Après Azerbaïdjan-Suisse 1-0 en 1996 et Suisse-Luxembourg 1-2 en 2008, la Suisse avait enfin une troisième opportunité d’être la risée de toute la planète foot en perdant à Gibraltar. Sauf que cette fois elle a fait le job. Et comme les Irlandais nous ont filé un coup de main à distance, la Nati termine première de son groupe.
Le match en deux mots
Nous voilà !
L’homme du match
Zuber, Zakaria, Freuler, Xhaka, Embolo, Schär, Mehmedi, Rodriguez, Gavranovic, Seferovic, Itten, Vargas, Fassnacht, Benito… Ces quatorze joueurs ont marqué un des dix-neuf buts plantés par la Nati lors de cette campagne de qualifs. Je me demande si ce n’est pas un record.
Quant à savoir si cela fait de nous une équipe complète dans laquelle tout le monde peut planter ou une équipe qui manque cruellement d’un vrai buteur…
La buse du match
Je ne suis pas un adepte de la métempsychose, mais en admettant que les actes commis dans ta vie précédente ont une influence sur la personne en qui tu t’es réincarnée aujourd’hui (en gros si tu t’es bien conduit avant, tu vas avoir une chouette vie, et si tu t’es mal conduit tu vas avoir une vie de merde), je me dis qu’il faut au moins avoir été la nourrice de Pol Pot pour se réincarner en gardien de Gibraltar. Le gars prend douze goals en quatre jours et est obligé de sourire devant la caméra… Et c’est TOUS LES JOURS comme ça. Il doit rêver de devenir sous-secrétaire d’état chargé de l’égalité salariale entre les femmes et les hommes en Arabie Saoudite pour enfin occuper un poste utile.
Le tournant du match
A la 85ème minute, à Dublin, Doherty égalise contre le Danemark et propulse la Suisse en tête de son groupe, ce qui est quand même un peu miraculeux si l’on se souvient des temps faibles de cette Nati durant les qualifications, au hasard les cinq points perdus contre les Danois. Mine de rien cela propulse la Suisse dans le deuxième chapeau pour le tirage au sort de l’Euro. C’est peut-être anecdotique pour vous, mais c’est le chapeau de la France et de la Croatie par exemple, les deux finalistes de la dernière coupe du monde que l’on est certains d’éviter en phase de poule, du coup. Par contre la Suède est dans le chapeau trois…
Le geste technique du match
A la 26ème minute, le milieu de terrain de Gibraltar Walker élimine notre Zakaria d’une stupéfiante aile de pigeon qui se transforme en coup du sombrero.
Quand il reprendra tout à l’heure son job à plein temps de serveur au McDo, il est possible qu’il offre les portions de mayo aux clients pour fêter ça.
Le geste pourri du match
La prestation d’ensemble de l’équipe de Gibraltar, qui ma foi ne peut sûrement pas faire mieux. On a quand même là une équipe qui n’est bonne à peu près que sur les balles d’arbitre, et qui aligne quatre fois Furby en défense et un piquet à neige aux goals.
Le chiffre à la con
En 110 minutes jouées dans ces qualifs, le quasi inconnu Itten a planté 3 goals et devient le meilleur buteur de la Nati de cette campagne.
En 0 minute jouée dans ces qualifs, la superstar Shaqiri a… Je vous laisse compléter, je vais encore m’énerver.
L’anecdote
Si l’on rapporte les 35’000 habitants de Gibraltar aux 8’500’000 de la Suisse, c’est en proportion comme si le LS avait joué hier contre le FC Bioley-Orjulaz. Et pris un goal quand même.
Et sinon, dans les tribunes ?
600 Suisses dans les gradins dont quelques potes.
C’est pas vraiment une allégorie de la solidité de leur défense, mais c’est joli quand même.
La minute Pierre-Alain Dupuis
L’ineffable Michael Bridge, l’homme qui n’a jamais émis une seule réserve sur la Nati en 112 ans de carrière : « Je reste toujours sur ma faim concernant toutes ces critiques sur le match du Danemark. On vit ces remontées régulièrement aujourd’hui en Champions League, avec les meilleures équipes du monde. » Ben oui Michel, mais là ce n’était pas contre les meilleures équipes du monde. Et quand ça arrive au PSG, au Barca ou à n’importe quelle équipe, les critiques pleuvent. On comprend difficilement pourquoi quand ça arrive à la Suisse tout le monde devrait fermer sa gueule, pour ne pas te faire de peine.
A noter aussi les expressions « Le petit joyau » et « Le vrai joyau » en parlant de Ruben Vargas, 21 ans, trois sélections, une fois contre la Géorgie et deux fois contre Gibraltar, c’est dire s’il a affronté tous les cadors du continent. Je pourrais paraphraser Zazu en ajoutant « C’est la première fois qu’on voit un roi avec si peu de poils »… Combien de « joyaux », combien de « diamants bruts », combien de « petits bijoux » y avait-il dans l’équipe de Suisse championne du monde des M17 il y a tout juste dix ans ? Et que sont-ils devenus ? Peut-être pourrait-on raison garder et porter un jugement dans quelques mois, quand la carrière de Ruben aura pris une certaine épaisseur, au lieu de faire avec lui la même chose qui a été faite avec Dimitri Oberlin, encensé durant quelques mois et aujourd’hui prêté par le FC Bâle au SV Zulte Waregem…
La rétrospective du prochain match
A l’époque où je suivais assidûment le LS, la série de matches amicaux organisée durant les pauses d’été et d’hiver se terminait toujours contre une équipe qui évoluait deux ou trois ligues en dessous, histoire de planter un max de goals et de se donner confiance juste avant la reprise. Là c’est cool, on va arriver lancés pleine course pour le prochain match amical contre je-ne-sais-quelle Biélorussie en mars.
En grande forme, Yves ! 1-6 soit-il et surtout la nourrice de Pol Pot, génial. Par contre, pas d’ac sur un seul point : le gardien de Gibraltar est loin d’être un piquet à neige. Il a fait au moins trois arrêts qui ont empêché le score d’être plus lourd et ton titre d’être aussi flamboyant…
Le titre m’a été soufflé par l’excellent Pierre Diserens, je lui passe donc le compliment. Pour le gardien, partiellement d’accord avec toi. Mais il faut voir et revoir son placement sur le premier goal pour prendre la pleine mesure de tout son talent.