The (too much) pressure game – Au coeur de la Nati

Promo en grande pompe et bouche à oreille positif. La dernière série sur la Nati fait sensation. Il fallait donc forcément un avis plus malhonnête dessus et qui d’autre que Carton-Rouge pour s’en charger ? Voici donc un résumé des passages les plus notables rien que pour vous. Sans aucun spoiler bien évidemment.

Episode 1 – La pression monte

Pas de round d’observation. On entre directement dans le vif du sujet avec Patrick Foletti, l’entraîneur des gardiens de la Nati qui achète du pinard et une tonne de chips (espérons celles à la moutarde) à la Coop. Devant la caméra, ses protégés Sommer, Omlin et Kobel reconnaissent au Tessinois une qualité énorme: il bosse comme un fou et s’entraîne parfois même plus que les joueurs. Super, ce sont les vétérans de Bellinzone qui doivent être contents.

Vous l’aurez compris, ce premier épisode fait la part belle aux gardiens. On commence plus de 230 jours avant la Coupe du Monde. Sommer a le Covid et ne peut pas tenir sa place en amical contre l’Angleterre à Wembley. Kobel va le remplacer. Enfin, c’est ce qu’il croit. Car on lui annonce que c’est finalement Omlin qui va jouer. Les deux portiers ne s’en cachent pas : ils ne peuvent pas vraiment se piffrer mais sont obligés de bouffer à la même table. Vous voyez, il n’y a pas que vos midis au boulot qui sont désagréables.

On apprend aussi que Kobel fait du développement personnel pour s’améliorer. Et qu’il a une relation amour-haine avec Foletti parce que ce dernier le « connaît depuis longtemps et qu’il aurait par conséquent une fausse image de lui. » Si on suit cette logique implacable, la personne qui connaît le moins Gregor Kobel, c’est donc sa propre mère.

Une part de l’intimité de Foletti est également dévoilée. Sa femme témoigne qu’en douze ans, elle n’a passé qu’un seul anniversaire avec son mari. « Ce sont des compromis que tu dois accepter », lui balance-t-il sereinement. Sacré Patrick ! On espère qu’il a une meilleure notion du compromis avec ses joueurs sinon il risque d’avoir chaud aux fesses très prochainement.

Puis vient le moment que tout le monde attend. La tuile qui fait trembler le pays avec Sommer qui se tord la cheville un mois avant le début de la Coupe du monde. Pour assurer ses arrières, ou tout simplement par pure logique, Murat Yakin et son staff doivent désigner un numéro deux entre Omlin et Kobel. Le choix se porte sur le deuxième.

Faire un choix, c’est une chose, mais leur annoncer droit dans les yeux en est une autre. On imagine volontiers avant la séquence un heureux et un déçu. Que nenni, Kobel n’esquisse même pas un sourire. Ils n’auraient pas traduit ce passage qu’on n’aurait pas su qui était désigné numéro deux. Ça valait bien la peine de faire tout un épisode là-dessus pour qu’au final, ils tirent les deux la tronche.

Tu nous éclabousses de joie de vivre Gregor. 

Episode 2 – Pression de la performance

Place à Fassnacht, le héros du début de l’épisode 2. On ressasse son pressing gagnant contre la France en 2021 pour louer son tempérament d’équipier modèle. C’est beau mais on se doute bien que son passage au Qatar va être moins glorieux.

Fassnacht se demande s’il va être convoqué pour la Coupe du monde assis à une terrasse bernoise en sirotant un jus. Et devinez qui reçoit pile à ce moment un appel de Murat Yakin ? Christian Fassnacht figurez-vous ! Heureusement qu’on n’est pas complotistes. Le sélectionneur lui annonce qu’il sera du voyage. Ce qui lui provoque une émotion sincère. Heureusement pour le réalisateur de la série que tout le monde n’a pas le sens de la fête de Gregor Kobel.

Direction ensuite le Cameroun pour la réelle entrée en matière. Breel Embolo est au centre des attentions évidemment. On nous rappelle qu’il s’est souvent blessé par le passé. Pour le boss de la performance de la Nati, Embolo met à chaque fois une année pour revenir, puis une autre année pour atteindre son niveau d’avant. C’est rassurant. La légende dit même qu’un jour, il a eu une gastro à Noël qui lui a fait rater ses vacances d’été.

