Cameroun et avatars

Le problème quand tu commences la compétition après cinq jours, c’est qu’en regardant les douze matches précédents tu as eu tout le temps de ressasser mille fois les mêmes questions : dans cette sélection de 26 joueurs proposée par Murat, qui pour remplacer Rodriguez à gauche ? Qui pour remplacer Widmer à droite ? Pourquoi n’a-t-on que trois attaquants (sur 26, bordel !) contre 64 milieux de terrain ? Et qu’est-ce que c’était que ce match de merde contre le Ghana ?

Bref, il était vraiment temps que ça commence.

Le match en deux mots

Bon début.

L’homme du match

Silvan Widmer, mondial en défense, avec un tacle extraterrestre à la 35ème minute (et je savoure d’autant les beaux gestes défensifs qu’on a terminé le match avec Cömert latéral gauche, et que je n’avais rien vu de plus effrayant depuis le premier Freddy)

En plus de son abattage défensif, Silvan s’est beaucoup montré en phase offensive, multipliant les incursions dans le camp camerounais, et c’est là que tu mesures la différence entre sa performance et celle de Rodriguez, de l’autre côté de la défense, qui rend une feuille défensive propre, mais sans jamais peser offensivement.

La buse du match

Le monde entier va se foutre de la gueule de Samuel Eto’o, président de la fédération camerounaise de football, et je m’en voudrais de ne pas faire partie du lot. Franchement, difficile de trouver à la Riponne un gars suffisamment défoncé pour nous sortir un pronostic pareil.

C’est par pure méchanceté que je rappelle que Eto’o avait déjà perdu le respect de tous les fans de foot en 2011, alors qu’il évoluait à l’Inter Milan (et avait déjà gagné dans sa carrière de quoi mettre à l’abri la moitié du Cameroun) et qu’il a choisi de signer au FK Anji Makhatchkala, club du Daghestan, pour 20 million d’euros par année.

On avait appris à ce moment-là que c’était juste une petite pute qui pouvait se faire acheter par n’importe quel mac, on sait dorénavant qu’en plus il est aussi crédible qu’Infantino quand il te parle du respect des travailleurs immigrés.

Le tournant du match

Le fait que le meilleur Camerounais sur le terrain portait le tricot suisse.

L’esthète du match

On a un peu l’impression qu’on a gagné contre une équipe dont le sélectionneur est un vieil alcoolo, mais c’est pas grave, ça fait quand même trois points.

Le geste pourri du match

Quand je vois à dix minutes de la fin du match Fabian Rieder, pour sa première sélection, tirer un corner ras terre au premier poteau, je me dis qu’il s’est rudement vite acclimaté.

Le chiffre à la con

Analysons un peu la liste des 26 joueurs convoqués pour ce Mondial :

4 gardiens

7 défenseurs (et encore je compte Cömert)

12 milieux de terrain

3 attaquants

Je suis sûr que si Murat n’avait pas dû convoquer 4 gardiens à cause des incertitudes entourant Sommer et Omlin, il en aurait profité pour densifier un peu son milieu de terrain, par exemple en rappelant Alain Wiss.

L’anecdote

Les déclarations d’avant-match de Monsieur Alex Owona, membre de la Fédération camerounaise de football : « Les trois points contre la Suisse sont déjà comptabilisés. »

Alors tu vois, cher Nobody, tu aurais évidemment dû un peu réfléchir avant de parler, en imaginant que ce soit à ta portée. Il n’y a rien de plus bandant que de clouer le bec aux Français qui pronostiquent que rien de ne peut leur arriver contre nous, aux Camerounais qui roulent les mécaniques alors qu’ils sont derrière l’Australie et le Canada au classement FIFA, et aux Brésiliens qui cousent une sixième étoile sur leur short (on règle ça lundi).

En fait elle sert à ça, cette Nati : à vous fermer vos gueules.

Si le match avait été une chanson : Noir c’est noir

Message pour Samuel Eto’o : il n’y a plus d’espoir.

Le Doha dans le cul

La Mannschaft a posé sur sa photo officielle avec une main devant la bouche, certains de ses joueurs portaient des chaussures avec un motif arc-en-ciel, les représentants du Danemark et d’Allemagne portaient le brassard « One Love », les Anglais ont mis un genou à terre.

Et les Suisses ? Rien. Officiellement, on fera quelque chose après.

Quelle bande de mous du gland.

La minute Johan Djourou

À titre personnel, je regrette que la rubrique ne s’appelle plus « La minute Pierre-Alain Dupuis », mais il faut avouer que depuis son intronisation, Johan mérite cette place, avec ses 300 mots de vocabulaire et ses tournures de phrase « J’ai pris français en option deuxième langue mais j’ai courbé les cours ». Et à part Ribéry, je ne vois pas bien qui pourrait le déloger.

Reste que je n’ai pas vraiment réussi à me concentrer sur sa performance hier. J’ai juste noté à la douzième minute son « Il est trop tôt pour s’énerver » : Alors premièrement je déteste qu’on me donne des ordres, et deuxièmement, ça fait bientôt 50 ans que je m’énerve à cause du foot, alors tu m’excuseras de ne pas avoir regardé la pendule.

Autrement il y a eu le très lunaire « C’est important de finir les matches ». Alors oui, je confirme, c’est mieux de ne pas tout arrêter à la 70ème minute, mais je ne vois pas tellement le rapport.

La minute de silence pour les ouvriers morts

(…)

Le pronostic d’avant-match selon l’indice MILFF (Match Index Losail Forecast Football)

Bon OK, sur ce coup l’indice s’est planté (pas de beaucoup…), mais on ne devrait pas l’appliquer sur la Nati, qui est hors catégorie.

A propos Yves Martin 247 Articles
Cette Nati a deux vertus : celle de faire rêver quasi tout son peuple, et celle d'emmerder les connards de la fachosphère. Longue vie à elle.

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