24 heures avec… Christian Constantin

Le président du FC Sion est un homme très occupé. CartonRouge.ch a donc décidé d’essayer de suivre le Pigeon d’Or 2007 pendant 24 heures. Avec quelques Red Bull et une bonne dose de Fendant pour tenir le choc, notre reporter a réussi à survivre à ce tour de cadran. Mais cela ne fut pas de tout repos.

C’est bien connu et il le revendique lui-même, l’architecte martignerain est un lève-tôt. Et même pire que ça. Pour pouvoir être prêt dès son réveil, CartonRouge.ch n’a pas hésité à poser sa tente sur le rond-point de la sortie d’autoroute de la Porte d’Octodure. Réveillé par le passage un peu trop proche d’un poids-lourd en transit vers l’Italie, je me dirige vers le bureau de «CC» avec un double espresso bien chaud acheté chez Tamoil pour partir à l’aventure.

04h12

«Si tu veux, si c’est à cette heure-là que tu te lèves, va pas falloir croire que le monde t’appartient, tu vois ?» Le décor est posé. Cela fait déjà une demi-heure que le «Roi du Valais» épluche les journaux, afin de suivre au plus près l’actualité. Et aussi pour voir ce que les journalistes ont bien pu écrire encore une fois sur son compte. «Ecoute mon petit, les journaux, j’ai même pas besoin de les lire normalement. C’est moi qui fais la moitié des papiers. Les types, ils me mangent dans la main. Mais on est jamais à l’abri d’un petit con qui a pas bien voulu écouter ce que je lui expliquais», se marre-t-il en nous présentant la «une» d’un quotidien. «Si tu veux, en général, c’est moi qui leur souffle les idées. C’est vrai que souvent ça n’a absolument rien à voir, mais ça me permet de voir ma binette sur la première page sans que ça ne me coûte le moindre centime ! Tu sais à combien ça revient de se payer une page dans ces machins autrement ?»

05h45

Christian Constantin décide d’aller acheter des croissants pour ses joueurs, attendus un peu plus tard dans la matinée au centre d’entraînement du club. Non pas que le Valaisan soit un papa poule pour les éléments du FC Sion, mais «c’est bien de montrer l’exemple des fois. Mais attention, si tu veux, il ne faut pas qu’ils en mangent tous les jours ! L’année passée, j’ai vu un de mes juniors manger en cachette un pain au chocolat avant l’entraînement, disons que bon, je l’ai prêté direct à Yverdon pour qu’il comprenne ce que ça fait d’être dans une équipe de chèvres où on peut manger tout et n’importe quoi.» Selon la rumeur, cette saison, Aleksandar Prijovic était venu un jour au centre d’entraînement avec un paquet entamé de Gold-Bears d’Haribo. La sanction a été immédiate : il est devenu dans la foulée le sixième attaquant du Lausanne-Sport, derrière Matt Moussilou, Jocelyn Roux, Emil Lyng, Júnior Negrão et Gael Nlundulu.

05h57

En sortant de la boulangerie, «CC» voit une amende pour stationnement gênant sur sa Porsche. Son sang ne fait qu’un tour. Il se précipite sur la pervenche qui vient de l’aligner et lui crie toutes les insultes qui lui passent par la tête. Pas moins énervé pour autant, il indique à la policière : «Si tu veux, tu dois faire attention. Tu me connais pas, mais si tu savais ce que j’ai fait à un arbitre dans un couloir à Kriens, tu ferais pas ta fière. Fais bien attention ma petite ! Disons que bon, t’as une sacrée chance de pas avoir de couilles sinon je marcherais dessus comme à l’autre, là.» Effrayée, la représentante des forces de l’ordre appelle des renforts qui n’arriveront que deux heures plus tard. La seule faction de policier en service cette nuit-là en Valais avait été appelée pour mettre fin à une rixe dans un pub de Nendaz qui a bien vite tourné en after. Au retour, ivres, les hommes en bleu se sont retrouvés sur le capot dans un précipice. Heureusement indemnes, aux alentours de 8 heures, ils enlèvent le véhicule du président en direction de la fourrière.

09h00

Christian Constantin fait le pied de grue depuis de longues minutes sur le trottoir, en attendant l’ouverture du bureau du juge Nicolas Biner. Dès que la secrétaire le fait entrer, «CC» se rue sur celui qui est également – ça tombe vraiment bien – son voisin. «Si tu veux, je demande des mesures superprovisionnelles contre la saisie de ma Porsche. Sur le procès-verbal de cette conne de bonne femme, il est mis Porche et pas Porsche ! Disons que bon, elle n’a donc pas sanctionné la bonne entité et je dois pouvoir transférer ma voiture dans mon garage, tu vois ou tu veux que je t’explique ?» Immédiatement, l’homme de loi ordonne à la fourrière de libérer le véhicule en attente d’une décision sur le fond. Ce jugement devra être pris non pas auprès du Service des AuTomobiles (SAT) comme l’exige pareil cas, mais devant le Tribunal Civil du Canton du Valais, indique un Constantin prêt à aller jusque devant la cour pénale internationale de La Haye s’il devait payer ne serait-ce qu’un franc pour son infraction.

