Boches, du travail de pro

Alors qu’on pouvait craindre, 32 ans après, un nouveau match de la honte tel l’Allemagne-Autriche de sinistre mémoire à Gijon, il n’en fut rien et on aura au moins eu le droit à une vraie rencontre de football. Certes, celui-ci n’aura pas atteint des sommets d’intensité et ne figurera pas au panthéon du ballon rond mais, à défaut d’être emballante, la partie fut au moins plaisante. Et au final, les deux équipes se retrouvent qualifiées pour les huitièmes et renvoient le Portugal à la maison. Un bon début de soirée somme toute.

1. Le résumé. Sous le déluge de Recife, c’est l’Allemagne qui entame le match tambour battant et pilonne la défense américaine, telles les mitrailleuses du Reich annihilant les velléités des braves soldats de l’Oncle Sam sur Omaha Beach 70 ans plus tôt. Une fois l’orage passé sans encombre au niveau du tableau d’affichage, les US Boys se montrent de plus en plus présent et parviennent à ouvrir quelques brèches dans les lignes défensives teutonnes et se montrent de plus en plus présents. Il en résulte une lutte équilibrée jusqu’à la mi-temps. De retour des vestiaires, les héritiers des casques à pointes germaniques reprennent l’ascendant et inquiètent à plusieurs reprises Tim Howard, par ailleurs excellent et c’est finalement logiquement que Thomas Müller parvient à inscrire son neuvième but en Coupe du monde en autant de rencontres. La réaction américaine fut rapide mais Manuel Neuer parvient à garder ses filets inviolés pour la deuxième fois en trois parties. Le résultat de l’autre rencontre du groupe arrangeant les deux équipes, l’intensité faiblira en fin de rencontre et les dernières minutes ne furent que remplissage, les acteurs savourant une qualification finalement méritée.
2. L’homme du match.
Bien sûr Thomas Müller a été à nouveau décisif, bien sûr Tim Howard a retardé l’échéance le plus longtemps possible en effectuant quelques belles parades, bien sûr le polo de Joachim Löw était particulièrement seyant mais celui qui, à mon humble avis, est clairement sorti du lot lors de cette rencontre, est le taulier Bastian Schweinsteiger. Sans doute agacé et vexé, mais dans le bon sens du terme de n’avoir pas été titulaire lors du premier match de la Mannschaft face au Portugal, le milieu de terrain du Bayern a fait preuve d’une combativité et d’une abnégation au-dessus de la moyenne. N’hésitant pas à se porter sur l’offensive plus qu’à l’accoutumée, il a démontré à Joachim Löw qu’il pouvait compter sur lui. Et il ne faut pas oublier qu’une Coupe du monde se gagne souvent grâce à la qualité de son banc. Et accessoirement mon collègue et surtout ami, Yves Martin, pour le titre de cet article !
3. La buse du match.
Massimo Lorenzi. Et sans hésitation. Comment oser diffuser une rencontre entre les 2 équipes totalisant 1 point chacune avant le début de leur partie en lieu et place de celle opposant les 2 équipes en totalisant 4 chacune ? Je veux bien croire qu’il y a un certain nombre de ressortissants portugais dans notre chère Romandie mais l’aspect sportif ne doit-il pas toujours primer ? Surtout que TF1 diffusait déjà Portugal-Ghana ? Et la situation n’est-elle pas identique en Suisse allemande et au Tessin ? Et pourtant la DRS et la RSI ont retransmis le match Allemagne-USA ? Massimo, s’il te plait, pour le bien de tous, retournes à l’actu. Merci.
4. Le tournant du match.
On a cru un instant que le remplacement de Podolski par Klose à la mi-temps pourrait non seulement constituer un tournant dans cette rencontre mais également dans l’histoire de la Coupe du monde puisque en cas de réussite, «Hat Man» aurait relégué Ronaldo aux oubliettes et serait devenu l’unique meilleur buteur de l’histoire des phases finales. Mais il n’a pas scoré et c’est son coéquipier Thomas Müller qui s’en est chargé, assurant ainsi la première place du groupe et lui permettant d’éviter la Belgique en huitièmes. Peut-être un sacré tournant pour la suite de la compétition tout de même.
5. Le geste technique du match.
Outre la qualité technique de la reprise de Thomas Müller sur la seule réussite de la rencontre, l’observateur averti aura noté le changement de tenue de Joachim Löw à la mi-temps. Sobre, classe, comme d’habitude.
6. Le geste pourri du match.
Le déluge. Pas facile d’évoluer sous une telle averse. Le nombre de tacles glissés, surtout du côté américain, a été assez nombreux tout de même. Et pour 3 cartons jaunes seulement au final. M. Irmatov a été coupable d’un certain laxisme sur ce plan. Heureusement sans conséquence fâcheuse pour la santé des joueurs. Mais l’intervention de Bradley les deux pieds décollés sur Lahm, pour n’en citer qu’une, aurait mérité au moins le jaune.
7. Ce match m’a fait penser à…
Au débarquement. La puissance de feu allemande face au courage américain. Mais avec les Boches dans le rôle des assaillants et une victoire.

