Xamax : Jingle Bells !

Au terme d’un match inoubliable, Neuchâtel Xamax accède aux demi-finales de la Coupe de Suisse. Les Xamaxiens, qui iront à Bellinzone affronter le leader de la Challenge League, pourront déjà compter sur deux transferts officiels à ce jour : Joao Paulo (pas sur la feuille de match dimanche, tu m’étonnes) et Ideye Brown, international nigérian des moins de 20 ans. Joyeux Noël et Bonne Année !

Ah ! Je ne sais pas si je vous ai déjà parlé de mon voisin de stade. Mais il faut que je vous raconte, d’autant plus que je ne sais pas par où commencer cet article. Mon voisin de stade donc, étant donné que je suis abonné en plein milieu de la tribune principale, est également un abonné. Autant dire qu’en début de saison le suspense est total : quel sera mon voisin, sachant que je vais me le taper toute l’année ? Et à ce jeu là, je suis maudit. C’est comme dans le bus quand je me pose sur une banquette vide, vous pouvez être sûr qu’un arrêt plus loin, une espèce d’australopithèque de 460 kg et fort peu fréquentable va entrer et s’asseoir à côté de moi. Vous l’aurez donc deviné, mon voisin, même s’il est gentil tout plein, est du genre enrobé. Enrobé mais aussi envahissant, et aussi âgé. Très âgé. Sa tignasse ondulée tirée vers l’arrière pourrait me rendre envieux, moi qui me dégarnit déjà à l’aube de mes 30 ans, si elle n’était pas jaunie par les années…
Un personnage assez effrayant qui n’oublie jamais de déguster son Ragusa au moment du coup d’envoi, même quand il fait 35 degrés au mois d’août et que le chocolat lui dégouline le long des doigts, et que Monsieur, voulant chercher un mouchoir dans sa poche pour s’essuyer, s’incline contre moi en retenant sa respiration pour rendre la manœuvre plus aisée. Je vous épargne le fait qu’il ne trouve jamais son mouchoir, et qu’il finit par se laper bruyamment les doigts, comme un chat. Sauf que c’est pas un chat. Je vous parlerai peut-être une autre fois de ses beuglées animales, à contretemps (car il ne réagit pas au jeu, mais il réagit aux réactions du public, un peu comme Chirac qui scandait les noms de l’équipe de France, vous savez). Bref. Sans être méchant, j’ai sans doute le voisin le moins agréable du stade.

Encore un penalty réussi par Rossi

Mais le miracle de la Coupe, c’est que tous les abonnements perdent leur validité. Enfin, c’est pas seulement ça, mais c’est aussi ça. Et que dès lors, Monsieur ayant renoncé à se rendre au match, il avait laissé sa place libre. J’ai pu donc m’asseoir plein de joie sur mon siège, poser ma bière sur le sien. Jusqu’à ce que je voie arriver un homme, avec un petit air de Daniel Rosselat. Mais à un détail près, le détail qui va vite me faire regretter mon papy. Ce personnage, que l’on appellera Daniel quand même, porte une écharpe jaune et noire. Berk !
Voilà donc mon introduction. Tout cela pour en arriver poussivement au fait que la délégation bernoise était comme à son habitude fort impressionnante – et bruyante un peu aussi. Moins de 7’000 spectateurs annoncés au final, dont une bonne moitié de petits hommes jaunes, pour un match qui restera dans les anales. Un match extraordinaire aux moult rebondissements. Un scénario que seule cette maudite Coupe peut nous réserver. Et peut-être plus maudite pour longtemps d’ailleurs.
Contrairement à ce que j’avais imaginé, le rythme est d’emblée très élevé, malgré le froid sibérien et les vacances imminentes pour nos footballeurs préférés (non Hakan, je ne parle pas de toi là). La première mi-temps nous donne l’occasion d’apprécier le retour en grande forme d’un Stéphane Besle impérial dans les airs et auteur de certaines interventions surprises qui permettent de récupérer et poser le pied sur le ballon. Salutaire. Les Xamaxiens en deviennent dominateurs, et regagnent les vestiaires avec une longueur d’avance, grâce à un pénalty indiscutable et fort bien tiré de Rossi. Daniel me lâche dans un très bon français «c’est mérité». Il se lève et s’en va. Ah bon !

