Xamax : au bout du suspense

Au terme d’un match haletant, paniquant, flippant, bref, où les superlatifs manquent, Xamax est allé chercher trois points archi-heureux. Les rouge et noir ont un pied en Super League.

On ne sait pas très bien ce qu’il se passe à Xamax depuis quelques semaines, mais l’euphorie qui couve fait chaud au coeur pour les supporters qui n’ont jamais rien lâché. Lorsque j’arrive à 17 heures à la Place du Port, point de départ des supporters, j’en perds mon latin. Six ou sept cars se pressent au milieu d’une foule effervescente. La tension est palpable, mais l’ambiance ne tardera pas à décoller une fois en route. C’est hélas à ce moment là que le premier «hic» (et surtout pas le seul «hips») de la soirée se manifeste. Aux alentours de Berne et Soleure, les ralentissements mettent largement en péril les espoirs d’arriver à l’heure au stade. Les supporters ne s’en laissent pas compter et profitent de cela pour sortir des cars en marche pour aller satisfaire leurs besoins sur la piste d’arrêt d’urgence. Des scènes de finale de Coupe.Pis tout d’un coup l’impression que cette soirée va finir par te sourire, la circulation se fluidifie, on roule, on fonce. Arrivé au stade avec dix petites minutes de retard seulement, c’est dans la file d’attente que j’entends une explosion de joie, et j’arrive à distinguer un gros «gooooaaaaal» plutôt qu’un «tooooor», ce qui me laisse penser que ce sont les Xamaxiens qui ont ouvert la marque. Je pénètre dans le stade et me rend rapidement compte que toute une moitié du pittoresque Kleinfeld est neuchâteloise. Un Lucernois hilare en voyant la meute de Xamaxiens enivrés envahir le stade m’avoue être impressionné et que c’est le «nummer vier» qui a scoré. La deuxième mission s’annonce plus difficile. Trouver à manger, boire et de quoi me soulager. Le Kleinfeld n’étant pas loin du tiers monde, c’est la rangée de buissons qui fera office de «bande d’arrêt d’urgence» cette fois.


Zubi, le héros du match

Je vais pouvoir commencer à suivre le match. Après tout c’est pour cela que je suis venu. Ah, attention, il se passe quelque chose : Roland Bättig doit céder sa place à Rak sur blessure, à la 30ème minute déjà. Aïe. Depuis ce moment, alors que Coly avait raté le KO à la 20ème minute, Xamax va perdre pied. Le vent se lève, la pluie redouble d’intensité. Manque juste la foudre sur le Pilate et le décor serait parfaitement planté. La pause arrive, mais on sent que la seconde période sera très dure, à plus forte raison que les Neuchâtelois ont habitué leurs supporters à des deuxièmes mi-temps laborieuses à l’extérieur.
On se rend vite compte que tout le monde avait eu bien tort d’enterrer Kriens avant ce match. En chute libre depuis plusieurs semaines, les Lucernois ont livré une bataille de la dernière chance héroïque. Rarement Xamax n’aura été autant malmené et sans un Zubi tout simplement exceptionnel et des hors jeu très discutables, la soirée aurait pu être gâchée bien avant. Mais ce qui devait arriver arriva à dix minutes du terme, alors que la nervosité gagne les gradins, Meier fusille Zubi et les vert et blanc d’en rajouter une couche en courrant chercher le ballon au fond des filets comme pour insister sur le fait qu’ils tiennent le match.
Xamax qui n’a plus touché le puck depuis 40 minutes va se révolter. Il ne faudra qu’une seule occasion. Une seule. Et comme un symbole, c’est un dégagement d’un Zubi qui y croit dur comme fer qui va déclencher une hystérie incroyable. Coly relaie magnifiquement sur Nuzzolo qui se présente seul face à Foletti. Toute la séquence qui suit se déroule en réalité au ralenti, les gouttes de pluies en suspension, tic-tac tic-tac, poum-poum, poum-poum, le Pilate illuminé par une lumière providentielle. Tic-tac tic-tac… poum-poum poum-poum… Le ballon file en aquaplaning… Le petit filet du deuxième poteau s’agite, tic-tac tic-tac, et GOOOOAAAAAL ! C’est l’explosion dans la moitié neuchâteloise du stade, un de ces moments qui te fait aimer le foot et la vie ! Le hold-up de l’année. Tu fais l’accolade à un type que tu n’as jamais vu de ta vie. Tu danses, t’as l’air con, mais tu danses.


Et gooooooaaaaaaaal !
(Photo Pascal Muller)

Croire qu’après cela un Lucernois va abdiquer c’est mal les connaître. Alors qu’en tout et pour tout, 26 kilomètres d’ongles ont été rongés dans les travées xamaxiennes, c’est Zubi qui va sortir la parade la plus invraisemblable de la saison. Du pied, de la main, du torse ou du nez, le portier de la Nati sur ce seul match a rentabilisé son engagement. Le Président Bernasconi peut sourire. Sitôt le coup de sifflet final donné, les supporters xamaxiens envahissent la pelouse pour célébrer leurs joueurs devant le tunnel des vestiaires. Zubi restera quelques minutes, le visage marqué par l’effort, marqué par ce match de folie. Nul doute que le Thurgovien a dû penser à son dernier match à St-Jacques lors du duel pour le titre de la saison passée. Sauf que cette fois, le héros c’est lui. Le vainqueur, c’est lui. Merci et bravo Pascal !
Retour sur Neuchâtel encore très agité, la bière continue de couler, et la Fête de l’Uni tombe à point nommé pour accueillir les supporters xamaxiens. La nuit sera très longue, et au petit matin on entendra encore des chants résonner le long du lac.

Kriens – Neuchâtel Xamax 1-2 (0-1)

Stade du Kleinfeld : 2’500 spectateurs.
Buts : 14ème Besle 0-1, 80ème Meier 1-1, 89ème Nuzzolo 1-2.
Arbitre : Mme Petignat, assistée de MM. Navarro et Rogalla.
Kriens : Foletti ; Maric, Meier, Lijmani, Benson ; Schilling (46ème Lattmann), Kehrli, Lüscher, Nocita ; Piu (78ème Duzhmani), Schneuwly.
Neuchâtel Xamax : Zuberbühler ; Geiger, Besle, Quennoz, Bah ; Nuzzolo, Bättig (32ème Rak), Mangane, Melunovic (70ème Lombardo) ; Merenda (66ème Jaquet), Coly. 
Cartons jaunes : 8ème Meier, 35ème Kehrli, 67ème Besle, 80ème Coly.

Écrit par Roby Steedman

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