09h01

«CC» quitte le juge Biner avec un nouveau succès en poche. Enfin pour le moment. Il a de toute façon mis la pression au SAT de l’attaquer au pénal au cas où il recevrait une nouvelle bûche dans le futur. Mieux vaut être prévoyant. Heureux de son bon coup, le Valaisan s’en va le coeur léger rejoindre son équipe rassemblée pour une promenade d’oxygénation d’une heure dans une forêt adjacente. C’est qu’il y a match ce soir et Constantin a bien envie de remotiver un peu ses troupes qui restent sur une victoire un peu terne à domicile contre Thoune. Premièrement, de bonne humeur, il décide de doubler la prime en cas de succès. Quatre minutes après, il s’énerve de voir un junior avec un baladeur sur les oreilles et décide de le licencier pour comportement non professionnel. Le joueur rebondira deux semaines plus tard à Neuchâtel Xamax, fraîchement relégué en 2e ligue.

11h17

Le président décide enfin de souffler un peu. Il en profite pour me proposer d’entrer dans son jardin secret. «Si tu veux, c’est là que je viens quand j’ai une petite baisse de moral ou que j’ai envie de reprendre des forces». Je pénètre dans cette antre et ma stupéfaction a été totale. Au mur, les portraits des 21 entraîneurs virés par l’Empereur du Valais. En se rapprochant des images, je peux constater des petits trous sur le papier. Je comprends mieux en voyant le fond de la pièce, où trône un jeu de fléchettes, avec la tête de Laurent Roussey faisant office de cible. «Tu vois, si tu veux, quand les résultats sont trop bons et que je ne peux pas licencier mon entraîneur, je suis en manque. Alors je viens ici et je lui mets deux-trois fléchettes dans la gueule. Disons que bon, ça me fait du bien», lâche sans ciller mon interlocuteur.

Un peu plus loin, les maquettes du Grand Stade de Riddes sont à moitié brûlées, tandis que son projet d’une enceinte de 60’000 places dans le Chablais est criblé de balles. Sur un mur, de l’autre côté de la pièce, des centaines d’articles de presse sur Bulat Chagaev, que «CC» accuse d’avoir tenté de lui voler la vedette. «Disons que bon, si tu veux, heureusement qu’il est en prison celui-là», s’énerve-t-il. Certaines interviews sont déchiquetées, des photos du Tchétchène ont été barrées d’une grande croix rouge et un drapeau de Neuchâtel Xamax a été consciencieusement découpé au cutter. Un frisson me parcourt. Constantin, lui, a les yeux qui brillent. Je lui propose d’aller boire l’apéro, il refuse. Il me demande de le laisser seul quelques minutes… Il sort de son bureau huit minutes plus tard avec les poings en sang. De la fumée s’échappe de la porte. Je lui demande ce qu’il s’est passé, il me répond simplement qu’il avait «un besoin urgent». Je n’en saurai pas plus.

13h22

Après un repas frugal, le Roi du Valais me propose de monter dans son avion privé, qu’il partage avec Sébastien Loeb (voir les photos dans le Blick de dimanche). Il a rendez-vous en Hongrie, afin de leur expliquer son combat contre les institutions du football que sont l’UEFA et la FIFA. Pendant le vol en direction de l’aéroport de Budapest, nous tapons le carton avec le steward de bord et une hôtesse. Alors que je venais de rafler un gros coup, Constantin renverse la table et déclare sans sourciller que j’ai triché. Il m’indique l’écume au bord des lèvres que la partie a été filmée, qu’il allait envoyer le DVD à la Ligue Suisse de Jass et Autres Chibres et qu’il faudrait rétablir la peine de mort pour ceux qui trichent aux cartes. Il me fera finalement la gueule jusqu’à l’atterrissage.

16h13

Devant un parterre de journalistes et de dirigeants de clubs locaux, Constantin explique son combat avec sa gouaille habituelle. «CC» fait son show. Pour gagner le coeur des Hongrois, il leur dit que si lui avait été président de leur fédération de football, il aurait fait des pieds et des mains pour que la finale de la Coupe du Monde 1954, le célèbre «Miracle de Berne», soit rejouée. Pour le Valaisan, les Allemands étaient clairement dopés, l’arbitre était payé et le TAS n’existait pas à l’époque. Sortis sous les vivas de la foule, le Valaisan savoure son effet avant de reprendre un taxi pour l’aéroport. Les Hongrois se retirent de la FIFA avec effet immédiat et dissoudent leur équipe nationale en guise de protestation, tant que le FC Sion n’a pas retrouvé sa place en Europa League.

