Fribourg Gottéron : le miracle sur glace II

Personne n’y croyait un instant et pourtant ils l’ont fait ! Fribourg Gottéron a remporté l’acte IV des quarts de finale de play-off 3-2 après prolongation face à Berne. Sans Sprunger ni Botter (suspendus) ainsi que Vauclair et Bykov (blessés), la troupe de Serge Pelletier a réalisé un incroyable exploit face au vainqueur de la saison régulière pour égaliser à 2-2 dans la série.

Commençons par un peu d’histoire. Le 22 février 1980, une équipe collégienne américaine vient à bout de l’immense Union Soviétique 4-3 aux Jeux Olympiques de Lake Placid. Face à eux, la «Sbornaja» pouvait compter sur des légendes telles que Vladislav Tretiak, Boris Mikahilov, Vladimir Krutov (le père du Zurichois) et bien d’autres. La fièvre patriotique entourant cette rencontre sur fond de guerre froide a encore renforcé le côté émotionnel de ce match. A ce jour, cette victoire demeure le plus incroyable exploit de l’histoire du hockey sur glace et Herb Brooks, l’entraîneur américain, est devenu une légende.
 
Après cette petite incursion historique, revenons à la rencontre qui nous intéresse. Fribourg Gottéron dans la peau de l’équipe collégienne affronte le CP Berne qui fait figure de monstre imbattable. Équipe collégienne, Fribourg ? Joel Gennazi, Christian Bielmann, Joel Sassi ou Adrian Lauper faisaient partie de l’alignement de Serge Pelletier. Pire, aucune des lignes fribourgeoises n’avait une allure habituelle par rapport à celles que les Dragons alignaient durant la saison régulière.


Chouinard et Fribourg ont crée l’exploit !

Évidemment, l’équipe de Saint-Léonard a été dominée tant et plus durant la majeure partie de la rencontre par une équipe de Berne voulant réaliser le break afin de conclure la série dès samedi à domicile dans la VaniaUltraAvecOreillettes Arena. Après un premier tiers qui a fait la part belle aux gardiens, Gottéron a rejoint les vestiaires sur un score nul et vierge. Pour ce faire, les Fribourgeois ont pu compter, déjà, sur un Sébastien Caron extraordinaire. Jugez plutôt. Ivo Rüthemann, seul au deuxième poteau, reprenait une rondelle qui a été rebondir derrière le but. A l’opposée du but, Sébastien Caron plonge à la désespérée, la mitaine au vent et bloque. Big Save ! Et ce n’était que le début !
 
Après l’ouverture du score de Christian Dubé sur une subtile déviation, Gil Montandon s’y reprit à trois fois pour tromper Marco Bührer et ainsi égaliser. Malheureusement pour eux, les Fribourgeois encaissaient à la dernière minute de la période intermédiaire sur une reprise de volée «hornussienne» de Patrik Bärtschi. Après de longues minutes de vidéo, Dany Kurmann décida d’accorder le but, malgré les protestations fribourgeoises. A ce moment-là, peu de monde aurait cru au scénario qui allait se produire.
 
Dès la 3e minute de l’ultime période, Antonio Rizzello est totalement seul à deux mètres de Bührer et trompe proprement le gardien de l’équipe de Suisse pour remettre les deux équipes à égalité. Incroyablement disciplinés – ils n’ont écopé que d’une seule pénalité jusqu’à la 50e minute –, les Fribourgeois ont, coup sur coup, concédé deux punitions, offrant du même coup une double supériorité numérique de 90 secondes aux Bernois. La déception était lisible sur le visage des supporters fribourgeois qui n’y croyaient plus. Bordeleau, Jobin, Rüthemann, Dubé ou encore Josi se sont succédés pour allumer Caron, mais celui-ci était présent sur chaque lancer adverse. Durant cette période chaude, le Québécois a été incroyable, réalisant 8 parades décisives, portant son total d’arrêt à 45 (sur 47 tirs) durant le temps réglementaire.


Sébastien Caron a été stratosphérique

A 13 secondes de la sirène finale, Gil Montandon a encore pris deux minutes et donna encore un power-play aux Bernois durant le début de la prolongation, mais ils ne semblaient plus y croire. Face à un portier en état de grâce, était-il possible de marquer trois fois dans la même soirée ? La réponse de l’ancien dernier rempart de NHL était claire : non ! A la 65e minute, sur un tir de Marc Chouinard, Bührer ne put faire mieux que de repousser dans la crosse de Michael Ngoy. Le défenseur de Saint-Léonard expédia un missile – dévié par Christian Dubé – dans la lucarne bernoise. L’impossible exploit est devenu réalité !
 
Comme en 1980, le tout petit a battu le géant. Grâce à une immense débauche d’énergie et un coeur gigantesque, les «petits dragons» ont fait plier les Ours. Serge Pelletier a pris le rôle de Herb Brooks et Fribourg est devenu, le temps d’une frisquette soirée, le lieu d’une victoire retentissante. Certes, l’impact est moindre que celui de la victoire américaine sur la Russie, mais les émotions étaient sans doute aussi grandes. Pour parodier Al Michaels, le commentateur de l’époque : «Do you believe in miracle ? Yes !»
Photos Pascal Muller, copyright www.mediasports.ch

FR Gottéron – Berne 3-2 ap (0-0 1-2 1-0)

