HC Martigny : sans adjectif !

Encourageant, frustrant, raté, prometteur, inachevé, gâché, galvaudé, logique voire rassurant, les adjectifs pour qualifier le premier tour des lions d’Octodure tournoient dans l’entourage du club presqu’aussi vite que René Grand changeait d’entraîneurs dans les années nonante. Dans les travées du Forum (le frigidaire) et du forum (lieu d’échanges «amicaux» entre Red Lions), les avis divergent passablement sur les performances de cette jeune équipe.

Par conséquent, une analyse à la Develey (oh, non de grâce !) est nécessaire pour mettre le doigt sur un adjectif qui caractérisera au mieux ce début de saison pour tous ceux qui suivent le HCM de près… mais surtout de loin, considérant le nombre affligeant de spectateurs (850 de moyenne) qui se prélassent au portillon des matches à domicile.Après d’encourageants matches amicaux qui offrirent de bons points de référence face à Sierre et Viège (l’élite valaisanne du hockey selon Le Nouvelliste, puisqu’ils l’affirment, ça doit être vrai…), ainsi que les Mighty «Carlsbergiens» de Rodovre, le HCM réussit son entrée en matière dans la nouvelle saison face aux gamins suisses de moins de 20 ans. Certes, cette victoire fut obtenue grâce à un coup de bol plutôt que de génie où le HCM marqua à trois reprises en 34 secondes, donc un match où il valait mieux ne pas partir lâcher un fil au mauvais moment !
Prometteur me direz-vous mais c’est là qu’un goût de reviens-y par rapport aux saisons précédentes traversa la gorge des supporters octoduriens car la bande à Burdet s’embourba rapidement en collectionnant des défaites évitables, bêtes et regrettables (tiens, on croirait décrire Sport Dimanche sur la TSR !). Ce fut le cas face à Olten en perdant par un but d’écart, puis contre Langenthal et Coire, où les petits lionceaux d’Aegerter imitèrent le Streller national en manquant leurs deux séances de penalties.

Inutile de dire que la défaite logique face à Lausanne puis celle bien plus désolante aux tirs au but (décidément !) face à la troupe thurgovienne de Burgener (vous savez l’omnipotent entraîneur-manager-sponsor-mécène-speaker de Kreuzlingen) finirent par repousser le HCM sous cette barre maudite. Bref, en-dehors des performances de la deuxième ligne emmenée par Norman Perrin, ce début de championnat commençait à ressembler bien plus aux pantalonnades Pantelejeviennes de la saison précédente qu’à l’équipe mordante promise en début de saison par le fonctionnaire René Schwéry.
Avec 6 points empochés sur 7 matches patinés, quelque chose clochait sec dans les mécaniques affinées par Bruno Aegerter et quelques statistiques allaient indiquer précisément là où le lion avait mal à la patte. En encaissant un but sur deux (13 sur 26 pour être précis) en infériorité numérique et en perdant les pédales plus souvent qu’à leur tour à des moments clés d’un match (4 buts paquetés en autant de minutes face à Viège), l’arrière-garde octodurienne se montrait aussi fluette ou inexistante que les culottes de Britney Spears. De plus, malgré l’apport de défenseurs plus chevronnés tels que Bielmann ou Avanthay, les lignes défensives montraient régulièrement des signes de naïveté et d’inexpérience qui se firent ressentir un peu plus à chaque match ; phénomène peut-être pardonnable en raison d’une moyenne d’âge de 23 ans dans ce secteur mais fort préjudiciable au niveau comptable.
D’autre part, il fallut se rendre à l’évidence que le nouveau duo canadien Sleigher-Bellemare toussotait presqu’autant qu’un fumeur de Gauloise Bleue et qu’il pesait insuffisamment sur les matches, spécialement en box-play et dans leur tête-à-tête face aux gardiens adverses. Guère surprenant dès lors de retrouver Pierre-Luc Sleigher dans les fins fonds de la liste des compteurs avec 6 points seulement alors que Jonathan Bellemare y apparaissait à peine avec 3 maigres unités. Bref, ce bilan ne rendait qu’heureux les rigolos pronostiqueurs du Matin qui de toute façon ne font des yeux doux qu’au LHC ou au club «séparatiste» de Daniel Villard.
Par la suite, Martigny s’imposa (encore heureux !) face aux Young Sprinters qui n’ont de Sprinters que les starting-blocks dans lesquels ils sont restés calés depuis leur promotion de 1ère ligue. Mais cette embellie fut de courte durée et les cancres du Forum sombrèrent à nouveau et ce, sans la manière, face à Bienne et Ajoie, deux cylindrées bien mieux rôdées au sein de cette ligue B.

