Chronique d’une journée ordinaire en Bundesliga

Ce week-end, la Bundesliga a une nouvelle fois démontré être le championnat le plus spectaculaire et le plus populaire d’Europe : cinq matchs sur neuf à guichets fermés, trente buts marqués, des ambiances de feu et des retournements de situation en veux-tu en voilà. Seule ombre au tableau : l’affreux Bayern Munich a renoué avec la victoire en dominant Wolfsburg 2-1.

La crise couvait en Bavière avec seulement deux points lors des trois derniers matchs. Les remplaçants de luxe, Ismael en tête, commençaient à critiquer les choix d’Hitzfeld, un grand journal allemand a publié un classement des meilleures ambiances dans les stades de Bundesliga dans lequel le Bayern n’arrivait qu’… en 15e position d’une liste bien évidemment emmenée par Dortmund et Schalke, les supporters ont critiqué la trop large place accordée aux VIP à l’Allianz Arena, ce qui a provoqué une grosse colère du manager Hoeness. C’est donc dans un contexte tendu que les Rekordmeister ont accueilli le VfL Wolfsburg de Felix Magath, qui lui avait été limogé du Bayern lors de la crise précédente, en février dernier. Les Bavarois se sont péniblement imposé 2-1, en grande partie grâce à Franck Ribéry. Le Français a offert le 1-0 à Klose après une bourde de Van der Heyden et marqué le 2-0, après une chevauchée de 80 mètres et un relais avec Altintop. En inscrivant son 106e but en Bundesliga, Miroslav Klose a rejoint Stéphane Chapuisat dans les tabelles, avec quasiment le même nombre de matchs joués. Quand on sait que le Vaudois était un bien meilleur passeur que le roi des buteurs de la Coupe du Monde 2006, on comprend mieux pourquoi lors de chaque fin de soirée un peu arrosée à Dortmund (pléonasme…) on finit par chanter «Chappi, Chappi, Chapuisat» avec des autochtones.

Ribéry a offert le 1-0 à Klose puis a marqué 

Séries en cours

Le Bayern conserve un point d’avance sur le Werder Brême et le SV Hambourg qui ont tous deux enregistré leur neuvième match consécutif sans défaite. Le Werder s’est imposé 2-0 sur la pelouse du faiblissime Cottbus. A relever que les Brêmois enregistraient le retour de Klasnic, après onze mois d’absence pour une greffe d’un rein mais s’étaient volontairement privés de Sanogo, coupable d’avoir expédié un coup de poing au visage de l’irritant Carlos Alberto à l’entraînement.
Tout va bien également pour le SV Hambourg, vainqueur du derby du nord contre Rostock (2-0), grâce à des réussites de ses hommes forts Van der Vaart et Olic. Le HSV vit une situation paradoxale : malgré les bons résultats actuels, tout le monde veut quitter le navire. Ce n’est que contraint et forcé que Van der Vaart est resté et l’arrivée de Ronald Koeman à Valence paraît rendre inéluctable son départ pour l’Espagne, peut-être déjà au mercato, plus vraisemblablement en juin prochain. Et l’entraîneur à succès Huub Stevens s’est d’ores et déjà engagé pour la saison prochaine avec le PSV Eindhoven pour se rapprocher de son épouse, gravement malade.

Le VfB Stuttgart a également poursuivi sa belle série en signant sa quatrième victoire consécutive, sur la pelouse de l’Eintracht Francfort (4-1). Et pourtant, l’affaire paraissait mal emmanchée pour les Souabes devant une Commerzbank Arena pleine à craquer et en furie : en quelques secondes le VfB a déploré la sortie sur blessure de sa star Mario Gomez et a concédé l’ouverture du score sur un tir de Köhler. Mais le champion sortant est parvenu à retourner la situation de fort belle manière, avec notamment le premier but (enfin) de l’attaquant roumain Marica, acheté 8 millions d’euros cet été et qui n’avait guère convaincu jusque là.

