Bâle a vaincu la malédiction

Après avoir perdu le titre lors de l’ultime journée des deux dernières saisons, le FC Bâle a vaincu la malédiction en remportant la Finalissima contre Young Boys. Le rêve bernois de remporter un premier titre depuis 1986 a été anéanti en moins de 25 minutes. Par la grâce de deux joueurs suisses, Valentin Stocker et Marco Streller.

13 mai 2006, dernière journée du championnat : un point à domicile contre Zurich suffit au FC Bâle pour être sacré champion suisse, mais les Bâlois perdent le match et le titre dans les arrêts de jeu. 24 mai 2007, ultime ronde de la saison, le FC Bâle reçoit YB (déjà) ; les Bâlois s’imposent 2-0  (déjà) mais Zurich l’emporte dans le même temps contre GC et coiffe une nouvelle fois les Rhénans au poteau. 10 mai 2008, Bâle – Young Boys, dernière journée, un point suffit à nouveau au FC Bâle contre son dauphin, Young Boys, pour être champion. Au coup d’envoi, le dénouement des deux saisons précédentes est encore dans toutes les mémoires du côté du Parc Saint-Jacques où laisser échapper un troisième titre consécutif avec le plus gros budget du pays serait très mal perçu.

Gaza ? Bagdad ? Beyrouth ? Non, Bâle !

Comme on le redoutait, les services de sécurité ont réussi à ternir la grande fête du football suisse en transformant le stade en camp retranché. Lorsque l’on arrive au stade, l’accès à notre secteur était bloqué par un cordon de policiers, les armes pointées sur la foule, pour laisser passer des supporters bernois débarqués du train. Ce qui était complètement grotesque puisque, partout autour du stade, puis dans les tribunes, les autres fans bâlois et bernois se mélangeaient joyeusement. Tout aussi absurde, l’interdiction de vente d’alcool dans le stade, alors qu’autour du Parc Saint Jacques tous les supporters se promenaient avec deux canettes de bière dans chaque main, canettes d’ailleurs en vente libre dans les stands environnants. Une vingtaine de tourniquets étaient installés aux entrées des blocs C et G, mais seuls… deux étaient ouverts. Tu en ajoutes six de l’autre côté, ça fait peu pour une tribune contenant environ 15’000 personnes. Le comble du ridicule a été atteint avec une passerelle reliant le stade à la halle Saint-Jacques voisine, construite avec des échafaudages et des panneaux de chantier, sur laquelle des policiers déambulent en scrutant la foule comme des sentinelles sur les remparts d’un château fort. Ce sera du meilleur effet envers nos hôtes lors du prochain Euro. Et il nous reste encore un mois pour ériger quelques miradors… Le pire, c’est que ces guignols se sont félicités de l’efficacité de leur système de sécurité, alors qu’ils n’ont fait qu’imposer des mesures coercitives inutiles aux supporters pacifiques mais qu’ils auraient été complètement dépassés au moindre heurt.

Le tournant de la saison

Heureusement, le décor est plus avenant à l’intérieur du stade. Cela fait plaisir de voir une arène pleine et colorée comme cela en Suisse, même s’il faudra attendre les dernières minutes pour que l’ambiance décolle un tant soit peu. Pourtant, Bâle a fait ce qu’il fallait pour mettre le feu au match. Manifestement, la leçon du match d’il y a deux ans a été retenue : les Rhénans ne veulent pas spéculer sur un match nul qui leur suffit et prendre le risque d’un accident à la dernière minute. Pourtant, la première occasion est bernoise : lancé par l’excellent Hochstrasser, Scheuwly se retrouve en position idéale mais, un peu surpris, manque son contrôle et tire à côté. On ne le savait pas encore mais YB venait de laisser passer sa chance.

Les Suisses font la différence

Car Bâle va assommer le match et, corollairement, ce championnat 2007-2008 en l’espace de dix minutes, grâce à ses joueurs suisses. Tout commence par une longue touche de Reto Zanni, une déviation de la tête de Marco Streller et une reprise acrobatique du tout jeune Valentin Stocker qui fait exploser le Jöggeli une première fois. Valentin Stocker, 19 ans, disputait là son 11e match de LNA… Et si c’était lui l’invité surprise de la liste de Köbi Kuhn pour l’Euro, comme l’avait été Johann Vonlanthen il y a quatre ans ? A Bâle, malgré l’importance du budget, on ne néglige pas la formation et, contrairement à d’autres, on n’hésite pas à lancer des jeunes talents, même aux moments cruciaux de la saison. Cette audace est récompensée et c’est tant mieux. Doublement récompensée même, puisque Stocker, auteur par ailleurs d’un excellent match, va se faire l’auteur de la passe subtile qui a permis à Marco Streller de doubler la mise avec beaucoup plus de sang froid que lors de son penalty de Cologne.

