La fin de la suprématie alémanique ?

Ceci n’est pas une utopie mais bien une vérité en passe de se réaliser. Le football romand, moribond depuis quelques années, est en train de renaître de ses cendres (rien à voir avec les centres de Delgado). Tentative d’éclairage par un éclairé.

Constat d’échec

Grasshoppers, parlons-en des sauterelles. L’équipe emblématique du football suisse n’est plus que l’ombre d’elle-même. Déjà en retrait ses dernières années, elle se démène aujourd’hui devant 2’800 spectateurs, survivant grâce à l’unique puissance financière des entreprises qui l’entourent. Gestion catastrophique, staff misérable et public lausannois, les malheurs du club sont aussi importantes que le nombre de dossiers litigieux que la ligue n’arrive pas à traiter.
A l’heure où Xamax et/ou Bellinzone sont en passe d’accéder à l’élite, nous retrouvons comme chaque année une équipe d’Aarau à l’agonie, tel un Saddam au bout de sa corde. Cette fois-ci les Argoviens ne sont pas seuls dans la mistoufle. Schaffhouse tentera également de se maintenir dans une ligue qui n’est pas faite pour elle. Mais ce n’est pas tout, n’oublions pas Lucerne, la seule équipe à avoir abdiqué deux mois avant la fin du championnat. Rajoutons enfin Thoune, la Chermignonarde (*) de la Super League, incapable de mettre sur pied une équipe digne de succéder à la défunte «Champion’s League Team». Les poches du caissier thounois sont d’ailleurs aussi pleines que celles de Marc Roger…

GG vient à la rescousse d’un Aarau à l’agonie
(Photo Pascal Muller) 

Restent Bâle, Young Boys, St-Gall et Zurich. Si les Rhénans, Bernois et St-Gallois surferont sans aucun doute sur les plus hautes vagues de la Super League les années à venir, les prochaines saisons des Zurichois s’annoncent nettement moins roses. Le retrait de Sven Hotz conjugué au futur probable départ de Lucien Favre n’augurent rien de flamboyant pour une équipe qui a bâti son succès sur ces deux hommes. Oui, le football alémanique est en perte de vitesse.

La montée en puissance

Néo-promu en Super League cette saison, le FC Sion est sur le point de réaliser son pari fou d’atteindre une place en coupe d’Europe. Malgré un net passage à vide au début du deuxième tour, les Sédunois ont su redresser la barre pour être aujourd’hui l’une des trois meilleures équipes du pays. La sérénité semble être revenue au pied des châteaux. Cette reprise est avant tout due à la discrétion présidentielle de ces derniers mois. Mais ce n’est pas tout. Le professionnalisme de Mister Bigon, le fantastique travail de management que fournit Paolo Urfer (futur employé de la Nasa) ainsi que les sautes d’humeur hyper productives de Dominique Massimo ont sans aucun doute amené le succès que tout le Valais attendait.
Les Valaisans ne seront plus seuls dans l’élite la saison prochaine. La promotion des Neuchâtelois jette un souffle d’euphorie sur le football romand. Emmenée par un président qui ne connaît rien au foot, l’équipe entraînée par Gerard Castella (présent quelques fois au Red Club à Lausanne… voilà pour le côté jardin…) joue depuis quelques semaines dans un joyau au doux nom de Maladière. Premier véritable stade moderne en Suisse romande, il représente un outil aussi indispensable pour le club que les 36 téléphones portables de Luciano Moggi.

Xamax et sa nouvelle Maladière : prêts pour la LNA !
(Photo Pascal Muller) 

Les succès amenant les succès, nul doute que Servette et Lausanne retrouveront l’élite d’ici quelques années. Le projet de nouvelle STEP au sud de Lausanne, juste à côté du stade qui refoule (à moins que ça soit l’inverse) la mise en place d’un futur comité digne de ce nom, et le Team Vaud Foot sont autant d’atouts sur lesquels les Vaudois pourront compter à l’avenir. Le fantôme de Marc Roger disparu, les Servettiens travaillent à nouveau sur de seines bases, menés par la baguette d’Oncle Picsou. Même si nous ne sommes pas près de voir la Praille à nouveau comble (pour rappel elle le fut qu’une fois lors de l’inauguration, pour un match du SFC s’entend), les Grenats rejoindront à coup sûr l’élite dans les trois prochaines années.
Enfin, si toute la Romandie prie pour que Delémont et Baulmes se sauvent au détriment de Wohlen, la Challenge League compte à ce jour des valeurs sûres que sont Yverdon et la Chaux-de-Fonds. Les Vaudois et Neuchâtelois navigueront certes dans le ventre mou du classement la saison prochaine mais les ambitions du premier et l’expérience du deuxième les pousseront à truster les premières places d’ici quelques saisons.

L’avenir

Nouveau stade à Genève, à Neuchâtel et à Baulmes, projets à Lausanne et à Sion (ou plutôt Martiriddes). La révolution romande est en route, prête à faire exploser les röstis et sa barrière. Lors de la prochaine saison, les clubs alémaniques ne seront peut-être plus que sept dans l’élite. Avec un peu d’optimisme et d’imagination, ils se pourraient qu’ils ne soient que cinq la saison suivante. Nul doute que les Köpfer de la ligue ouvriront alors la Super League à 12 ou 14 clubs afin de rétablir l’équilibre. Ce jour-là, promis, j’arrêterai de dire que Zubi est le meilleur gardien de Suisse.

(*)  Un Chermignonard est le seul individu qui jette l’argent par les fenêtres, mais depuis l’extérieur vers l’intérieur.

---

Autre billet d’humeur récent sur le football romand :

Ainsi va le foot romand…

Écrit par Cracoucas