Le grand défi de Lucien Favre

La deuxième partie de ces présentations de Bundesliga s’intéresse au néo-promu Cologne, au Francfort de Spycher, au Leverkusen de Barnetta et Schwegler, ainsi qu’aux clubs des deux entraîneurs suisses, le VfL Bochum de Marcel Koller et le Hertha Berlin de Lucien Favre.

1. FC Köln

Le néo-promu Cologne était à la recherche d’un attaquant, d’une part pour compenser le départ de la star Helmes, d’autre part parce que l’autre attaquant vedette du FC, Novakovic, qui me rappelle un peu Streller, ne donne pas toutes les garanties pour s’affirmer en 1ère Bundesliga. C’est là que débute le conte de fées : mécontent de son temps de jeu au Bayern, Lukas Podolski se déclare prêt à renoncer à jouer le titre et la Ligue des Champions en Bavière pour aider son club formateur à se maintenir. Le plus illustre supporter du FC, Michael Schumacher, s’engage à financer personnellement le transfert. Mais, comme dans tous les contes de fées, il y a une méchante sorcière et, en Allemagne, le méchant s’appelle souvent Bayern Munich. Après avoir fait le forcing, en vain, pour engager Mario Gomez comme 3e attaquant derrière Toni et Klose, les Munichois déclarent subitement qu’ils comptent toujours sur Podolski et que son transfert est exclu. Fin (malheureuse) de l’histoire. Du coup, c’est le Nigérian Ishiaku et le Roumain Radu qui viennent renforcer l’attaque des Geissböcke, deux bons joueurs mais pas du même gabarit que Prinz Poldi. Même s’il risque de manquer un peu d’efficacité devant, le 1. FC Köln présente une équipe intéressante. Les internationaux camerounais Wome et portugais Petit vont apporter leur expérience ; fantasque la saison dernière, la défense sera bonifiée par l’arrivée du Brésilien Geromel, considéré comme l’un des meilleurs joueurs du dernier championnat portugais où il a amené le néo-promu Guimaraes en qualifications de la Ligue des Champions. Je ne pense pas qu’il amènera le néo-promu Cologne aussi loin (désolé Didier…) mais le maintien apparaît parfaitement dans les cordes des hommes de Christoph Daum. Comme le chantent les supporters : «Zweite Liga, nie mehr »
Arrivées : Petit (Benfica), Brecko (Hambourg), Brosinski (Karlsruhe), Sanou (Freiburg), Wome (Werder Brême), Geromel (Vitoria Guimaraes), Ishiaku (Duisburg), Radu (Stuttgart).
Départs : Helmes (Leverkusen), Suazo (Antalya), Gambino (TuS Koblenz), Alpay ( ?).
Pronostic : 13e.


Novakovic, le Streller de Cologne

Eintracht Francfort

Après la 9e place de l’an passé, SGE a quelques vues sur les places européennes. Cela me paraît un brin optimiste. L’équipe est certes solide et joue ensemble depuis plusieurs années, elle n’aura pas de soucis de relégation. Mais elle devra faire oublier le départ du pilier de la défense Kyrgiakos et le limité Amanatidis apparaît toujours bien seul en pointe. Certes, le Grec Liberopoulos et l’Autrichien Korkmaz vont venir apporter une animation sur les côtés qui faisait défaut depuis le départ de Streit l’hiver dernier, alors que l’arrivée de Bajramovic va muscler le milieu de terrain. Je doute toutefois que cela suffise à gommer la qualité technique très moyenne de l’ensemble et la relative lenteur d’une équipe qui a toujours valu davantage par sa combativité que par son talent. Deux joueurs pourraient toutefois permettre à SGE de franchir un palier, les prodiges brésilien Caio et tchèque Fenin. Arrivés tous deux en janvier dernier, ils ont montré quelques belles promesses mais ils doivent encore acquérir de la régularité et s’affirmer comme les leaders de l’équipe. Ce n’est qu’à cette condition-là que l’Eintracht pourra viser un peu mieux que le ventre mou du classement.
Arrivées : Steinhöfer (Salzburg), Krük (Emden), Korkmaz (Rapid Vienne), Bellaid (Strasbourg), Liberopoulos (AEK Athènes), Bajramovic (Schalke 04).
Départs : Weissenberger (LASK Linz), Mantzios (Panathinaikos), Kyrgiakos (AEK Athènes), Chaftar (Duisburg).
Pronostic : 12e.


