Les Genevois avaient une revanche à prendre après le premier match de la saison. Ce fut fait de façon convaincante, même s’ils auront tremblé jusqu’à la dernière seconde. Les hommes de Chris McSorley sont désormais seuls en tête du classement.
Comme c’est devenu la tradition, Genève-Servette partait sur les chapeaux de roues : après deux minutes et demie, les Grenat ouvraient déjà le score d’une façon qui rappelait le premier but de la saison, en ces mêmes lieux et face au même adversaire. Juraj Kolnik récupérait en effet un palet en zone offensive et le ressortait à la ligne bleue pour un tir immédiat de Robin Breitbach. Mais cette fois, c’est Chris Rivera qui profitait du rebond et contournait Leonardo Genoni avec sang-froid.A partir de là, les Aigles commençaient à inquiéter. Non qu’ils jouaient mal, au contraire. La domination était impressionnante, obligeant les Grisons à se contenter de parer au plus pressé. Mais cette emprise restait stérile, même lorsqu’une agression de Marc Gianola sur Gaëtan Augsburger causait un jeu de puissance de cinq minutes.
Or on le sait bien depuis le temps, aux Vernets, les locaux font le jeu, se créent des tonnes d’occasions, mais c’est Davos qui gagne on ne sait trop comment à la fin. Et pour ajouter aux doutes, on apprenait à la première pause qu’il allait falloir se passer de Kirby Law, le meilleur compteur genevois, victime d’une déchirure abdominale.
L’espoir renaissait sur un magnifique solo d’Igor Fedulov ponctué d’un de ces tirs du poignet dans la lucarne qui furent sa marque de fabrique et dont on ne le pensait plus capable depuis quelques saisons. L’homme est décidément déroutant.
Cette réussite intervenait sur une supériorité numérique à quatre contre trois généreusement offerte par Alexandre Daigle. Alors que John Gobbi se morfondait en prison, Benjamin Winkler chargeait Thomas Déruns par derrière, ce qui lui valait une pénalité de deux minutes. L’ex-Mister Crow, estimant que le kamikaze grenat en avait rajouté, crut malin de faire admirer à M. Eichmann ses talents d’acteur en plongeant devant le zèbre. Ce qui lui valu une fort logique pénalité de match. Si le Québécois n’est plus (pas encore ?) aussi impérial que l’année dernière au classement des pointeurs, il s’installe en tout cas résolument en tête du palmarès de la sanction la plus crétine de la saison. Certains diront toutefois que si un dénommé Daigle aide Genève-Servette, c’est finalement dans l’ordre des choses.
Mais alors qu’on commençait à se dire que la tendance des dernières confrontations allait s’infléchir, et tandis que les Aigles évoluait toujours à un de plus, Goran Bezina piquait un de ses coutumiers accès de narcolepsie, laissant Reto von Arx partir en contre. Le grand copain de Ralph Krüger pouvait servir idéalement Sandro Rizzi qui déviait dans la cage ouverte. Et un peu plus de deux minutes après avoir été tuée, la partie ressuscitait. Le tiers se terminait même sur un score de parité, puisqu’une reprise de Loïc Burkhalter trouvait la lucarne de Gianluca Mona lors de ce qui sera la dernière pénalité genevoise.
On s’en doute, le troisième tiers fut extrêmement tendu, avec peu d’occasions d’un côté ou de l’autre. C’est toutefois l’équipe locale qui se montrait la plus entreprenante, et elle se voyait récompensée à trois minutes de la fin, quand un puck ressortait d’une mélée devant le but davosien et atterrissait sur la crosse de l’inévitable Fedulov. L’homme de la soirée faisait exploser de joie la patinoire en trouvant le filet dans un angle fermé.
L’enfer allait suivre. Les Grisons montraient alors enfin ce dont ils sont capable en imposant un pression étouffante, se créant dans le laps de temps restant à jouer deux à trois fois plus d’occasions nettes qu’il n’en avaient eu jusque là. Hélas pour eux, Mona se montrait une nouvelle fois héroïque. Le Léventin sauvait notamment la mise lorsqu’Andres Ambühl (toujours aussi détestable, soit dit en passant) se présentait seul face à lui dans les dernières secondes.
Rien ne sert de courir, dit la fable.
Genève-Servette – Davos 3-2 (1-0 1-2 1-0)
Patinoire des Vernets, 5’342 spectateurs.
Arbitres : Stefan Eichmann ; Peter Küng, Roger Arm.
Genève-Servette : G. Mona ; G. Bezina, J. Mercier ; O. Keller, J. Gobbi ; R. Breitbach, M. Höhener ; Jul. Bonnet, S. Schilt ; F. Conz, S. Aubin, K. Law ; J. Kolnik, J.-P. Vigier, I. Fedulov ; T. Déruns, P. Savary, J. Cadieux ; Jér. Bonnet, G. Augsburger, C. Rivera.
Absents : M. Trachsler (blessé) et L. Meunier (étranger surnuméraire).
Davos : L. Genoni ; F. Blatter, M. Gianola ; J. Niinimaa, L. Stoop ; P. Müller, J. von Arx ; A. Furrer, B. Winkler ; A. Daigle, R. von Arx, M. Riesen ; L. Burkhalter, J. Marha, D. Bürgler ; D. Wieser, S. Rizzi, M. Wieser ; A. Ambühl, P. Tatíček, P. Guggisberg.
Absents : R. Leblanc (blessé), G. M. Crameri, F. Randegger et M. Brägger (surnuméraires).
Buts : 2’31 C. Rivera (R. Breitbach, J. Kolnik) 1-0, 29’28 I. Fedulov (G. Bezina, J.-P. Vigier / 4 contre 3 / B. Winkler ; A. Daigle, purgée par D. Wieser ; J. Gobbi, purgée par Jér. Bonnet) 2-0, 31’34 S. Rizzi (R. von Arx / 4 contre 5 / A. Daigle, purgée par D. Wieser) 2-1, 38’03 L. Burkhalter (J. von Arx, R. von Arx / 5 contre 4 / T. Déruns) 2-2, 56’45 I. Fedulov (F. Conz, J. Cadieux) 3-2.
Pénalités : 5 x 2’ + 10’ (J. Gobbi, contestation) contre Genève-Servette, 6 x 2’ + 10’ (R. von Arx, contestation) + 5’ + méconduite de match (M. Gianola, charge par derrière) + pénalité de match (A. Daigle, plongeon tournant en dérision une décision arbitrale) contre Davos.
Notes : Dans le premier tiers, K. Law (déchirure abdominale) et G. Augsburger (commotion et blessure dans la région lombaire à la suite d’une charge par derrière de M. Gianola) se blessent et ne rejouent plus. 58’49 Temps mort. L. Genoni quitte sa cage jusqu’à la fin du match.
Photo copyright mediasports.ch, Pascal Muller
Écrit par Yves Grasset
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