Place à la première rencontre ! Les derniers conseils de Murat dans le vestiaire sont dignes d’éloges : « Cherchez Embolo devant », martèle-t-il. Purée, on dirait mon coach des juniors C de l’époque parce qu’on avait un attaquant qui courait vite.  Yakin qui regrette ses conseils puisqu’il peste bruyamment sur les mauvais choix de l’ami Breel. Avant de regretter d’avoir regretté ses propres consignes puisqu’Embolo marque le but victorieux. Ouf de soulagement.

Immersion dans le vestiaire du FC Jorat-Mézières.  

Episode 3 – Pression de l’adversaire

Saviez-vous que Kevin Ehmes, analyste de match et monteur vidéo de la Nati, se balade en peignoir dans son appartement ? Maintenant oui. L’homme a une certaine vision du foot : « Quand on joue à un haut niveau, c’est difficile de dominer l’adversaire pendant 90 minutes. Au cours d’un match, il y a différentes phases et des moments clés qu’il faut savoir exploiter pour pouvoir remporter la victoire ». Merci Sherlock, ça promet.

Ses vidéos précises (ça a l’air carré pour de vrai) servent de base pour se décider sur la tactique à adopter contre le Brésil afin de bloquer Neymar. 3 jours avant, Murat exploite les images pour une séance vidéo devant son groupe. C’est la première fois que l’on voit quelqu’un avec autant de charisme depuis l’avènement de Severin Lüthi.

Freuler, Akanji, Sommer ou encore Tami apparaissent. C’est probablement l’épisode le plus décevant de la série. Mais au moins, on a l’occasion de revoir le pénalty de Mbappé arrêté par Sommer. C’est au moins ça de pris.

Sommer est d’ailleurs le joueur le plus intéressant parmi tous les protagonistes de la série. Le recul et la réflexion qu’il dégage (en touche) sont impressionnants. Sauf sur un point où on le soupçonne d’être légèrement partial. « Vu mon physique, ma taille et mon envergure, je veux arrêter toutes les balles », balance le natif de Morges. Mec, tu dois être le plus petit gardien de la compétition, ne nous fais pas croire ça !

On voit aussi le Yann prétendre tout sourire que sa cheville va très bien à la sortie du dernier match amical contre le Ghana. Mais avouer en parallèle que c’était plus ou moins du pipeau car les douleurs étaient là et sa participation compromise. Ce mec finira président de l’UEFA. Ou météorologue.

La nouvelle vie de Freuler à Nottingham mérite également quelques minutes. Sa femme, qui se décrit comme assez sanguine, admire le calme de Remo. Selon elle, dès qu’il y a un problème, Freuler trouve au contraire que tout va bien. On en déduit donc que Remo adore Murat Yakin.

L’épisode se termine par un loooooooong plan séquence du match contre le Brésil. Le match avait déjà paru interminable en direct. Imaginez au ralenti.

Episode 4 – Pression sanguine

On sent que ça va être l’épisode de Granit Xhaka. Mais sans doute aucun rapport avec le match charnière contre la Serbie qui arrive. L’épisode tourne autour de la gestion des émotions et de la manière de recevoir les critiques et les attaques en tout genre, même les plus odieuses. Xhaka revient sur sa fameuse sortie houleuse à Arsenal sous les sifflets de ses propres supporteurs. Léonie Xhaka, son épouse en a les larmes aux yeux en y repensant. Granit prend lui cela comme un défi. Cela confirme ce qu’on savait déjà : il est un brin taré.

Widmer aussi a connu des échanges musclés avec ses propres fans en Italie. Mais lui, il n’a « pas besoin que quelqu’un dans la rue vienne lui dire qu’il a mal joué. » Par contre il trouve sympa quand c’est pour recevoir des compliments. Et merde, on est désormais sûrs qu’il évite de lire Carton-Rouge.

Focus sur la Serbie. Sommer et Elvedi ont attrapé un gros rhume et ont donc décidé de ne pas jouer ce soir dixit le chef de comm de la sélection, Adrian Arnold. On voudrait mettre en avant une nouvelle fois la poigne de Yakin qu’on ne s’y prendrait pas autrement.