Zubi et Xamax terminent l’année en beauté

Puis vint l’habituel pas de retrait des Rouge et Noir. Bien sûr dans un match de Coupe à 1–0 il est difficile de ne pas laisser venir un peu plus l’adversaire, mais la situation a frôlé la perte de maîtrise. Avec pour corser le tout des Bernois qui tentent de pourrir l’esprit, notamment via leurs habituels semeurs de biiip, Varela et Yakin qui n’aura même pas pris un seul carton après avoir pourtant contesté chacune des décisions arbitrales et touché «MALENCONTREUSEMENT» le ballon 149 fois de la main, du pouce, de la paume, du poignet, du coude, bref, la totale. Voilà une spécialité helvétique fort détestable, et quand Monsieur Yakin se fera expulser des terrains l’été prochain durant l’Euro, il ne faudra pas s’en offusquer.
Quoi qu’il en soit, le petit jeu des Bernois finit par porter ses fruits et Regazzoni peut égaliser. Daniel qui est revenu très en retard jubile excessivement, et s’ose à son premier «hop YB» non sans me jeter un petit regard. Je maudis le papy qui n’est pas venu. Mais Daniel le sait aussi bien que moi, Neuchâtel Xamax joue mieux et plus vite. Multipliant les combinaisons à une touche de balle, et utilisant leur vitesse et leur technique, les milieux xamaxiens mettent à mal la défense bernoise. Lang qui entre à 8 minutes de la fin du match est loin de se douter qu’il va vivre une fin de match exceptionnelle. Comme à Bâle, le jeune insolent numéro 007 Xamaxien va mystifier deux défenseurs bernois pour délivrer un caviar à Rossi qui pétouille, hélas. Mais quelques minutes plus tard, Wölfli, pourtant bien inspiré jusque là, pétouille à son tour et permet à Rak d’inscrire le 2ème but à 3 minutes de la fin du match.
L’hystérie est totale dans cette Maladière congelée. Le thé rhum est ignoble, pas question de faire des prolongations, hein les gars. Daniel est furieux, il jure et s’en va à nouveau. Mais ce lâche reviendra sur ses pas quand, depuis les couloirs du stade, il entendra son équipe revenir une fois encore à la marque. En attendant les prolongations il me dit tout le mal qu’il pense de Shi, point sur lequel on ne peut pas lui donner tort tant le Chinois paraît maladroit. Je tente de lui faire dire que Yakin ne doit pas terminer le match, je n’obtiens qu’un sourire… jaune. Je lui confie enfin, en grand prophète, que je ne suis pas inquiet sur l’issue du match malgré les prolongations, malgré la fatigue.

Chihab, l’un des héros du match

Des prolongations donc, et confiant ou pas, le moment est difficile. Pourtant Young Boys est aux abois, fatigués, imprécis et de plus en plus provocateur, les jaune et noir offrent de la place aux Xamaxiens qui jouent leurs dernières cartouches avec vélocité et courage. Lang s’engouffre encore une fois sur le flanc gauche, et avec un génie insolent centre tendu pour Chihab qui ne rate pas deux fois le coche. Nouvelle explosion de joie, nouveau départ de Daniel à qui je ne manque pas de rire au nez cette fois, convaincu que je ne le reverrai pas. Dans les dernières minutes, Zubi sauve une dernière fois son équipe, et la Messe de Noël est dite.
Au final un match sensationnel et captivant. La faible affluence (diminuée tout de même par le speaker, Coupe oblige) est fort regrettable. Toutes les petites natures qui ont préféré rester chez eux peuvent avoir honte et nourrir des regrets. Ils ont raté le match le plus passionnant de cette nouvelle Maladière. Mais comme le dit fort justement un intervenant sur le forum de Xamax, si l’audience était faible en quantité, elle fut grandiose en qualité. Tous les grincheux n’ont pas eu le courage de venir au stade cracher le fiel. Ainsi on a eu droit à un match détendu et une ambiance exceptionnelle durant 120 minutes !
Quelle fin d’année 2007 pour les Xamaxiens. Comme un symbole, Neuchâtel Xamax est le dernier club de Super League à marquer en cette année, alors même qu’il y a un an les Rouge et Noir étaient lâchés en Challenge League. Une réussite qui doit beaucoup au pragmatisme d’un Gérard Castella toujours sûr de lui. Avec l’arrivée de nouveaux éléments, Xamax aura de quoi réussir encore quelques beaux miracles dès février 2008. Avec dans le viseur notamment une demi-finale de Coupe de Suisse à Bellinzone. Depuis le temps que j’attends de retourner au Tessin, me voilà servi et heureux.
Photos copyright www.mediasports.ch – Pascal Muller

NE Xamax – Young Boys 3-2 ap (1-0, 2-2)

Maladière : 6983 spectateurs.
Arbitre : M. Rogalla.
Buts : 45e Rossi (penalty) 1-0. 78e Regazzoni 1-1. 88e Rak 2-1. 91e Schneuwly 2-2. 110e Chihab 3-2.
NE Xamax : Zuberbühler; Jenny, Besle, Quennoz, Bah; Nuzzolo, Rak, Everson, Szlykowicz (82e Lang); Coly (82e Merenda), Rossi (89e Chihab). Entraîneur: Castella.
Young Boys : Wölfli; Schwegler (89e Schneuwly), Zayatte, Portillo, Kallio (46e Regazzoni); Varela, Hochstrasser, Doubai (73e Shi), Raimondi; Yakin, Häberli. Entraîneur: Andermatt.
Notes : Xamax sans Jaquet, Malenovic (blessés). YB sans Yapi (blessé), Tiago (suspendu).
Cartons jaunes : Everson , Szlykowicz, Besle, Hochstrasser, Varela, Zuberbühler, Regazzoni, Lang.
Corners : 8-11 (5-3).

Écrit par Roby Steedman