterminant au moment des séries. Mais la jeunesse est une valeur à la mode dans tous les championnats de la planète ; elle est surtout garante que les joueurs considérés possèdent les qualités des hockeyeurs favorisés par les nouvelles règles appliquées par le corps arbitral.
Koleff aura toutefois une mission compliquée : celle d’entourer ses «gamins» de modèles de professionnalisme, d’éléments aptes à soutenir leur développement. Aeschlimann parti, le Lausanne HC devra trouver à l’avant et à l’arrière, surtout, de quoi épauler et conseiller les joueurs ayant la plus forte marge de progression. Idéalement, les Lausannois devraient être capables d’enrôler sept éléments expérimentés. De quoi solidifier les trois paires défensives et d’aligner deux unités offensives capables de produire sur des bases régulières. Avec la signature de Rüfenacht, de Lötscher et, dans une moindre mesure, de Lüssy et Gailland, le LHC possède de quoi construire ces deux trios redoutables.
Les partisans du LHC auraient toutefois tort de penser que la promotion est envisageable dès cette saison. Les prochaines semaines vont nous permettre d’évaluer la capacité du Lausanne HC à convaincre des noms qui hésitent entre le bas du tableau de LNA et le très haut tableau de LNB. Si les pensionnaires de Malley parviennent à signer ces éléments face à des adversaires directs, les probabilités de rééditer les coups de Bâle et Genève seront grandement renforcées.


Koleff & ses deux nouveaux compères

Dans le cas contraire, l’organisation lausannoise devra se construire une brigade de jeunes afin de créer un cycle permettant d’envisager une ascension dans les deux ans avec l’ambition de se maintenir durablement dans la catégorie de jeu supérieure. Deux variantes pour un même objectif : la LNA. Avec le souhait cette fois-ci de s’y maintenir, avec longévité et succès, et de replacer la Romandie au centre de la carte du hockey suisse.

* Arrivée en force en octobre 2004 en surfant sur la vague contestataire demandant le départ de Pierre Hegg, la plupart de ces «sauveurs» vont quitter lâchement le navire à la suite de la descente au purgatoire, invoquant de futiles disputes au sein d’un groupe qui a tenté de faire de son hétérogénéité sa force !
** La tendance cleptomane d’Eric Morin a éclaté au grand jour dans l’affaire dite «du four à raclette». L’ex-directeur des opérations hockey du Lausanne HC a subtilisé au club un ordinateur flambant neuf doté d’un logiciel rare et onéreux servant, en quelque sorte, de bibliothèque pour entraîneur de hockey. En échange, Eric Morin a généreusement laissé les déchets présents dans son appartement de fonction au club. Dans cet inestimable lot se trouvait, notamment, un très beau four à raclette !

Les autres bilans 06/07 publiés sur CartonRouge.ch : Bienne, l’éternel loser du hockey suisse GSHC : des hauts et des bas

Écrit par Jérome Verrey, Daniel Corthésy (texte) et Robert Johanson (dessin)

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