La tribu à Pasche ramène le scalp d’Ambrì

ça s'est joué à un des trois derniers cheveux de Juvonen

Il n’est jamais facile de jouer à la Valascia Gottardo Arena, dit le poncif. Et pourquoi cela ? Parce qu’Ambrì a gagné 7 matches consécutifs en novembre ? Parce qu’il faut se taper les 162 bornes reliant les locaux de Carton-Rouge et la Léventine un glacial samedi de décembre sans pouvoir circuler entre Lausanne et Palézieux pour cause de travaux ? Parce qu’il faut traverser la moitié de la banquise pour rallier la cage réservée aux visiteurs de la nouvelle enceinte ? Pas du tout. Parce qu’il est tout bonnement impossible de se procurer un billet décent pour assister au match sacrébonsangdebois ! On vous explique ça et tout le reste, en voiture wagon de deuxième classe bondé !

La minute fair-play financier

Après des semaines d’attente devant une page ticketcorner désespérément vide, le docte préposé local aux ventes en ligne a enfin daigné mettre les sésames à disposition. Sauf que la place assise la moins chère coûte 57.- et qu’on ne trouve déjà plus deux strapontins côte à côte dans une section dont le prix du siège s’élève à moins de 120.- ! C’est donc perché au sommet du secteur visiteurs que l’intrépide envoyé spécial (et désormais fauché et perclus de courbatures, à 33 balles la place en position verticale) de la rédac’ vous conte le duel entre la seule escouade tessinoise digne de ce nom et le futur champion de Suisse. On restera vague quant à la date de cette occurrence.

« Qui sème la répression récolte la colère », selon la Curva Sud (ce qui contraste un peu avec le slogan du haut). Rien sur la cupidité malheureusement.

Le match en deux mots

Ambrì-Piotta.

Deux mots que la contrôleuse du Berne-Romanshorn de 13h02 n’avait jamais entendus. Autant vous dire que nos trajets Kerzers-Ambrì et Renens-Ambrì avaient autant de sens pour elle qu’un sommet climatique dans une pétromonarchie. On ne sait pas trop ce que les statistiques CFF feront de ces deux anomalies (les trajets, le sommet climatique étant une occurrence tout à fait normale).

Le bataillon vaudois se rapproche du front. Comme on avait déjà fait la même ici, c’est désormais une tradition, mettez-vous bien ça dans le crâne.

Les trois étoiles du match

⭐️ Ivars Punnenovs. Prière de consulter la rubrique « la minute Jonas Junland » plus bas.

Ivars n’était pas masqué, contrairement à nous. Pas monstre pratiques ces stickers.

⭐️⭐️ Janne Juvonen. Il est grand, machin. Bon, comme pendant trois périodes sur quatre plus la séance de tirs au but, le natif de Kiihtelysvaara* était à approximativement 800 mètres de notre position (précaire) de commentateur, ça aurait pu être Dino Zoff qu’on n’aurait pas vu la différence. Mais il nous semble qu’il a été bon.

⭐️⭐️⭐️ Henrik Haapala, avantageusement remplacé par Robin Kovács (quel tir au but !) et donc une fois de plus meilleur quand il Haapala. Oh ça va, on s’est mordu la lèvre à chaque mention de Tim Heed toute la soirée, on peut au moins faire celle-là ou bien ?

via GIFER

*Une municipalité dont la surface était composée d’un peu plus de 8% d’eau qui n’existe d’ailleurs plus de nos jours puisqu’elle a fusionné avec Tuupovaara au sein de la commune de Joensuu en 2005. Vous le saviez forcément, mais on se permet de le rappeler.

Le tournant du match

Notre entrée dans l’échoppe « Drinks of the world » en gare de Berne. Il fallait bien deux triples IPA pour survivre à la vue d’Airolo sous la breige (brouillard+neige) à notre arrivée. Pas d’hallucinations à base d’éléphants roses, mais une drôle de rencontre sur le quai de gare qui faisait directement face à notre gîte pour la nuit, l’hôtel Forni (d’aucuns appelleraient sûrement cette plateforme le Forni-quai, mais pas nous, rassurez-vous). Bref, cette drôle de rencontre: 350’000 Tessinois (et nettement moins de Léventins, on vous l’accorde) et le premier zigue qu’on rencontre se nomme Filippo Lombardi, ancien Conseiller d’Etat du Centre (personne n’est parfait) et président du HC Ambri-Piotta. C’est évidemment encore plus drôle lorsqu’il se dirige droit… vers l’hôtel Forni, dont la salle de conférences semble être un haut lieu d’avant-match.

Lombardi et un trax miniature en gare d’Airolo.

Le slapshot en pleine lucarne du match

La performance stratosphérique des trois serveurs de la buvette ospiti de la Gottardo Arena. Les pauvres ont probablement perdu au jeu hebdomadaire de la courte paille organisé entre tous les salariés de la place pour savoir qui s’y collerait cette fois. Il faut non seulement rassasier une cinquantaine d’ultras adverses plus ou moins bien lunés suivant le résultat à plusieurs reprises, mais il faut en plus marcher quasiment jusqu’à Bellinzone depuis la partie principale de la patinoire pour trouver l’entrée de l’authentique couloir de la mort menant à la section cubaine de l’arène (Gottardamo Bay et ses multiples grillages).