Timide réaction bernoise

A 2-0, Young Boys devait marquer trois fois pour être sacré. Il y a bien eu quelques occasions bernoises, la plus nette sur un centre de Yakin et une tête de Schneuwly bloquée par Costanzo, mais les joueurs de la capitale n’ont jamais donné l’impression de pouvoir inverser la tendance. En début de seconde période, Varela se présente seul devant Costanzo mais ne cadre pas son envoi. C’était le chant du cygne pour une formation qui a ensuite abdiqué devant l’énormité du défi qui lui était proposé. Yakin et Häberli discrets, les Ours sont apparus bien émoussés face à une équipe bâloise beaucoup plus rompue à ce type de match. Les Bernois ne sont jamais parvenus à entrer véritablement dans la partie et tout était déjà plié avant même qu’ils n’aient pu faire abstraction de la crispation liée à l’importance de l’enjeu. Ceci dit, c’est davantage lors des deux défaites concédées à domicile contre Lucerne et Neuchâtel Xamax qu’au Parc Saint-Jacques qu’YB laisse échapper le titre. Ce final mitigé n’enlève rien à la magnifique saison réussie par les Young Boys. Avec une politique intelligente, en s’appuyant sur une ossature en majorité helvétique et en travaillant dans la durée, nul doute que l’on devrait retrouver les Bernois aux avant-postes ces prochaines saisons.

La fête à Saint-Jacques

Avec un peu moins de déchet à la finition, le FC Bâle aurait pu réussir un véritable carton dans ce match au sommet. Mais l’important n’était pas là ; ce qui comptait, c’était de récupérer ce titre qui fuyait le FCB depuis deux saisons. La fête pouvait débuter à Saint-Jacques, même si l’on ne parlera pas de liesse indescriptible. C’était davantage un sentiment de soulagement et de devoir accompli qui prévalait. Les Rhénans n’ont pas mis un panache extraordinaire dans ce 12e sacre mais ils ont réussi à vaincre leurs vieux démons sur le dernier match. Cette équipe devra toutefois être passablement renforcée si le Jöggeli veut revivre les grandes soirées de Ligue des Champions. D’ici là, d’autres réjouissances sont prévues au Stade Saint-Jacques : un mois jour pour jour avant le coup d’envoi de l’Euro, cette Finalissima a constitué une sympathique mise en bouche.

Photos Pascal Muller, copyright www.mediasports.ch

Bâle – Young Boys 2-0 (2-0)

St. Jakob Park, 38’015 spectateurs (guichets fermés).
Arbitre : M. Busacca.
Buts : 13e Stocker (1-0), 23e Streller (2-0).
Bâle : Costanzo ; Zanni, Majstorovic, Marque (33e Ferati), Hodel ; Ergic, Huggel, Stocker ; Carlitos, Eduardo (91e Perovic) ; Streller (86e Derdiyok).
Young Boys : Wölfli ; Schwegler, Ghezal (54e Frimpong), Portillo, Zayatte ; Schneuwly (46e Varela), Kulaksizoglu (64e Regazzoni), Hochstrasser, Raimondi ; Häberli, Yakin.
Cartons jaunes : 16e Streller, 19e Ghezal, 32e Stocker, 59e Schwegler, 81e Regazzoni, 82e Zayatte, 83e Hochstrasser.
Notes : Bâle sans Ba (suspendu), Chipperfield, Degen, Nakata, (blessés), Cabral ni Stöckli (non convoqués), YB sans Doubai, Yapi Yapo ni Tiago (blessés).

Écrit par Julien Mouquin

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6 Commentaires

  1. Service sécurité hyper renforcé ?? Pourquoi ont-ils laissez passer Yanick Paratte ???? Ce commentateur devrait être interdit dantenne. INTERDIT dEURO un vrai scandale ce mec. Bien que je sois pas un inconditionel de Yakin, je dois avouer que cet individu na pas arrêté de le critiquer.
    De plus….le monsieur je dis bien messieur avec des minuscules vous savez le célèbre JE SAIS TOUT develey ( avec minuscule toujours ) na rien trouvez de mieux de dire que Zurich avait 28 pts de retard sur Bâle.
    Sont vraiment doués nos commentateurs.

  2. Heureux de voir le jeune Stocker titulaire pour ce match.

    Mais avec un budget de plus de 5 millions rien que pour la formation, jespère bien que léquipe baloise lance des espoirs dans le bain…

  3. Tout à fait daccord avec Agouzou et jirais même plus loin. Köbi et Ponpon ne devraient-ils pas ouvrir les yeux et év. lui donner une chance même quil ne reste que 3 semaines avant lEuro ? Un feu follet qui pourrait faire exploser les défenses adverses de par sa vision et sa technique malgré son jeune âge. Le futur Lionel Messi de lHelvétie !!! Qui plus est sentend à merveille avec Marco Streller. A méditer donc.