Le scénario du match est fou. 2-2 à la pause. « La tactique est pourrie, comment veux-tu qu’on joue ? » s’exclame Xhaka qui a dû oublier, en plus de son passeport vaccinal, les caméras dans le vestaire (ou pas). On (qui ?) lui rétorque de fermer sa gueule. Freuler est vénère et balance plein de trucs par terre. Donc en fait, il n’est pas aussi calme que le pense sa femme. Selon Kobel, elle doit donc le connaître depuis trop longtemps.

Qui a osé ? 

A la fin, la Suisse finit par gagner et tout le monde se fait des bisous, dont Murat et Xhaka. Le monde du foot est quand même un univers complétement à part. A l’école primaire, les gamins changent de meilleur ami tous les jours suivant qui a le meilleur goûter à la récré. Mais en foot, c’est à peu près toutes les dix minutes. C’est là que tu te rends vraiment compte que c’est un monde de chacals qui ne doutent de rien. Et que tous les mecs qui mentalement sont légers, ou sains d’esprit comme on dirait dans la vraie vie, n’ont pas fait carrière au-delà des U20.

Episode 5 – Haute pression

Ce nouvel épisode continue d’explorer la charge mentale des athlètes. Cette fois-ci, c’est au tour de Seferovic de se confier. Il se rappelle des sifflets reçus à une époque sous le maillot suisse. Cette époque est pourtant révolue. Notamment parce qu’il ne joue plus.

Madame Seferovic s’exprime aussi. Elle aurait préféré que son mari soit un brin meilleur pour qu’il change de club moins souvent. De son côté, elle peine à trouver du travail car « les entreprises ne vous engagent pas parce qu’elles savent pertinemment que vous déménagerez dans deux ou trois ans. » Ou plutôt dans six mois.

Le minot Vargas a aussi le droit à son moment d’attention. Malheureusement, il se claque à l’échauffement six mois avant la Coupe du monde et se retrouve dans tous ses états. Le sentiment de solitude du footballeur, il le connaît aussi. C’est pour ça qu’il apprécie beaucoup sa famille qu’il situe au deuxième rang des choses les plus importantes derrière Dieu et la religion. On espère que ses proches sont aussi croyants, sous peine de tomber de haut.

On change de sujet. Un bandeau annonce : « 5 décembre. Jour de quart de finale ». On manque de s’étouffer de rire. Visiblement le réalisateur avait vraiment envie de passer quelques jours de plus au Qatar. Pas d’Elvedi et pas de Widmer qui a aussi choppé le rhume. On vous passe la suite.

Le stagiaire a osé. 

Episode 6 – Sous pression

La taule contre le Portugal laisse des traces. Dans le vestiaire, le silence est total et les mines déconfites. La lumière est sur Yakin et ses choix face au Portugal. « Je suis passé très vite d’entraîneur de club à celui d’une sélection », se dédouane-t-il. Comme dans 95% des cas mon brave ! Même si les autres ne viennent pas de Schaffhouse.

La parole est à la garde rapprochée de Murat. Très cash, l’analyste vidéo dit qu’il « a toujours pensé que Yakin faisait jouer ses équipes de manière très défensive. » Le directeur de la Nati, Pierluigi Tami rétorque que « depuis que Murat a remplacé Petkovic, il y a eu quelques changements. C’est lui qui convoque les joueurs, qui choisit le système de jeu et qui élabore la stratégie. » Sérieusement il nous prend pour des cons ? Mais il faisait quoi Petko alors, il tradusait les exercices en italien et massait les mollets de Shaqiri ?

La conférence de presse un jour après l’élimination est un brin lunaire. Evidemment, le sytème de jeu spécifique adopté face au Portugal est au centre des attentions, surtout depuis la sortie médiatique de Shaqiri après le match qui fait remarquer que normalement, on ne change pas un système qui gagne. Selon Yakin, « les joueurs connaissent ce système ». Moi aussi je le connais, on l’avait utilisé pour contrer le FC Le Mont en novembre 2017. Mais malheureusement je ne joue pas en équipe nationale.

On finira sur ces questions ouvertes. Au final, cette série à la Netflix est finalement plus intéressante sous l’angle de la personnalité des différents acteurs et de la manière qu’ils ont de gérer leur carrière et leurs émotions que sous celui de l’aventure humaine d’une équipe au coeur d’un mondial. Mais elle ne nous donne pas vraiment confiance pour la suite avec Yakin, Tami et cie à la barre. Le pari du réalisme et de l’authenticité est donc pleinement réussi.

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