Amanatidis, trop seul en attaque 

VfL Bochum

Seul maître à bord depuis le départ du directeur sportif Stefan Kuntz, Marcel Koller a parfaitement réussi sa campagne de transferts. L’entraîneur suisse est en effet parvenu à garder ses meilleurs éléments de la saison écoulée, à commencer par son joyau slovaque Stanislav Sestak, ce qui n’a jamais rien d’évident pour le modeste Bochum. Un seul titulaire a quitté la Ruhr, l’inconstant gardien Lastuvka que le Portugais Daniel Fernandes ne devrait guère avoir de peine à faire oublier. L’arrivée la plus remarquée est celle de Paul «Slawo» Freier, un joueur parfois nonchalant et irrégulier mais doté d’une vision du jeu et d’un sens de la passe remarquables. Son association avec Sestak promet quelques belles soirées du côté du rewirpowerstadion. Sinon, on notera l’arrivée de l’international autrichien Fuchs et le retour de l’attaquant iranien Hashemian, auteur d’un passage remarqué à Bochum entre 2001 et 2004 avant d’aller se perdre au Bayern et à Hanovre. Le VfL devrait donc poursuivre son petit bonhomme de chemin en Bundesliga en s’appuyant comme d’habitude sur une organisation sans faille et un engagement de tous les instants qui en font l’une des équipes les plus difficiles à manier de la ligue.
Arrivées : Rathgeber (Unterhaching), Ilicevic (Greuther Fürth), Hashemian (Hannover 96), Freier (Leverkusen), Fernandes (PAOK Salonique), Lengsfeld (Regensburg), Neumann (Werder Brême), Kaloglu (Bursaspor), Fuchs (Mattersburg).
Départs : Lastuvka (West Ham) Belik (Donetsk), Meichelbeck (Greuther Fürth), Bechmann (SC Freiburg), Auer (Aachen), Sand (Austria Vienne).
Pronostic : 11e.


Sestak, un nom à retenir

Hertha BSC Berlin

Après une première saison honorable, ponctuée d’une qualification européenne inespérée grâce au fair-play, l’opinion attend du Hertha de Lucien Favre une progression sensible dans la hiérarchie du foot allemand. Les départs concernent essentiellement des remplaçants mais les nouveaux venus ne sont pas des joueurs confirmés. Lulu pourra compter sur trois nouveaux Brésiliens (dont le demi Cicero Santos, ancien finaliste de la Copa Libertadores avec Fluminense), quatre si l’on compte le retour de Lucio qui avait démontré quelques qualités l’an passé avant de se blesser grièvement, et quelques jeunes. A priori, pas de quoi grimper considérablement au classement même si l’entraîneur vaudois a eu plus de temps que l’an passé pour préparer son équipe et n’a pas dû repartir de zéro comme il y a douze mois. Mais l’extraordinaire Marko Pantelic paraît toujours aussi esseulé en attaque. Sur le papier, l’Alte Dame ne vaut sans doute pas mieux que son 10e rang de l’an passé. Un classement  plus favorable sera à mettre au crédit de Lucien Favre dont on connaît la capacité à faire progresser collectivement et individuellement des joueurs à la base guère considérés. Lulu peut-il refaire à Berlin ce qu’il avait réussi à Echallens, Yverdon ou Zurich ? C’est le grand défi qui lui est proposé.
Arrivées : Cagara (Nordsjaelland), Lakic (Heracles Almelo), Stein (Hansa Rostock), Kaka (Academica), Nicu (Wehen Wiesbaden), Rodnei (Jagiellonia Bialystok), Cicero Santos (Fluminense), Chermiti (Etoile Sportive du Sahel).
Départs : Grahn (Tarragona), Skacel (Southampton), Wallschläger (Carl Zeiss Jena), Ede (MSV Duisburg), Bieler (1.FC Nürnberg), Andre Lima (Sao Paulo), Mineiro ( ?), Cubukcu (Genclerbirligi), Schmidt (retraite). Lakic (Kaiserslautern).
Pronostic : 10e.