  4. Je rejoins tout à fait long caleçon dans son analyse. Lidée ma en effet traversé lesprit lautre soir lorsque je voyais ce jeune Stocker se ballader dans la défense burnoise. Au point où en est notre équipe à 3 semaines de lEuro, KK et M. Bridge seraient bien inspirés de tenter un gros coup en le sélectionnant dans les 23. Et du même coup laisser Gygax « le coiffeur » à la maison…

    Quant à Paratte et ses insupportables « hé hé hé », il est en passe de rejoindre PAD dans la plus totale médiocrité.

  5. Ce titre est un immense soulagement à Bâle! Enfin, après deux ans sans, le meilleure équipe du pays sur le papier lest à nouveau sur le terrain… Je tiens quand même à féliciter le BSC Young Boys pour une saison qui aura tout demandé jusquau bout. Lambiance était saine dans les gradins et sur le terrain… seul point noir de la soirée: la tentative de Varela (je ne parle pas de son occasion, mais de son coup de pied quil a essayé de donner à Hodel; cest quand que tu tachètes un cervau Carlos?).

    [Le nom courant du stade, cest « Joggeli » et non « Jöggeli » (on va me dire que je suis pointilleux, mais « schwül » et « schwul » ne veulent pas dire la même chose non plus…). Désolé M. Mouquin…]

    Concernant le jeune Stocker (en provenance de Kriens, qui descend désormais en 1. Ligue après la première saison sans Valentin): comme nous le dit larticle ci-dessus, ce jeune prodige a fait ses début en LNA cet hiver; Christian Gross sait gérer ces jeunes, mais surtout il sait ne pas les griller (cest lété, donc mieux que brûler) et laisser par exemple justement Stocker dans les gradins (même pas sur le banc) pendant une finale de coupe. Par contre il sait aussi sen servir au bon moment comme lont démontrés les matches contre Zurich et YB. Par contre je préfère la comparaison Stocker avec Walcott/Odonkor quavec Vonlanthen. En effet, langlais et lallemand ont été selectionnés pour la phase finale de la coupe du monde contre toute attente, mais surtout avec une charactéristique, qui selon moi manque à Vonlanthen: la vitesse allié à une agressivité saine juvenile. Johann Vonlanthen par contre possède un niveau de jeu au plan technique plus élaboré. Quoi quil en soit, Walcott/Odonkor nont pas brillé lors de leur premier grand tournoi (Vonlanthen en demi-teinte, seul buteur de léquipe Suisse au Portugal), puisquon sait que ces grands événement demandent quand même on peu dexpérience, ce qui pourrait profiter à Vonlanthen pour son troisième grand tournoi.

    Par contre, et je reviens là sur le sujet et donc Bâle (Champion eh oui…), maintes sont les voix (aussi rhénanes) qui estiment que notre bijoux Eren Derdiyok ne soit pas encore prêt pour intégrer une Nati qui joue lEURO à la maison!!! En effet, même après une jolie saison, lui aussi ne fait pas encore partie du « Stamm » bâlois (à savoir les 14 meilleurs joueurs de léquipe), dû à une certaine irrégularité. De plus, on ne veut même pas lui donner le bonus du Joggeli (sans ¨), puisque sur ses sept réussites de la saison, il en a mis deux à St. Gall lors de la deuxième journée de championnat et trois à Thoune (un hattrick en 22 minutes quand même…) et que à St. Jaques il ne semblait pas être en mesure de supporter la pression. On va me dire quà Wembley il y avait passé 80.000 personnes… mais il ny avait pas une pression comme léquipe suisse aura à la subir dès le 7 juin…

    Finissons sur Yakin et son ombre, les deux selectionnés dans la première convocation de ce mardi. En tant que bâlois, cest clair que je naime pas la personne Hakan Yakin; en ce qui concèrne ses atouts footballistiques par contre, je le considère comme le meilleur meneur de jeu suisse de cette saison (aussi à cause de la blessure de Margairaz) et il a amené YB presque au titre. Je ne me fait pas de mal et grâce à mes connaissances de la langue de Goethe, je peux échapper à Paratte (et les autres amateurs de la TSR). Si Yakin a été transparent lors de la Finalissima, cest que Huggel a sorti son meilleur match de la saison. Notre Benjamin ne peut certes pas aspirer à une place de titulaire pour lEURO, mais en cas de blessures ou suspensions, il peut dans la forme actuelle amener de la stabilité défensive depuis le milieu de terrain.

    Encore un petit mot sur le FCB: le tirage au sort pour la ligue des champions na jamais été aussi favorbale pour une équipe suisse. En effet pour la troisème et dernière phase finale, le FCB serait (à condition de passer le deuxième tour) dans le chapeau principal et éviterait du coup des équipes comme Liverpool, Arsenal, Barcelone, Schalke ou Brême, Milan ou la Fiorentina. Les seules grosses pointures serait lAthletico de Madrid, le troisième du championnat de France ainsi que le vainquer des play-off des Pays-Bas (à ce sujet, cartonrouge.ch pourrait nous présenter un article sur cette forme bizarre de terminer le championnat). Cest donc maintenant ou jamais! Et dautant plus Gross entame sa dernière saison de son contrat actuel…

    To be continued

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