L’Espagne a divisé la planète football en deux, entre ceux qui aiment son jeu à base de passes répétées à mi-terrain en attendant l’ouverture, et ceux qui le détestent et pleurent sur son manque de verticalité. Il y aussi une troisième catégorie en fait, occupée par une seule personne au monde, un rédacteur de Carton-Rouge dont je tairai le nom, et qui préfère par-dessus tout les Croates qui se roulent par terre toute la deuxième mi-temps. Les Tchèques, je connais moins bien, mais ils sont pratiques pour placer des jeux de mots pourraves.
1. Le résumé.
Une passe ratée, une interception, vingt passes réussies, une occasion.
Une passe ratée, une interception, vingt passes réussies, une occasion.
Une passe ratée, une interception, vingt passes réussies, une occasion.
…
2. L’homme du match.
Le buteur Piqué, forcément, au vu du déroulement du match. En fait, cette Roja, c’est un peloton d’exécution inversé : tous les tireurs tirent à blanc, sauf un. Et on sait lequel.
3. La buse du match.
La douzaine de joueurs, des deux équipes, qui a choisi de s’illustrer au travers du choix de ses chaussures. Quel daltonien à glaucome peut trouver élégant de porter des chaussures vert fluo ? Combien faut-il avoir baisé de panosses Desigual pour mettre une godasse rose bonbon et une autre jaune canari ? Ce pauvre Piqué, qui nous a habitués à enfiler bien plus coquet que ça, est-il obligé de s’infliger cela ? Les effets de mode sont tellement cons dans le football que demain il suffira qu’un clone de Ribéry se déguise comme son idole en Frankenstein pour que tous ses coéquipiers se varlopent la tronche. Le seul qui devrait s’inspirer du concept, c’est notre Djourou. Avec une palme à gauche et un soccoli à droite, il sera non seulement original, mais en plus ça expliquera bien des choses.
4. Le tournant du match.
La mi-temps. Il y a dû avoir une tournée de plumes dans le vestiaire tchèque, parce qu’après 45 minutes sans savoir quoi faire de la balle quand ils en héritaient par accident, ils sont revenus tout légers, avec enfin la volonté d’aller de l’avant. Comme de son côté l’Espagne avait décidé de la mettre au fond (décidément), on a vécu les meilleures 25 minutes du match, avant que la Roja n’exerce un contrôle quasi nord-coréen sur le ballon sur la fin de match.
5. Le geste technique du match.
Dans l’ensemble, le jeu de l’Espagne. Je connais les arguments répétés des « antis », mais à la fin ça donne 14 corners à 3 et 14 occases à 4… Et la qualité de passe d’un Iniesta, c’est quand même érectile. Et puis pour que ça marche, il faut les appels de balles qui vont avec, et sur ce match il y en a eu de magnifiques. Franchement, après avoir vu les Croates jouer sur le cul pendant une heure, ça m’a réconcilié avec le jeu.
6. Le geste pourri du match.
Je suis stupéfait du changement opéré par le sélectionneur Vrba à la 86ème. Il sort Gebre Selassie (un défenseur) pour faire rentrer Sural (un milieu) alors que l’Espagne s’apprête à tirer un corner. Il me semble que parmi les 10 commandements gravés sur les tables de la loi du football, il y a « Point de changement défensif n’effectuera lorsque l’adversaire un corner ou un coup franc direct tirera ». Ça n’a sûrement rien à voir, mais une minute après, la défense tchèque craque pour l’unique fois du match.
7. Ce match m’a fait penser à…
Des tas de clichés qui sont liés à des tas de pays. Forcément si je te dis : « Match de football, 70% de possession de balle », tu penses immédiatement à l’Espagne. C’est comme si je te dis « Une jeep tombe dans un ravin, 19 morts », tu penses automatiquement à l’Inde.
8. L’anecdote.
Pendant tout le match j’ai compris qu’un joueur Tchèque s’appelait Darvida. Du coup j’avais préparé un super jeu de mot sur ses biscoteaux. Evidemment à la fin, il se nomme Davida et je me retrouve avec un jeu de mot tout neuf, jamais utilisé, à remettre à bon prix. Contacter la rédaction.
9. La minute Pierre-Alain Dupuis.
« Le soleil est revenu, mais s’en va à nouveau, puis revient ». Est-ce que tu peux me dire ce que je peux foutre de cette information, Fred Scola ?
10. Le tweet à la con.
L’Espagnol est brillant, le Tchèque est mat by @Martouzze . https://t.co/4yH3JJaM3J #EuroCR
— CartonRouge.ch (@CartonRouge_ch) 13 juin 2016
11. La rétrospective du prochain match.
L’Espagne va tellement donner le tournis aux Turcs qu’ils se préparent une génération d’épileptiques.
Les Croates vont d’entrée se rouler par terre contre les Tchèques et finiront par se faire engager par Kusturica pour jouer les virevoltants dans son prochain western.
Très bon article! Recherché, drôle et même objectif.