Amis, ennemis

Les deux bonnes surprises de la saison, Karlsruhe et Hertha Berlin, étaient aux prises vendredi au Wildparkstadion. Les supporters des deux camps sont liés par une vieille amitié et se sont retrouvés pour une Fanparty après la rencontre. Auparavant, comme les petits cadeaux entretiennent l’amitié, le joueur du KSC Mutzel avait offert l’ouverture du score à Pantelic. Mais Hajnal et Freis ont permis à Karlsruhe de l’emporter 2-1. Au Hertha, à noter la première titularisation de Fabian Lustenberger, qui a profité de l’absence des Brésiliens Mineiro et Gilberto, pas encore rentré des qualifications de la zone sud-américaine, et qui s’est mis en évidence avec un double sauvetage sur la ligne devant Franz et Kapllani.

Pas d’amitié en revanche entre Nuremberg et Dortmund puisque les fans de der Club sont jumelés avec ceux de Schalke 04. Et comme les amis de nos ennemis sont nos ennemis… Le BVB a trouvé le moyen de s’incliner contre le moribond Nuremberg (2-0) et en est désormais réduit à lutter contre la relégation, comme l’an passé. Consternant !

Schalke réagit

Schalke a renoué avec le succès qui le fuyait depuis près de deux mois en s’imposant 3-2 à Hanovre au terme d’un match éminemment spectaculaire dans une AWD Arena à guichets fermés. Huszti et Kuranyi y ont été chacun de leur doublé, le but victorieux a été inscrit par Halil Altintop sur une «Traumpass» de Kuranyi.
Mené 0-1 à la pause par Duisburg, Leverkusen a inscrit quatre buts en seconde période pour un large succès 4-1. Le VfL Bochum de Marcel Koller poursuit son petit bonhomme de chemin vers le maintien après son succès 3-0 contre Bielefeld, avec deux buts en quatre minutes (12e, 16e) du Polonais Mieciel sur deux centres du Slovaque Sestak.

Un bled de 3’300 habitants en Bundesliga ?

Le nom du TSG Hoffenheim 1899 ne t’évoque sans doute rien. Normal, ce club n’a aucun palmarès et, avant l’an 2000, n’avait jamais joué plus haut que la 5e division du foot allemand. Et tu auras de la peine à trouver Hoffenheim sur une carte puisque cette bourgade sise entre Stuttgart, Mannheim et Karlsruhe ne compte que 3’300 âmes. Et pourtant, un ancien joueur (amateur donc) du club, devenu entrepreneur à succès, s’est mis en tête d’en faire un club de 1ère Bundesliga : promotion en Oberliga (4e division) en 2000, en Regionalliga (3e division) l’année suivante et en 2e Bundesliga en mai passé. Pour l’instant, le stade, le Dietmar-Hopp-Stadion (du nom du généreux mécène) ne permet pas d’envisager de gravir le dernier échelon puisqu’il ne compte que 6’350 places. Qu’à cela ne tienne, même si le stade actuel est récent (1999), on est en train d’en construire un nouveau de 30’000 places, soit près de dix fois le nombre d’habitants d’Hoffenheim et presque autant que la ville voisine de Sinsheim.

Le Dietmar-Hopp-Stadion

Avec un effectif jeune et cosmopolite et un entraîneur expérimenté, Ralf Rangnick (ex Stuttgart, Hannover, Schalke), le club d’Hoffenheim se maintient dans la première moitié du classement de la Zweite Liga. Dimanche, le néo-promu recevait Cologne, un million d’habitants et dont le stade accueille en deux matchs presque autant de spectateurs que ne peut en contenir le Dietmar-Hopp-Stadion en toute une saison. Et pourtant, au coup d’envoi, seul un point séparait les deux équipes au classement. Deux buts des stars Helmes et Novakovic ont permis aux Geissböcke de s’imposer 2-0 et de venir se replacer dans la course à la promotion, après le match nul dans le choc au sommet entre Freiburg et Munich 1860 (2-2). Vainqueur 3-0 d’Offenbach, le leader Borussia Mönchengladbach paraît lui bien parti pour fêter son retour en Bundesliga puisque les Fohlen comptent désormais sept points d’avance sur la barre.

Écrit par Julien Mouquin