Bruno Aegerter se devait de secouer sa jeune troupe. Il la convia tout d’abord à une «matinée» de patinage supplémentaire suite à la pataugée contre Bienne et il modifia sa première ligne en associant Simon Moser aux deux compères canadiens, ce qui dégrada par la-même Nico Spolidoro en troisième ligne. Le message était clair : le statu-quo ne suffisait plus avant de se rendre à Graben, patinoire crainte ces temps-ci plus pour l’instabilité de sa structure que par les performances des potes à Cormier. Grâce à une solidarité défensive à toute épreuve (merci Rueffenacht), des contre-attaques astucieuses (merci à Burdet et Sleigher) et la grosse tête de Jooris («nous étions meilleurs que Martigny sur ce match et nous le sommes toujours», en commentaire d’après-match !), les 3 points finirent dans l’escarcelle des Octoduriens qui pourtant n’en n’avaient plus ramenés depuis belle lurette de la Cité du feu Festival de la BD.
Cette rencontre servit un peu de déclic dans la saison. Martigny se libéra par la suite en emportant des points très importants face aux imprévisibles GCK Lions et en battant de manière surprenante mais fort méritée les Daniel Villard’s boys en prolongations.
La source de ce renouveau peut s’expliquer avant tout par une solidarité «polonaise» dans le jeu défensif (mention spéciale pour Haas et Bellemare) et une application «militaire» dans les sorties de zone, avec des joueurs comme Bielmann et Parati qui mettent beaucoup de cœur à la tâche… et à la bande. De plus, avec le Québécois Sleigher qui commence enfin à secouer plus régulièrement les filets adverses (1,25 point par match de moyenne), le HC Martigny grignote des points qui seront déterminants au décompte de février afin de décider de quel côté de la barre les joueurs du HCM prendront place.

Encore faudra-t-il ajouter le mot constance au Larousse des Martignerains car les deux défaites de ce week-end canadien face à des formations à leur portée (Olten et le détestable Langenthal) soulignent que le chemin vers les play-offs est encore long. Les progrès comptables passeront automatiquement par encore plus de sérieux défensif et un taux supérieur de conversion des occasions que les attaquants se créent à la pelle durant les parties (n’est-ce pas Bellemare ?). Finalement, il faudra impérativement que la troupe d’Aegerter impose son jeu au Forum car le constat est aussi amer que le Beaujolais Nouveau : avec 7 défaites en 9 matches à domicile, qui peut vraiment blâmer les supporters potentiels de ne pas venir faire un coucou au caissier du Forum ? Un style de jeu attrayant et une envie bien visible de progresser ne remplacent pas des victoires que le public local attend depuis trop longtemps.
Au terme de cette analyse, vous l’aurez compris, il est quasi mission impossible d’affubler le début de saison de Martigny d’un adjectif unique. Dès lors, en nous tournant plutôt vers l’avenir, utilisons une expression bien répandue dans les bistrots de Bruson pour parler du HCM : «faudra faire plus mieux !».
Photos copyright www.mediasports.ch – Pascal Muller

Écrit par Archie Boxcottage