Giro : les choses sérieuses commencent

La première semaine du Giro vient de s’achever. Si aucun fait vraiment marquant n’est à signaler, les 9 premières étapes ont livré des enseignements plutôt intéressants. Lundi, le peloton a eu droit à son premier jour de repos. Quelles feignasses crieront certains. Ils se raviseront quand ils prendront connaissance de la suite du programme.

L’homme en forme de cette première partie de course a sans aucun doute été Riccardo Ricco, sorte de mélange entre un puncher fulgurant, un bon grimpeur et un sprinter plus que correct. Un Paolo Bettini version jeune, en somme. Même si le double champion du monde peine à retrouver ses jambes depuis le début de l’année. Mais nous y reviendrons.Hormis durant les étapes 3, 4 et 9, les sprinters n’ont pas vraiment été gâtés par les organisateurs, contrairement à ce qu’il se passe traditionnellement sur le Tour de France pendant la semaine initiale. Au petit jeu de l’emballage final, Daniele Bennati a marqué les esprits en s’imposant deux fois, la troisième victoire revenant à l’espoir Marc Cavendish, qui avait notamment remporté le prologue du Tour de Romandie cette année.

Le show Ricco

Sinon, Ricco a fait le show. Le Cobra, connu aussi bien pour son coup de pédale que pour ses coups de gueules, a levé les bras deux fois, sans pourtant réussir à prendre le maillot rose qui a échu à Pellizzoti après la 2e étape puis qui est resté sur les épaules de Visconti samedi.

Entre grogne du peloton en raison de transferts post-étapes surréalistes et de routes dangereuses qui ont causé déjà pas mal de dégâts (McGee et O’Grady, de la CSC, ont dû abandonné), cette première semaine transalpine a surtout confirmé que tant Ricco que Danilo Di Luca (le tenant du titre) ont de grandes ambitions sur cette boucle 2008.

L’énigme Contador

Les deux Italiens, échappés dans une de ces nombreuses petites ascensions brutales juste avant l’arrivée de la 7e étape, ont toutefois eu la mauvaise surprise de traîner dans leurs roues Alberto Contador, vainqueur du Tour de France 2007 et invité de dernière minute avec l’équipe Astana.
L’Espagnol n’a pas roulé, il a sucé les roues en mode Cadel Evans. Ce qui n’a pas manqué de soulever la colère des coureurs transalpins, le Cobra en tête. «L’Espagnol a fait le fourbe ! Qu’on ne me dise pas qu’il était sur une plage avant d’apprendre sa participation au Giro. Il est aussi prêt que nous !» Et autres politesses dont je vous fais cadeau.

Bettini cale

Certes, Contador semble plus affûté qu’il ne l’avait laissé entendre. Mais il ne tient pas non plus la forme des grands jours. Du moins pas encore. Touché dans sa chute de samedi (fissure de la tête du radius). Affaire à suivre.
Paolo Bettini non plus n’est pas au sommet de son art. Le Toscan a pourtant tout essayé. Comme cela avait été le cas il y a peu dans la cote de la Redoute de Liège-Bastonge-Liège. Pour l’heure, il n’y arrive plus.

Samedi et dimanche, Bettini a attaqué. Il a pointé l’avant de son guidon avec les meilleurs, sans franchir la ligne en tête, battu samedi par Ricco et dimanche par Bennati. Le poids des années commence-t-il de peser sur l’Italien de 34 ans ?

Là haut, sur la montagne

Que les amoureux de la montagne se réjouissent. La suite du programme promet de grands moments. Mardi, un contre-la-montre de presque 40 km sur un parcours vallonné. Vallonnée sera aussi l’étape de mercredi. Jeudi et vendredi, un peu de plat pour permettre à Bennati de s’imposer puis, puis… Une arrivée en cote le samedi à Val di Fiemme avec le passage du Paso Manghen (2047 m) à 34 km du but.
Une autre arrivée en cote le dimanche, dans le lieu-dit des Dolomiti Stars, après 153 km de folie qui feront passer les coureurs par le Pordoi (2239 m) d’entrée de jeu, le San Pellegrino (1918 m), le Glau (2236 m) et le Falzango (2117 m). Et le clou du spectacle, lundi, un contre-la-montre en cote de malades jusqu’à Plan de Corones sur 12,8 km, avec des passages à 24 % (!!!) sur… terre battue. Ouais, ça fait mal aux jambes juste d’en parler. Et le plus drôle, c’est que c’est encore pire après.

Écrit par Psyko Franco