Viva Colonia !

Plus qu’une ville, plus qu’une région, c’est tout un peuple qui attendait cela… Ils l’ont fait ! Le 1. FC Köln est de retour en Bundesliga. Après deux saisons au purgatoire, les Geissböcken ont réussi leur pari : retrouver l’élite du football allemand.

Leur ascension, bien que programmée par les spécialistes et autres pronostiqueurs, fut bien plus difficile que prévu. En effet, le FC a effectué un parcours en dents de scie avec toutefois un sprint final haletant qui a permis de mener les rouges et blancs au paradis.Cologne compte plus d’un million d’habitants, il s’agit de la quatrième ville d’Allemagne derrière Berlin, Hambourg et Munich. Si la cité est réputée pour son eau (forcément !), son dôme (non, pas l’entraîneur !) et son carnaval, elle vit comme chaque ville allemande au rythme de son équipe de football. Il faut dire que le 1. FC Köln fut (est) un grand d’Allemagne et possède un glorieux passé. Durant les années septante et jusqu’au début des années nonante il luttait pour le titre. Le déclin commença malheureusement au milieu des années nonante et depuis le FC végète entre le bas du classement de la D1 et la promotion en D2. Aux yeux des Allemands, le 1. FC Köln reste un club historique, une «Traditionverein» qui a sa place parmi l’élite et qui, à l’image du Hambourg SV, du Borussia Dortmund et du Bayer Leverkusen, devrait lutter pour une place européenne chaque année (UEFA… il ne faut pas exagérer non plus…).


Le concert des Rolling Stones ?
Non, la promotion du 1. FC Köln !

Le parcours 2007/2008

Cette saison, tout le monde, tant à l’intérieur du club qu’à l’extérieur, attendait la promotion du FC. Le club possédait le deuxième budget de la division (derrière les rivaux historiques de Mönchengladbach) et avait recruté les «stars» de la zweite Liga. La pression imposée par les médias, les dirigeants et les fans était telle qu’il n’y avait aucune alternative à la montée en Bundesliga. Le parcours fut toutefois bien chaotique et totalement inconstant. A aucun moment le 1. FC Köln n’a véritablement semblé maîtriser son sujet. Il a surtout bénéficié de certains résultats parfois surprenants de ses poursuivants et il a tout de même réalisé deux fins de tour assez exceptionnelles. Le public a également joué un grand rôle, il a souvent fait office de douzième homme en encourageant sans discontinuer et en stimulant son équipe pour qu’elle se surpasse.
Plusieurs dates clés sont à retenir ; tout d’abord lors de la troisième journée, alors que Cologne est encore mené 3-1 à la 77ème minute sur sa pelouse contre la faible équipe de Jena (futur relégué) et que, poussé par une foule en délire, le FC parvient à renverser la situation et à s’imposer 4-3. Une victoire qui fut à mon sens déterminante au niveau du moral et qui contribua à créer un état d’esprit de lutteurs hors du commun au sein de l’équipe. Une volonté qu’on a pu voir et revoir à de maintes occasions et qui a permis au FC de combler certaines lacunes techniques assez criardes.
Ensuite, la fin du premier tour où le 1. FC Köln réalise 5 matchs/12 points après avoir traversé une mini crise courant octobre. Cette série fut décisive et elle permit au FC de figurer à Noël, un peu miraculeusement, à la troisième place synonyme de promotion.
Le deuxième tour fut à l’image du premier : rempli de hauts et de bas. A nouveau l’équipe a su se réveiller au bon moment et a fini sur une impressionnante série. Les deux victoires à domicile lors des 31ème et 33ème journées (sur 34) contre deux concurrents directs (Hoffenheim et Mainz) ont permis aux Geissböcken de retrouver l’élite.

Le 11 mai 2008 (date de la promotion) restera à jamais dans la tête et le cœur des Kölner tant la fête fut exceptionnelle. Durant une semaine la ville fut sans dessus dessous, à croire que c’était déjà la période du carnaval de Cologne. Cela démontre à quel point cette ville aime son club et quelle importance il occupe dans la vie des gens, c’est un autre monde pour nous autres petits Suisses…

Les hommes

Le 1. FC Köln a toujours réussi à attirer certains joueurs mythiques du football allemand tels que W. Overath (actuel président du FC), B. Cullmann, K. Allofs, B. Schuster, H. Schumacher, P. Littbarski, J. Kohler, T. Hässler, B. Illgner et autre L. Podolski… Cependant, vu le statut actuel du club, l’effectif de cette saison était composé d’illustres inconnus, du moins pour une personne qui ne s’intéresse pas à la zweite Bundesliga (et je la comprends).
Pour les plus fins connaisseurs, vous aurez peut-être remarqué que Cologne s’est inspiré de la technique d’achat du Bayern Munich en recrutant les meilleurs joueurs des clubs de leur division et en y ajoutant des étrangers de valeur. Bien sûr, il ne s’agit pas de Ribery ou de Toni mais plutôt de Novakovic (international slovène, 20 buts cette saison et meilleur buteur de la division) ou Antar (international libanais, le vrai régulateur du jeu de Cologne, élu joueur de la D2 la saison précédente). Comme c’est souvent le cas actuellement dans le football, l’équipe est composée de joueurs venant d’horizons différents. Dans l’effectif on peut dénombrer un Colombien, deux Libanais, un Serbe, un Slovène, deux Turcs, un Macédonien, un Canadien, un Français, un Hondurien, un Brésilien et seulement treize Allemands dont la plupart ne sont que remplaçants !