8. L’anecdote.
Barack Obama a regardé la rencontre depuis Air Force One alors qu’il effectuait le vol Washington-Minneapolis. J’espère que le Commandant de Bord lui a rappelé que l’usage d’appareils électroniques était interdit pendant le décollage et l’atterrissage et qu’il devait se mettre sur mode avion pendant la durée de vol.
9. Le tweet à la con.
#CM14 Les sanglots longs des violons d’automne bercent mon cœur d’une langueur monotone
#CM14 Barack
10. La rétrospective du prochain match.
Déplacés au Qatar en raison des émeutes consécutives à l’élimination du Brésil par le Chili, les autres huitièmes de finale se déroulent par une température de près de 50 degrés. Les Allemands sont sortis par des Algériens plus habitués à la canicule et qui vengent ainsi Rabah Madjer et ses coéquipiers de 1982 victimes du match de la honte entre cousins germaniques. Opposés aux Diables Rouges, les Ricains, qui ont installés leur camp de base à Kandahar, s’imposent également et des scènes de joie sans précédent sont vues dans toutes les villes des Etats-Unis.

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5 Commentaires

  1. je crois que de tacler Massimo Lorenzi est totalement peine perdue.
    Ce gars est totalement incapable d’auto-critique se contentant de narguer ses détracteurs sur Twitter pour mieux encenser les moutons qui trouvent buvables la couverture de la RTS pour cette CM.
    Meme à l’actu ils n’en veulent plus. …
    Radio Narcisse pourrait lui proposer un job, qui sait…

    quel titre pour cette article !. Magnifique

  2. je sais qu’il est de bon ton de tapper sur la rts (et Massimo), qui, il est vrai, n’est souvent pas à la hauteur… Mais dans le cas présent, je ne suis pas d’accord. Nous avons trois chaînes nationales, deux montraient deja Allemagne-USA. (Un peu de bilinguisme n’a jamais tué personne 😉 De plus le match étaient visible sur le site Internet. La plupart du temps, les commentateurs de la RTS sont de toute façon critiqués (notamment sur CR), et maintenant vous vous lamentez de n’avoir pas de commentaires en français… Un peu de cohérence SVP. De plus l’argumentaire des deux équipes à 4 points ne tient que partiellement la route. En cas de défaite des USA, il y avait réellement une chance de qualification pour le Ghana (ok, peut-être un peu moins dès le moment ou certains semblaient plus intéressés par leur prime que de la qualification).
    C’était juste une petite remarque en passant. Pour le reste, magnifique travail de CR durant ce CM. On se régale, merci beaucoup…

  3. On soulignera quand même les courageux choix de la RTS durant ce mondial, comme par exemple ne pas diffuser Angleterre-Costa Rica, Espagne-Australie et Iran-Bosnie…

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