Une question de mental

Comme chacun le sait, Caminada est une bille, Leeger et Reist ne sont plus que l’ombre d’eux-mêmes, Primeau emmagasine les excès de lenteur et Setzinger ne joue qu’à 2.3% de ses capacités. Sans compter qu’Helfenstein a un dos encore plus mou que la compote Blédina et que le gouvernail du supertanker Simon Fischer est fichu depuis un bon moment. Pourtant, le LHC caracole en tête du championnat avec sept points d’avance. Il y a donc quelque part un sérieux problème.

L’extrême indigence de l’adversité peut-être ? À peine… La si compétente cellule de recrutement du EHC Olten s’est enfin pris les pieds dans le tapis avec l’engagement du flop Tyler Redenbach. Il fallait bien que ça arrive et comme ces messieurs ne font pas les choses à moitié, voilà qu’ils enrôlent Cory Pecker, lequel a eu maintes fois l’occasion de prouver ses grandes qualités de meneur en pleine tempête. Alzheimer ne tient plus ici de la fatalité, mais de la faute professionnelle. Les Vaudois s’en sont toutefois miraculeusement sortis lors du dernier derby des nœuds ferroviaires, en grande partie grâce aux Soleurois qui avaient oublié que les drops ne rapportent aucun point en hockey.

Les requins bâlois ? Le cas laisse perplexe. La deuxième mouture du Lausanne Hockey Club peut se targuer d’avoir engagé un mercenaire pour remporter les trois quarts des mises en jeu et un autre pour le regarder faire. Ils ont au moins compris qu’il était possible de lober Caminada pour pouvoir faire douter les Vaudois, mais cette tactique reste insuffisante pour venir chiper une ou deux unités sur la glace de Malley, comme ce fut le cas il y a une semaine.

Forget it

Quant à Viège, leur meilleur trio helvétique est devenu le meilleur trio de LNB tout court. Encore heureux puisque Tremblay est une fois de plus sur les plots (on les avait prévenus, pourtant) et que Forget oublie de jouer au hockey. La citadelle imprenable de la Litterna est néanmoins tombée contre le génial Olten, le sublime Chaux-de-Fonds et l’archifavori Thurgovie. Ça en jette ! Il n’y a bien que le LHC pour venir se vautrer dans le Haut-Valais alors que Viège constituait une proie de choix. Thurgovie, venons-en justement. Suite à leur performance grandiose dans le derby les lacs frontaliers de dimanche passé, on se demande encore comment cette formation a pu cumuler un total de points à deux chiffres jusqu’à présent.
Le dernier match contre les bouchers de la St-Martin a aussi accouché des mêmes impressions. Venus à Malley dans le seul but d’éviscérer un peu de bidoche lausannoise, les impurs sont parvenus à faire du boudin avec leur propre carcasse. Tuffet et Pedretti ont encore des beaux restes mais on regrettera toutefois l’absence de Kevin Fey qui aurait eu le mérite de mettre davantage de motivation dans les troupes ajoulotes. Avec le départ du surcoté Rytz, les spécialistes avaient prédit les pires tourments pour la formation jurassienne en cette saison 2011/2012, mais c’est du côté des mercenaires qu’il faut – pour une fois – regarder. Comment expliquer l’effondrement du château de cartes montréalais numéro 79 ? Des raisons extrasportives avaient bien été évoquées, mais aucun Sofitel n’a été construit du côté de Porrentruy cet été. L’affaire DM demeure donc un mystère. Reste que Mischler démontre d’intéressantes dispositions, bien au-delà des espérances ; Ajoie pourrait donc fort bien participer aux play-off cette saison.

Quelques pistes

Parlons justement du poste de gardien. C’est bien connu, quand les choses vont bien, il faut toujours trouver un petit défaut et s’acharner dessus. Non, Caminada n’est pas un défaut en tant que tel et il n’est pas non plus petit. Enfin si, mais ce n’est pas de faute. Reste que l’on peut difficilement corriger ce détail à force de séances éreintantes avec le coach des gardiens. Toujours est-il que la responsabilité du cerbère zurichois est engagée sur un bon nombre de réussites adverses et souvent au pire moment. Caminada a parfaitement le droit de se doucher avec sa mitaine, mais il faudra bien qu’il se décide à la rincer correctement après. Une piste serait aussi de lui construire un gogo-gadget au biscuit extensible ou au plastron, mais des problèmes de règlement risquent alors de se poser. Mais il ne faut pas désespérer par rapport à la course à la promotion : Berne est bien parvenu à rafler plusieurs titres de champion suisse avec Bührer aux buts…

D’accord, on est en période des cadeaux de Noël mais ce n’est pas une raison. Cela me fait justement penser à un jeu de société ; finalement, être gardien c’est comme le jeu de l’oie : on met des plombes pour atteindre l’objectif et, proche du but, il suffit de tomber sur cette satanée case qui renvoie au départ pour devoir tout recommencer.
Photos Pascal Muller, copyright www.mediasports.ch

Écrit par Alexandre Krimine