17h58

Christian Constantin atterrit à Sion. Dans la foulée, il se dépêche de rejoindre Tourbillon, où on joue déjà les arrêts de jeu. Le boss est en retard, son avion ayant dû faire un détour en dessus de Zurich pour larguer une série de tracts appelant les habitants à occuper le siège de la FIFA. Le FC Sion est mené 2-1 par Lucerne et «CC» débarque en hélicoptère sur le toit du vétuste stade du Vieux Pays. A peine descendu de l’appareil, il houspille son coach. «Disons que bon», crie-t-il à en perdre haleine, «tu vas faire rentrer Gabri ou bien ? Je le paye pas 60’000 balles par mois pour faire reluire le banc ! Si tu le fais pas, je me nomme entraîneur et je prends Gabet Chapuisat comme adjoint – de toute façon je lui dois encore 39 mois de salaire – et toi tu seras son adjoint à lui.» Terrorisé, Laurent Roussey s’exécute et l’Espagnol fait un doublé dans les arrêts de jeu. Sion compte désormais – 7 points et n’a plus que 15 unités de retard sur le LS pour la place de barragiste.

18h32

A peine la rencontre terminée, Christian Constantin doit vite rejoindre les studios de l’antenne locale de la RTS. Au programme : apparition en duplex dans Sport Dimanche pour y expliquer encore une fois à Massimo Lorenzi le pourquoi du comment de sa plainte pénale contre l’Union Européenne de Football, comment il imagine que son club va réintégrer l’Europa League («CC» veut dorénavant arriver directement en quart de finale face à l’équipe qui aura le plus faible coefficient UEFA et qui aura auparavant disputé un dixième de finale face à un club de préférence islandais ou estonien), pourquoi Sepp Blatter va bientôt finir en prison et la façon dont il imagine créer une fédération concurrente de la FIFA.

19h34

Après avoir donné son avis sur les championnats de Suisse de motocross, la défaite de Genève-Servette au hockey et sur un reportage avec des jeunes handicapés qui font de l’aviron, Constantin change de studio et va vite faire une apparition dans le TJ soir, où il débat avec un économiste de la crise mondiale, puis prend à parti un politique suisse-allemand qui a eu le tort de vouloir fermer les frontières («Si tu veux, moi les joueurs, je vais les chercher où après ?», lui lance notamment «CC»). Il termine l’émission en disant comment il allait pendre Michel Platini à un crochet de boucher sur la Place de la Planta pour que le peuple valaisan puisse lancer des excréments sur son cadavre.

20h17

Le temps de boire une goutte d’eau, le président du FC Sion change une nouvelle fois de plateau pour une rapide incartade dans l’émission Mise au point. En direct, il menace le présentateur de l’attaquer devant le tribunal civil du canton de Vaud, après que celui-ci a osé lui demander si, finalement, il en faisait pas un peu trop. Constantin a fini en animant lui-même les interviews de fin d’émission, tandis qu’un policier était en train d’expulser le journaliste en raison de mesures superprovisionnelles décidées cinq minutes avant par le juge vaudois. En sortant du studio, il me fait un clin d’oeil, en me disant : «Disons que bon, si tu veux, t’as vu comment on fait ou tu veux que je t’explique gamin ?» «CC» était heureux. Sa campagne médiatique journalière a de nouveau été un succès.

21h30

Après un rapide repas, Constantin prend enfin le temps de souffler. «Disons que bon, t’es déjà fatigué gamin ?», me lance-t-il après m’avoir ordonné d’aller lui faire un café. «Si tu veux, si tu veux faire fortune une fois dans ta vie, il faut pas se relâcher. Regarde, demain moi je recommence à 5 heures du matin, j’ai une boîte à faire tourner. Toi t’es journaliste, tu sais pas ce que ça veut dire de travailler. Moi je fais un vrai métier au moins.» Je ne peux qu’avouer qu’une journée comme celle-ci, je ne la revivrai pour rien au monde. Je m’endors sur un banc dans la gare de Sion avec un carton de six bouteilles de vin local gracieusement offert par mon hôte de la journée.

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8 Commentaires

  1. Je trouve ton délire journalistique très particulier … un peu de hauteur d’esprit aurait été apprécié. N’oublie pas que celui que tu fais passer pour un sinistre crétin est un entrepreneur qui donne du travail et fait vivre une partie de notre économie. On peut critiquer, détester, mais ce dénigrement intellectuel est simplement rétrograde….

  2. Tu as raison. Et d’ailleurs, Chagaev est pour sa part le bienfaiteur de la Tchétchénie. C’est bien connu.

    Et avant tes leçons de morale, tu n’as pas eu de cours de français ?

  3. Le génie humain se vérifie dans la longueur…

    M. Romain vous êtes court, très court…

    Et j’ai bien peur que c’est tout CR qui s’essouffle avec vous, c’est dommage…

    Lorsque l’on a rien à dire, il vaut mieux se la fermer !!!
    ABE

  4. Un peu long, mais ça m’a quand même bien fait marrer… Mais pas autant que les commentaires des vierges effarouchées qu’on touche à leur Dieu…

  5. Morale ? Rien a voir avec ça mais c’est votre choix de faire passer les valescos pour des crétins, mais par pitié faites le avec un peu plus de classe….
    Pour mon français, désolé, je n’ai effectivement pas suivi vos hautes écoles lemaniques. J’étais bien trop occupé à apprendre le ski à vos copines 😉

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