Les joueurs savourent leur promotion

La vraie «star» de l’équipe c’est l’entraîneur : Christoph Daum. Surnommé le Messie de Cologne ! Pas pour avoir réussi la promotion cette saison mais bien parce qu’il est le dernier coach qui a eu du succès avec les Geissböcken lors de son premier passage à Cologne dans les années huitante. Il était ensuite parti gagner le titre de champion d’Allemagne au VFB Stuttgart, avant d’entraîner le Bayer Leverkusen où il a connu quelques problèmes de drogue ; vous me direz normal lorsque l’on entraîne Leverkusen, banlieue grisâtre et club rival de Cologne, on ne peut que mal tourner ! Il a ensuite glané quelques titres de champion en Turquie (Besiktas et Fenerbahçe) et en Autriche (Austria Vienne) avant de revenir dans le club de son cœur et de le faire remonter à l’étage supérieur malgré une pression incroyable. Il a réussi à tirer le maximum de cette équipe en demandant à chacun d’aller au bout de ses dernières limites et en exploitant de manière optimale les capacités de ses joueurs.
La star de l’équipe aurait pu être Patrick Helmes (23 ans, 17 buts cette saison). L’attaquant était d’ailleurs dans la liste des 26 présélectionnés avec l’équipe d’Allemagne pour l’Euro 2008. Il a formé le meilleur duo d’attaquants de la zweite Liga avec le Slovène Novakovic. Ils ont d’ailleurs marqué à eux deux 60% des buts de l’équipe !
Or ce «traître» ne sera jamais la star du 1. FC Köln ! Son contrat arrivant à échéance en juin 2008, il a signé à Noël déjà pour le grand rival du Bayer Leverkusen. Du côté du FC on le remercie pour ce qu’il a fait cette saison et pour son comportement exemplaire, mais il vaudra mieux se boucher les oreilles lorsqu’il touchera le ballon au Rheinenergie Stadion la saison prochaine. Qu’un joueur veuille partir pour un club plus grand (ce que le club pharmaceutique n’est pas comparé au 1. FC Köln) est tout à fait compréhensible, d’ailleurs Podolski formé à Cologne et transféré au Bayern Munich est toujours adulé du côté du FC, mais on ne part pas chez «l’ennemi» !
Cette promotion n’aurait pas pu intervenir sans un autre joueur : Faryd Mondragon. Le gardien colombien, bien qu’âgé de 36 ans, a été phénoménal de la première à la dernière journée. Il a sauvé le FC à de maintes reprises (notamment lors d’un match charnière contre Wehen/Wiesbaden lorsqu’il a retenu un penalty et assuré au FC trois points d’une importance capitale). En plus de son talent et de ses parades déterminantes, il s’est imposé comme le leader du groupe et a démontré une envie et une volonté hors norme tout au long de la saison.


Christoph Daum, le Messie de Cologne

Le futur

Il ne faut pas se le cacher, Daum et les dirigeants le savent aussi : sans d’importants renforts c’est la relégation quasi assurée l’année prochaine. De plus le FC perdra Helmes, qui a tout de même grandement contribué à la promotion, Mondragon aura une année de plus et Novakovic qui a eu une année exceptionnelle n’aura (peut-être) pas autant de réussite en première division.
D’ailleurs et malgré la promotion, l’entraîneur n’était pas certain de rester, il voulait être sûr de l’intention des dirigeants, notamment au niveau du budget alloué aux transferts. Quelques jours après le dernier match de championnat, sa décision est tombée : Daum a écouté son cœur et reste entraîneur du FC ! Ce fut un énorme soulagement pour tout le monde au sein du club. D’une part car les supporters l’adorent et, surtout, parce que cela signifie que le 1. FC Köln aura des ambitions la saison prochaine car il ne serait jamais resté sans certaines garanties de la part de ses dirigeants. Un projet ambitieux est en route du côté de Cologne. Le président a confirmé que le FC aura un budget record de 50 millions d’euros la saison prochaine et que Daum aura 18 millions d’euros à sa disposition pour les transferts de cet été. C’est loin des montants de Manchester United, de Chelsea ou du Bayern mais cela reste une jolie somme et avec l’habilité de l’entraîneur et du manager M. Meier (manager de Dortmund lorsqu’ils ont fini champions d’Europe), on peut espérer un recrutement de qualité. Ils veulent six joueurs pour la saison prochaine : deux défenseurs, deux milieux et deux attaquants. On parle d’ailleurs beaucoup de l’Islandais Gudjohnsen (Barcelone) qui serait un renfort de poids malgré son faible temps de jeu en Catalogne.
Dans l’ambitieux projet des dirigeants la saison prochaine est cruciale. Il faut impérativement réussir à se maintenir, puis consolider cette place en première division et enfin retrouver le haut de tableau et lutter régulièrement pour une place européenne d’ici à cinq ans. Une nouvelle relégation serait donc très mal vécue et constituerait un véritable frein au projet.


Après l’effort, le réconfort… Santé !

Pour atteindre cet objectif les dirigeants doivent absolument utiliser l’effervescence qui gravite actuellement autour du club. En effet, il y a rarement eu autant d’engouement et de passion autour du FC même lorsqu’il luttait dans le haut du tableau.
Le 1. FC Köln n’est donc pas un club comme les autres (43’000 spectateurs de moyenne en deuxième division cette année !), sa place est en Bundesliga. Il est temps d’effacer ces années de vaches maigres et de retrouver un club qui lutte chaque année pour le haut du tableau. Espérons qu’un vent nouveau souffle sur Cologne car il est grand temps que le 1. FC Köln retrouve ses lettres de noblesse.

Écrit par Didier Rickli

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2 Commentaires

  1. vachement drole !
    le Bayer Leverkusen où il a connu quelques problèmes de drogue ; vous me direz normal lorsque l’on entraîne Leverkusen….

    fallit le faire !

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