Quand le FC Sion s’essaie à l’humour

Vivement l’année prochaine ! Je me réjouis de retrouver, en août 2008, le bucolique Fill Metallbau Stadion de Ried im Innkreis, où je pourrai pour la 3e année de suite me gaver de Wiener Schnitzel et, au passage, assister à un TRES TRES grand match de football… Bon, concernant le match, je vais vous la faire courte. Car, en Autriche, le spectacle ne s’est pas déroulé jeudi, soir de la rencontre, mais plutôt la veille, lors de l’entraînement des jouets du Dictateur.

Commençons toutefois par la fin et la partie contre Ried. En résumé, Sion a dominé le jeu, faisant preuve de beaucoup de solidité et d’autorité. En face, les Autrichiens étaient tout simplement risibles, aussi bien techniquement que dans leur état d’esprit. Mais voilà, une absence défensive et une incapacité à accélérer dans les 30 derniers mètres ont mis Sion dans l’embarras. L’essentiel était presque sauf après le but gag de Saborio dans les arrêts de jeu. Le Costaricien fut bien inspiré en égalisant, lui qui avait manqué tant d’occasions plus tôt dans le match. Et qui, comme souvent, ne s’était pas vraiment montré à son affaire dans le jeu. La faute peut-être à un arrière-train trop volumineux qui l’empêche de démarrer au bon moment. Je sais, je suis dur avec le meilleur buteur des Valaisans. Néanmoins, quand je le vois courir,  je ne peux pas arrêter de me dire que je pourrais facilement poser ma bière sur le haut de ses fesses sans perdre une seule goutte de mon breuvage.Enfin, en résumé, Sion possède toujours une longueur d’avance en vue de la qualification, d’autant plus que les hommes du Mister ont à faire face à une adversité plutôt faible. Tous les joueurs en convenaient dans le couloir des vestiaires. Attention toutefois de ne pas se faire surprendre à Genève. El Culeton Saborio serait bien inspiré de battre le portier Berger plus rapidement dans la partie, histoire de ne pas se faire peur inutilement. Voilà, pour le match, c’est fait.

Il y a juste un épisode que je voudrais vous faire partager. Un épisode surréaliste que nous avons vécu pendant l’entraînement de la veille de la partie, juste après une petite discussion avec Il Mister. Il fait beau et chaud. Le stade est vide, ou presque. La presse suisse est présente, quelques journalistes autrichiens aussi. Ainsi qu’une poignée de joueurs de Ried et l’entraîneur Kraft. Les Sédunois pénètrent sur la pelouse. Réveil musculaire. Exercices d’explosivité. Puis petit match. C’est là que l’on rigole. Mis à part Vailati et Gonzalez dans les buts, aucun joueur ne joue à sa vraie place. On ne veut pas dévoiler la composition aux vilains espions communistes du KGB-Stasi de Ried. C’est bien normal.
Ainsi, Saborio et Crettenand se retrouvent libéro et stoppeur. Dans l’axe du milieu, on retrouve Paito, Zaki et Kali. En pointe, Vanczak et Nwaneri. Bref, c’est le bordel. Dans les tribunes, nous nous regardons l’air amusé, en nous disant qu’il serait difficile d’annoncer les équipes probables. Mais le spectacle devient de plus en plus amusant. Saborio couvre mal ses latéraux : interruption du jeu par Bigon, qui vient corriger le placement de son avant-centre de libéro. Tout comme Chassot, qui replace Reset – suspendu pour le match – pas très habitué à évoluer en latéral droit très défensif. On travaille aussi sur les appels de balles dans la profondeur de Vanczak et Nwaneri qui sont, comme on le sait tous, les atouts majeurs de l’attaque sédunoise…
Il Mister venait de nous dire que le clé du match serait le contrôle du cuir, la circulation, la possession de balle. Et c’est bel et bien cela que le FC Sion travaillait. Une sorte de passe à dix avec des joueurs évoluant dans de curieuses positions. Tout cela pour tromper ces vilains Riedés qui scrutaient. Cependant, la discrétion et la subtilité n’étaient pas au rendez-vous. La tromperie était tellement grosse, que personne ne s’est laissé prendre au jeu. Peut-être en partie à cause de notre ami Gaston Lagaffe le Tunisien. Ched Lee – je remercie et félicite Greg pour avoir trouvé ce surnom parfait – se place sur le côté. Il hurle à Paito : «Paito, Paito, je joue ailier gauche, toi tu es dans l’axe !!!!!» Il accompagne ses paroles d’un immense sourire, de plusieurs clins d’œil, et d’un geste de la main qui dit : «Chut, tais-toi, fais comme si de rien était, car on nous observe » Ni vu, ni connu. Vous vous en doutez bien, connaissant la finesse de Gaston.

Dernier épisode du dispositif de contre-espionnage digne des plus grands James Bond, la grave blessure de Goran Obradovic. Notre Serbe national court légèrement après le ballon. Soudain, drame ultime, catastrophe horrible, tsunami dévastateur, un brin d’herbe lui effleure la chaussure, à hauteur du petit doigt de pied gauche. Pour le brave Goran, c’en est trop ! La douleur est intenable. Il part tout droit vers le banc, se fait soigner, et regagne les vestiaires. Pourra-t-il jouer jeudi soir ???? Chassot est à fond dans son rôle. C’est lui qui remplace Obra sur le terrain (il marque d’ailleurs à son premier ballon…). Il se retourne régulièrement pour s’enquérir de l’état de son stratège. L’air inquiet. Très inquiet. Le monde entier retient son souffle. Le pire, c’est que cela fonctionne en partie, puisque les journaux autrichiens du lendemain évoquent l’incident, en mettant en cause la titularisation du Serbe. Ils sont un peu cons, ces Autrichiens.
Heureusement, Goran peut jouer jeudi. Sion a sauvé la face en évitant in extremis une défaite qui aurait été ridicule. Mais attention à ne pas jouer avec le feu le 30 août. Une élimination engendrerait bien des dommages collatéraux. Et tout le club pourrait se faire du souci si le Dictateur pique sa crise. Le passé l’a déjà prouvé.

Écrit par Psyko Franco