Saint-Léonard : 7115 spectateurs (guichets fermés).
Arbitres : MM. Kurmann, Simmen et Sommer.
Buts : 21e Dubé (Kobach, Rüthemann) 0-1, 22e Montandon (Plüss, Mäkiaho/5 c 4) 1-1, 40e (39’11 ») P. Bärtschi (Rüthemann) 1-2, 43e Rizzello (Heins, Chouinard) 2-2, 66e Ngoy (Chouinard, Rizzello) 3-2.
FR Gottéron : Caron; Heins, Birbaum; Seydoux, Ngoy; Reist, Snell; Marquis, M. Abplanalp; Neuenschwander, Chouinard, Rizzello; Mäkiaho, Montandon, Plüss; Lauper, D. Bärtschi, S. Abplanalp. Entraîneur: Pelletier.
Berne : Bührer; Jobin, Leuenberger; Josi, Kobach; Gerber, Steinegger; Jakobsen; P. Bärtschi, Dubé, Rüthemann; Abid, Bordeleau, Berglund; Ziegler, Meier, Reichert; Berger, Chatelain, Raffainer. Entraîneur: Van Boxmeer.
Notes : FR Gottéron sans Bykov, Vauclair (blessés), Sprunger, Botter (suspendus), Selivanov ni Laaksonen (étrangers surnuméraires), Berne sans Furrer (blessé), Gamache (suspendu), Dempsey, Mowers (étrangers surnuméraires) ni Froidevaux (surnuméraire). Tir sur le poteau: Chouinard (4e). Temps mort: Berne (52e).
Pénalités : 4 x 2′ contre FR Gottéron, 6 x 2′ + 1 x 10′ (Abid) contre Berne.

Écrit par George Baudry

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9 Commentaires

  1. Je connais pas grand-chose en hockey, voire rien du tout, mais en 1980, il ny avait pas eu de finale aux Jeux Olympiques, si ? Le hold-up américain avait eu lieu lors du tour final, je me trompe ?

    Ca change rien à ton très bon article, on est daccord 😉

  2. Cher John,

    Merci pour ton commentaire, cest corrigé.

    Le match avait eu lieu lors de la poule finale réunissant lUnion Soviétique, la Suède, la Finlande et les Etats-Unis. Ce match historique contre lUnion Soviétique était l’avant-dernier des Américains, mais était considéré par tous comme le plus important.

    Sportivement,

    La rédac

  3. en 1980, le 4 mars pour être précis, un autre miracle eu lieu. Et il dure toujours…

    Incroyable ce Caron et ces copains!

  4. M. Baudry

    Citer Al Michaels et « Do you believe in Miracles », bravo M. Baudry, vous remontez dans mon estime. Japprécie beaucoup plus cet article que les cris d »ordure » envers les Bernois ou vos yeux fermés par rapport aux charges de Sprunger et Botter.

    Il est vrai que tout le monde a oublié le dernier match de 1980, une victoire des USA contre la Finlande, pour se souvenir de cette victoire de légende contre lURSS, voté en 2000 par le prestigieux magazine SportsIllustrated « événement sportif no 1 du 20ème siècle ». La boucle est bouclée avec le hockey suisse lorsquon sait que Krutov, le père, a marqué un but décisif aux pénalties pour Zurich contre Lugano (en 1997 je crois) éliminant ainsi le grand favori du championnat et laissant la voie ouverte à … Berne pour être champion suisse.

    Ce fut une magnifique victoire de Fribourg hier soir; Cependant, ce nest que si Fribourg gagne la série que lon pourra parler de Miracle on Ice II; si Fribourg perd la série et que Berne devient champion, le match de hier soir restera un beau souvenir pour les fans de Gotteron mais ne sera pas très significatif dans les annales du hockey suisse.

    Berne est une machine puissante et bien huilée, cependant elle manque peut-être de scoring punch au moment décisif (leur meilleur marqueur Dubé nest que 10ème dans le classement des meilleures compteurs, malgré le fait que le SCB a fini avec 22 points davance); lannée passée, en finale, ils ont souffert du même problème perdant le 7ème match de finale … 1-0. Il leur manque finalement peut-être également un bon défenseur étranger. En effet, de manière presque paradoxale, historiquement, une des clés pour marquer aux moments clés, cest la présence dun grand défenseur étranger qui passe plus de 30 minutes sur la glace et qui fait également la différence en attaque (Ruotsolainen à la belle époque, ou plus récemment Numelin pour Lugano).

    Berne est encore archi-favori contre Fribourg, mais ils sont loin dêtre champions. Si on se réfère à la NHL, il existe le syndrome des Redwings ou des Senators, soit des équipes qui archi-dominent la saison régulière (comme plusieurs fois Detroit ou plus récemment Ottawa) pour ensuite sécrouler pendant les playoffs.

    Les Fribourgeois auront dès lors eu le mérite, dans cette série, au pire davoir poussé une équipe plus forte queux dans ses derniers retranchements ou, en cas de scénario encore peu probable mais cependant possible, de créer une immense surprise (il faudra gagner au moins une fois à Berne pour cela) et prendre enfin leur revanche pour leur défaite en finale contre Berne en 1992.

    En tout cas, match passionnant demain soir à la Berne Arena, jy serai, avec mon beau pull de 1992, 35 MONTANDON.

  5. @bench warner

    Eh oui, et jai aussi son gant quil ma donné sur la glace à Fribourg le soir du titre.

    Hier soir, un tout grand match de hockey; quelles émotions; que cest beau le sport, dans ses moments, quelle victoire de Fribourg, et quelle douche froide pour la Bern Arena !

    Bravo à Gottéron, et prions quils passent le 6ème match à la TSR

  6. Autre référence historique pour Gottéron,qui a gagné 3 matchs en prolongations de suite dans les playoffs: les Montreal Canadiens ont remporté 10 (!) prolongations de suite pendant les playoffs de 1993 pour remporter la Stanley Cup.

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