La défaite concédée 2-1 face à Delémont fait mal, d’autant que Lausanne méritait mieux. Généreuse mais pas toujours très lucide, la jeune bande à Barberis a encore beaucoup à apprendre. Mais elle a laissé entrevoir de belles qualités qui laissent augurer un avenir meilleur.
On savait que Lausanne avait décidé de rajeunir ses cadres – sûrement pour faire plaisir à la ligue, d’ailleurs, alors qu’il pointe au 2e rang du «trophée pour la promotion des joueurs M21 » – mais on ne savait pas que le club de la Pontaise avait décidé d’appliquer au pied de la lettre l’expression «classe-biberon» aussi… pour ses ramasse-balle ! Hauts comme trois pommes, ceux-ci n’étaient pas toujours très concernés par le match et, pire, faisaient les affaires des Jurassiens en ralentissant le rythme de la partie, alors que le LS courait désespérément après le score. Un vrai régal. Y aurait-il des volontaires dans la salle pour aller donner un coup de main sur la piste cendrée ?Mis à part cela, les jeunes – joueurs, sur le terrain – n’ont pas démérité. Globalement. En particulier pendant la première mi-temps, ou plutôt la première demi-heure, où Lausanne mena le bal avec envie et culot. Offensifs, audacieux, parfois même inspirés, les protégés de Bertine ont fait preuve de qualités qui laissent, malgré la défaite, augurer de très belles choses pour l’avenir. Notamment, à la pointe de l’attaque, le fidèle de la Pontaise redécouvrit un Léonard Thurre retrouvé avec un vrai attaquant à ses côtés. L’ex-Sédunois se ménagea trois grosses occasions sur l’ensemble du match et fit preuve d’un culot lors d’une reprise de volée acrobatique qui termina sa course sur les montants d’Inguscio, une vieille connaissance. Rey et Balthazar fêtaient aussi leur retour au milieu de terrain, et chacun apporta sa contribution au bel ouvrage lausannois de la première mi-temps, mais les deux joueurs, encore trop irréguliers, doivent donner davantage encore si Lausanne veut viser les sommets. Ou même se sauver. Mais nous y reviendrons.
Léonard Thurre a fait son retour à la Pontaise
Une âme retrouvée
Mais la grande satisfaction vint surtout du fait que, mené sur un contre tranchant des Jurassiens, toujours à la limite du hors-jeu et profitant des fébrilités défensives des locaux, les Vaudois n’ont pas baissé les bras. Lausanne avait enfin retrouvé une âme. Faisant preuve de courage et d’abnégation, parfois un peu maladroits certes – mais on peut tout pardonner à une équipe qui mouille pareillement son maillot – les jeunes pousses de la Pontaise firent plaisir aux 1’500 spectateurs fidèles. Et égalisèrent sur un beau mouvement ponctué d’une tête de Balthazar. LS avait le feu. Et du coup, on s’voyait déjà, en haut de l’affiche… Mais cet état d’esprit exemplaire n’allait pas durer.
Car paradoxalement, ce feu de la première mi-temps s’éteignit peu à peu en seconde période. Il faut dire que le LS prit un coup de massue quand l’arbitre offrit un penalty aux Jurassiens suite au superbe plongeon du Delémontain Kalina qui aurait fait l’admiration de Jean-Romain Delaloye. Delémont, certes maîtrisant parfaitement le ballon, se voyait très bien payé avec deux buts sur autant d’occasions. Du coup, «Heinekenoman», son plus fidèle supporter, exultait au milieu de la tribune Sud, sous les regards amusés des spectateurs.
Sur le terrain, la sortie de Pasche n’arrangea en plus pas les choses. Lausanne perdit son maître à jouer et le jeune Alvarez, bouffant sa ligne de touche, ne fit pas preuve de son tranchant habituel. Il n’y avait plus de jeu, plus de milieu de terrain, plus de créativité, et du coup, on recourut à l’arme du faible, sur-utilisée d’ailleurs durant l’ère Geiger : les longs ballons. Sans succès, bien sûr.
Bertine a encore du boulot à l’entraînement…
La nuit recouvrit alors le stade de la Pontaise et on ne vit plus de lumière jusque dans les arrêts de jeu où Lausanne, à 11 contre 10, tenta avec l’énergie du désespoir à marquer une égalisation pourtant méritée, mais Thurre et Moumouni manquèrent de fraîcheur. Lausanne s’inclinait finalement logiquement, pour ne pas avoir su – ou pu – tenir le rythme de la première demi-heure, pour ne pas avoir retrouvé l’allant et l’âme dont ils avaient alors fait preuve.
Les SRD peuvent bien sourire, car ils ont joué un sacré tour aux Lausannois. D’abord, repartir du périlleux déplacement de la Pontaise – redouté par tous les grands clubs – avec trois points dans sa bourse, c’est déjà une réussite pour le petit club jurassien qui, faut-il le rappeler, a frôlé la relégation l’an dernier. Ensuite, les Jurassiens ont maximisé leurs occasions de buts, 2 buts pour 1,5 occasions, c’est plutôt pas mal ! En outre, réduit à 10 dès l’heure de jeu, les «jaune et noirrrreuh» ont tenu relativement facilement et ont su profiter des largesses des ramasseurs de balle en perdant un temps incroyable. Finalement, ils se donnent de l’air et repoussent Lausanne, un concurrent direct dans la lutte contre la relégation, juste au-dessus de la barre !
Alors, même si on savait que cela allait être difficile cette saison, même si on sait que les jeunes vont progresser, même si on a vu pendant une bonne demi-heure l’énorme potentiel des Lausannois, ce résultat ne rassure guère. Quatre clubs relégués, c’est beaucoup. Et pour l’instant – oui, pour l’instant – le LS est sur le plan comptable parmi les plus faibles. Encore un peu tendres, comme à Schaffouse, les jeunes Lausannois perdent beaucoup de matches, mais ils ont un sacré potentiel. A Bertine de trouver le moyen de l’exprimer au mieux. Et au plus vite.
Lausanne – Delémont 1-2 (1-1)
Pontaise : 1’560 spectateurs.
Arbitre : M. Bernold.
Buts : 9e Oezcakmak 0-1. 22e Balthazar 1-1. 58e Onken 1-2 (penalty).
Lausanne : Favre ; Scalisi, Moumouni, Lacroix, Rego ; Balthazar (65e Ebe), Pasche (52e Alvarez), Basha, Rey (75e Bugnard) ; Pedro, Thurre.
Toutes les photos copyright Pascal Muller
Écrit par Benjamin Corbaz
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