Xamax : jusqu’au bout de la nuit

L’inconvénient des semaines anglaises c’est qu’il y a quand même deux longues journées à meubler, avant de décemment préparer la rencontre suivante. Et deux jours c’est long. C’est d’ailleurs pour ça qu’on travaille, pour faire passer le temps. Mais le calendrier est sournois, ces deux jours d’attente tombaient cette fois sur un congé. Le congé le plus long et pénible de ma carrière. Je serais presque allé travailler, c’est dire…

Vous imaginez alors aisément que samedi le match a commencé très tôt pour moi. Un petit fast food (puisqu’il n’y a que ça qui passe), café, on programme l’enregistreur HDD. Mes clés, c’est bon, ma caméra, c’est bon, 100 balles, c’est bon, le maillot, l’abonnement, c’est bon c’est bon. En route. Il fait beau, il fait chaud. La ville a un petit parfum d’Europe. Déjà des maillots sur les terrasses, des cris. Les Jeunes-Rives sont noires de monde, j’ai la chair de poule. Anecdote marrante, devant les patinoires et le mythique «Café des Amis», lieu de ralliement des Xamaxiens, Zubi arrive en 4×4. Il se parque et se fait immédiatement remettre à l’ordre par une policière : «parcage interdit dès 16 heures !». Notre bon géant ne s’irrite guère malgré la voix stridente et insistante : «comment ?» «parcage interdit dès 16 heures, VERBOTEN», «ça veut dire quoi ça pour moi ?». Petite explication, mais aucun traitement de faveur. Quelques minutes après c’est toute l’équipe qui arrive en training. Les visages sont sérieux, concentrés. En même temps même moi je suis sérieux et concentré, alors y’a intérêt qu’ils soient pas en train de fumer un pétard en jouant au mini golf.Avance rapide, puisque j’ai déjà fait deux paragraphes sans parler du match, à quelques minute du coup d’envoi. La premier constat sera un peu décevant, puisque l’on devine rapidement que la nouvelle Maladière ne fera pas le plein, loin de là. Le week-end prolongé de l’Ascension aura certainement eu son incidence. Mais l’atmosphère est joyeuse, hilare. Les buvettes sont prises d’assaut et, sortant de la file, je m’enquiers auprès de deux maillots bleus du résultat de la finale de la Cup. Un superbe accent anglais me répond «Chelsea won, in extra time !». Le mec me postillonne peut-être dessus, mais un Anglais qui te postillonne sa bière en parlant de foot, c’est presque une tradition, alors tu te grattes discrètement la joue avant de lui taper sur l’épaule : «I’m happy for you Chelsea fans». Je ne sais pas pourquoi j’ai dit ça, mais c’était honteux. Il est temps que le match commence.


Y’a d’la joie partout y’a d’la joie !

Formation assez standard côté xamaxien, seule surprise Delgado retrouve «son» poste au côté de la défense centrale. On sent que les rouge et noir ont envie de marquer rapidement, désir sans doute partagé par les 8’000 Neuchâtelois autour d’eux qui donnent de la voix comme jamais auparavant. A peine le temps de commencer à attendre, que Geiger, sur un petit nuage, traverse le terrain balle au pied. Au niveau de la grâce on est loin des podiums de Paris et de Milan, mais c’est fichtrement efficace. 1-0 dans un délire total après 13 minutes de jeu. Puis avant la mi-temps, Coly reprend un coup-franc de la tête victorieusement. La fête peut commencer, la seconde mi-temps passera vite, trop vite, sauf peut-être pour des Baulmérans dépassés. A gauche, à droite, contrôles orientés, relais, prises de risque et même bicyclettes, tout y passe. Quand l’envie est au rendez-vous, avec la confiance, Xamax est irrésistible. Trois, quatre, puis cinq à zéro.
Le plus gros carton de l’année à la Maladière, et malgré la victoire de Bellinzone, les klaxons peuvent résonner. Les buvettes du stade jouent les arrêts de jeu, les fûts de bière se font de plus en plus rare jusqu’à la rupture de stock. Les joueurs ont aussi droit à leur soirée, on en retrouvera fêter «dignement» cette victoire un peu partout en ville au milieu de leurs supporters. En ville les groupes de fans qui hurlent croisent des sourires, certains les applaudissent même. Surréaliste. Il y a un an, avec le maillot xamaxien on te balançait des oeufs, on se moquait de toi. Tu devais justifier le fanion qui trône sur ton bureau auprès de collègues bien provocateurs. Tout va si vite.
Raison de plus pour aller manifester sa joie, en toute intimité, au milieu des vrais, des fidèles et irréductibles Neuchâtelois, à Lugano, samedi prochain !


Le reportage vidéo de Roby Steedman

NE Xamax – Baulmes 5-0 (2-0)

Maladière : 8’303 spectateurs.

Arbitre : M. Rogalla.

Buts : 12e Geiger 1-0. 38e Coly 2-0. 58e Szlykowicz 3-0. 69e Szlykowicz 4-0. 83e Bieli 5-0.

NE Xamax : Zuberbühler ; Geiger, Besle, Quennoz, Delgado ; Nuzzolo, Bättig, Mangane, Szlykowicz (81e Rak) ; Merenda (71e Bieli), Coly (75e Lombardo). Entraîneur : Castella.

Baulmes : Beney ; Cottens, Margairaz (46e Weber), Geijo, Gilardi (73e Herren) ; Noseda, Zari, Filipovic, Renatus (61e Verdon), Fallet ; Njanke. Entraîneur : Moulin.

Notes : NE Xamax sans Munoz ni Casasnovas (surnuméraires), Baulmes sans Versel (blessé), Drago ni De Camargo (suspendus).

Cartons jaunes : 4e Renatus (faute) et 26e Cottens (faute).

Coups de coin : 3-2 (2-2).

Écrit par Roby Steedman

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3 Commentaires

  1. Décalé et très sympa cet article ! Et superbe cette vidéo !! Vais mendormir en repensant à ces belles images avec ce « Happing Ending » dans la tête…

    Allez Xamax !

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