Bayer Leverkusen

Les Rheinländer devront d’abord surmonter le traumatisme de la fin de saison dernière où ils ont été évincés des places européennes après avoir passé la majeure partie du championnat dans le peloton de tête. Ce couac a été fatal à Michael Skibbe, remplacé par un jeune entraîneur, Bruno Labbadia, pour une saison a priori de transition. A l’image du stade, en voie d’agrandissement (ce qui contraindra le Bayer à jouer son 2e tour dans la somptueuse LTU-Arena de Düsseldorf), l’équipe est en reconstruction. Barbarez et Ramelow à la retraite, Schneider handicapé par des ennuis de santé, Leverkusen risque de manquer un peu de bouteille. Les Adler, Kiessling, Schwegler, Henrique, Renato Augusto (auteur d’un but d’extraterrestre au 1er tour de la Coupe) et autre Barnetta recèlent bien des promesses mais il manque un leader au Bayer, à moins que Simon Rolfes ne soit capable de tenir ce rôle. Les attaquants Bulykin et Gekas restent sur une saison en demi-teinte. L’arrivée de Patrick Helmes, l’un des plus sûrs espoirs du foot allemand, représente un plus indéniable mais il devra supporter au quotidien l’hostilité de sa ville de Cologne (dont Leverkusen est la banlieue grisâtre, © Didier Rickli) où on ne lui pardonne pas son départ vers le rival fortuné. Le Bayer est donc l’une des énigmes de cette saison, avec un gros potentiel mais peu de repères. Une équipe qui peut finir entre la 3e et la 12e place selon que la mayonnaise prend ou non et que certains joueurs arrivent ou pas à atteindre une dimension supplémentaire.
Arrivées : Helmes (1. FC Köln), Djakpa (Pandurii Targu-Jiu), Renato Augusto (Flamengo), Henrique (Barcelone).
Départs : Babarez et Ramelow (retraite), Freier (Bochum), Lakicevic (Wehen Wiesbaden), Callsen-Bracker (Mönchengladbach) de Wit (Osnabrück).
Pronostic : 9e.


Rolfes, le futur leader du Bayer ?

Écrit par Julien Mouquin

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4 Commentaires

  1. Et bien, tu nes pas très optimiste pour le Hertha Berlin de Lulu, mon cher Julien!
    Connaissant les formidables compétences de cet entraîneur, et considérant ce quil a accompli par le passé au FC Echallens (promotion en LNB!) pour ses débuts dentraîneur, puis plus récemment au FC Zurich (2 titres consécutifs!), et bien moi, jai envie dêtre beaucoup plus optimiste que toi, et je place le Hertha à la 5ème place, qualificative pour la Coupe dEurope, si je ne fais erreur.

    Lucien Favre est un entraîneur de très grande classe, jespère bien quil va le démontrer cette saison en Bundesliga. Allez Lulu, on te tiens les pouces, tu le mérites !

  2. Peu de commentaires sous ces articles « allemands », Federer ou le FC Sion sont plus vendeurs. Je tiens toutefois à féliciter lauteur pour ces papiers de grande qualité, en me réjouissant des 2 prochains !

  3. Mon ami Christophe Logoz, on peut rajouter sur le CV dentraîneur de Lucien Favre: une promotion en LNA avec Yverdon en 1999, cest lui qui avait lancé Ludovic Magnin, « le centreur fou de notre équipe nationale » à lépoque + 2 coupes de Suisse, une avec Servette en 2001 et une avec Zurich en 2005. En plus, il a été champion Suisse de LNA comme joueur avec Servette en 1985.

    Daccord avec toi, je vois Hertha Berlin dans les 5 premiers cette saison, et pour moi Lulu et le meilleur entraîneur suisse actuellement…

  4. Pas sûr que davoir lancé « le centreur fou de notre équipe nationale » soit vraiment la meilleure chose quil aie faite…

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