Nous n’avons plus qu’à suivre ces traces et le tour est joué ! A moins que ce ne soit encore un mirage…

Le vieux rotoillon en cloche du match

via GIPHY

Le geste de Martin Frk – une ruade patins au vent en direction du visage de Lawrence Pilut, normal – a résonné depuis vendredi à la Vaudoise aréna jusqu’à samedi au fin fond de la Léventine et nous en fait perdre toutes nos voyelles de rage. On n’a qu’une chose à déclarer en l’absence de sanction délivrée sur la glace par le quatuor arbitral composé de Ray Charles, Stevie Wonder, Gilbert Montagné et Andrea Bocelli: Frk you, Martin.

On n’aurait pas forcément mis le #Jesuisfan sur celle-ci, mais c’est juste nous, hein… Au fait, si celui-ci est mauvais, y’a-t-il vraiment des bons coups de patin au visage ?

Les chiffres à la con

2. Comme le nombre de défaites du LHC lors des 9 sorties précédant son duel à la Gottardo Arena, les 2 face au terrible Rapperswil, 13ème du classement de National League et pire attaque du pays. Après 7 victoires consécutives, « il était dû pour en perdre une », nous a dit un Jonathan Fillon fort à propos au micro de MesSports.ca, une chaîne toujours prompte à nous aider à entraîner nos aptitudes en traduction littérale de la langue de Secoue-Lance. Bref, une déconvenue qui regarde mal et qui nous met bien en douleur. Et qui a marqué le dernier but deux tiers après sa tentative d’assassinat à l’arme blanche ? Frked up.

A votre gauche, vous ne devinerez jamais ce qu’on va apercevoir pour la sixième fois depuis hier.

3. Comme le nombre de passages qu’effectue le Südostbahn Zurich-Locarno devant la fameuse église de Wassen (Uri) en gravissant le Gothard. Alors voilà, c’est presque aussi intéressant qu’une épreuve de biathlon en différé, mais il ne se passe pas grand chose d’autre sur cette ligne.

12. Comme le nombre de cantons traversés lors de notre périple. Comme quoi ça valait le coup de passer par Olten et Yverdon au retour (une phrase typiquement prononcée au moins aucune fois par tout touriste de passage sous nos latitudes).

L’anecdote 

Figurez-vous qu’il y a 4 escouades féminines à Lausanne en comptant l’équipe loisirs, dont 2 dans la même ligue (même si la troisième se cache derrière le nom d’un bled voisin pour ne pas enfreindre les règles). En SWHL-D (quatrième division), le LHC Féminin 2, « qui a pour objectif la promotion en SWHL-C à court terme », selon le site officiel du club, ne voudrait surtout pas qu’on croie qu’il fait du favoritisme et lève le pied face aux copines qui ont « pour but de former et d’intégrer de nouvelles joueuses ». En termes de formation et d’intégration, pas le temps de se mouiller la nuque apparemment.

On ne se fait pas de cadeaux, même à Noël, n’en déplaise à un célèbre dentiste russo-fribourgeois.

Et sinon dans les tribunes ?

C’est très joli, les supporters font du bruit et la sono est un peu moins timide qu’à la Vaudoise. Et franchement, partager les 50m2 d’un enclos avec la Section Ouest et leurs majeurs dressés, le tout encadré par la brigade d’élite tessinoise anti-pose d’autocollants sur le plexi (oups, raté), c’est que du bonheur. Sans parler de leurs drapeaux, qui ont en commun avec le permafrost le fait de probablement renfermer des virus zombies figés depuis des millénaires. En plus du tafu et de la pécolle. Il restera tout de même une immense déception, partagée avec tous les vendeurs locaux de moufles, thé brûlant et autres radiateurs de salle de presse: contrairement à la mythique Valascia, la température des lieux se rapprochait dangereusement d’un climat humainement acceptable. Si l’augmentation généralisée de 1,5°C touche aussi cette zone de l’univers, on est vraiment foutus.

Ai Weiwei lui-même était présent au stade.

La minute Jonas Junland

La glissade magistrale de Tim Bozon en prolongations qui aurait pu coûter la victoire à son équipe sans les prouesses d’un Punnenovs auteur de 30 arrêts, dont à peu près 31 au cours des 5 minutes à 3 contre 3 (température ressentie: 35 minutes à 3 unijambistes contre 12 guerriers terriblement maladroits).

Tim Bozon dans ses oeuvres.

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La rétrospective du prochain match

Y’en a pas. En tout cas pas avant longtemps, la faute à une énième pause internationale bardée de matches amicaux dont l’intérêt est aussi grand qu’une intervention de Gérard Depardieu à la journée mondiale de l’eau minérale ou au congrès international sur la condition de la femme.

 

Crédits photographiques:

Merci à Cherpi d’avoir été suffisamment prompt pour capturer les deux célébrités qui figurent dans cet article.

A propos Raphaël Iberg 174 Articles
"Chaque matin on prend la plume parce que l'on ne peut plus faire autrement sous peine de malaise, d'inquiétude et de remords." Maurice Leblanc

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