En rouge et noir

Les longs déplacements s’enchaînent, et s’il est vrai que les voyages forment la jeunesse, cette LNB prend alors la forme d’une véritable cure de jouvence. Après un premier tour qui aura vu les supporters se déplacer à Wil, Schaffouse, Locarno, Bellinzone et Lugano, on pourrait penser que le plus dur est fait et que le deuxième tour sera moins riche en odyssées, mais c’est oublier que Vaduz, Chiasso et Gossau sont encore au programme…

Aujourd’hui, c’est donc Lugano qui est au programme. Le match se déroulant à 14h30, le programme de ce dimanche ne laisse pas beaucoup de place pour une autre activité : départ de la Pontaise à 8h30, retour à 22h00… Ça nous fait des apéros un peu longuets, mais il faut ce qu’il faut pour se donner du courage. En effet, la seule perspective de traverser la Suisse pour aller voir le LS qui a piteusement perdu à la maison en coupe contre Gossau et qui joue un match contre le faible Lugano avec l’ambition extrême de rejoindre le ventre mou peine un peu à engendrer un réveil dynamique un dimanche à 7h00 du matin. Il y a des fois où l’on est bien content de ne pas être le seul à vivre avec cette passion qui mord aux tripes, et de retrouver la bande de copains afin de voir si, oui ou non, le record de descente de la Boxer bouteille 2,5 dl en 3,8 secondes pourra être approché.18 membres du BWFK sont au départ de Lausanne, qui seront rejoints au Cornaredo par 7 Rabiosos et une dizaine d’indépendants. A peine le temps de se dire bonjour, de se chauffer le gosier et de se battre contre le lecteur CD (c’est lui qui sortira grand vainqueur) qu’il faut tenter de se tenir au courant de l’Actualité, avec un grand A : la désignation du Ballon d’Or et surtout le tirage au sort de l’Euro 2008. Avec des supporters de la Pologne, de la France, de l’Angleterre, de la Suisse et de la Hollande dans le car, chaque boule sortie de chaque chapeau a engendré sont lot d’exclamations et de jurons. Merci donc à notre Zozoz préféré de s’être excusé de ne pas venir en nous téléphonant en direct ce tirage, qui aura somme toute donné soif à bien du monde (et permis d’abaisser le record à 3,5 secondes).
L’arrivée à Lugano se passe en douceur, le service de sécurité étant largement moins con que la saison dernière (souvenez-vous : il avait été impossible de rentrer avec une malheureuse et certes incongrue paire de palmes…) et l’accès à la buvette garanti. Le match – toute chose étant relative – n’est pas si mauvais, avec des rouges lausannois dominateurs, contre des noirs luganais plus dangereux en première mi-temps. Dans sa mythique chanson de 1986, Jeanne Mas, qui se situe entre Jordi et Bernard Minet sur le podium des légendes de la chanson française, nous parlait déjà de ce match. Elle chantait avec 20 ans d’avance «En rouge et noir, mes luttes mes faiblesses, Je les connais, je voudrais tellement qu’elles s’arrêtent» (vous pouvez contrôler, c’est une maison sérieuse ici). Et effectivement, plus le match avançait (avec notamment 20 grosses minutes du LS en milieu de seconde mi-temps) plus l’éternelle faiblesse du LS revenait sur le devant de la scène, et bordel ON AIMERAIT TELLEMENT QUE ÇA S’ARRETE : nous sommes incapables de planter un goal. Nos attaquants, depuis 18 mois, sont à tour de rôle blessés, mauvais, suspendus, maladroits, hors de forme ou imprécis.

A ce rythme-là, jamais le LS ne fera quoi que ce soit cette saison, et devra probablement même lutter jusqu’au bout contre la relégation. Thurre n’a marqué qu’un but cette saison à Cham, Drago peine à confirmer les espoirs placés en lui, Pedro est blessé sans avoir jamais vraiment impressionné… Ces trois attaquants ont marqué en tout et pour tout 4 fois cette saison en championnat, dont un pénalty. Pas la peine de se lancer dans de longues dissertations : sans un réel renfort offensif à Noël, rien ne changera au LS cette saison. La seule bonne nouvelle, en l’absence d’attaquants dignes de ce nom, est que du coup, à peu près tout le monde a planté un goal en cette demi-saison : Rodolfo, Scalisi, Basha, Balthazar, Rego, Eli, Lacroix, Bugnard, Magioglio et Ebe ont épaulé notre attaque déficiente. On se console comme on peut…
Bien entendu, à force de ne pas marquer, on se fait peur en fin de match lors des ultimes cavalcades Tessinoises. Des Luganais qui épousent vraiment une trajectoire parallèle à celle du LS : magouilles et faillite, stade de merde, concurrence du hockey, désintérêt du public, kop peu garni… Si on rajoute qu’eux sont à moins de cent kilomètres de Milan, on comprend que le spectacle présenté peine à convaincre les spectateurs existants.
Deux points perdus, à mon sens, et qui auraient fait du bien au vu du classement… Le retour sera tout de même relativement festif, avec d’un côté les membres qui noyaient tranquillement leur désabusement et de l’autre ceux qui préféraient s’oublier dans les bras des compagnes, visiblement toutes contentes de consoler leur grand dadais de copain si triste parce que le baballe, a veut pas rentrer. Gageons que certains goals auront tout de même été marqués un peu plus tard dans la soirée (normalement c’est maintenant que je place Taylor Rain, mais je vous laisse faire le travail, vous êtes assez grands).
Dernier match avant de regarder les quarts de finale de la Coupe devant sa TV : la réception de Winterthour et de nos potes de la Bierkurve, dimanche prochain à 15h00. Tout un programme, croyez-moi sur parole, et trois points absolument nécessaires avant d’entamer la trêve qui va nous priver de foot pendant mille ans.
Photos copyright www.mediasports.ch – Pascal Muller

Lugano – Lausanne 0-0

Cornaredo : 535 spectateurs
Arbitre : Mme Nicole Petignat
Lugano : Proietti, Bolay, Mazzola, Denicola, Tussi, Croci-Torti, Gavranovic, Borriello, Perrier, Bottani, Tavares
Lausanne : Favre, Rego, Eli,Lacroix, Scalisi, Rey, Basha, Malgioglio, Thurre, Bugnard, Ebe.