L’éternel retour d’Herminator

Les grands noms de l’histoire du sport se divisent en deux catégories. Il y a d’abord les Champions, qui accumulent platement des succès durant toute leur carrière. Puis, une classe au-dessus, il y a les Légendes. Qu’est-ce qu’une Légende ? Un sportif qui jalonne son C.V. de titres mais aussi d’improbables come-back. Qu’est-ce qu’une Légende ? Hermann Maier.

L’Autrichien s’est imposé dimanche lors du super-G de Lake Louise. Sa 54ème victoire en Coupe du monde. Mais pas sa plus anodine. Car l’ex-maçon de Flachau n’avait plus rien gagné depuis presque trois ans, si bien que beaucoup le disaient fini.
 
Il y avait quelque chose de pathétique à voir le grand Maier accumuler les déconvenues depuis deux hivers. Par respect, les moqueries n’ont jamais fusé dans les aires d’arrivée. Il s’était plutôt installé un sentiment de tristesse et d’incompréhension, tant chez le public que chez les suiveurs du Cirque blanc. A vrai dire, personne ne pigeait pourquoi Maier s’accrochait encore sur le circuit. Pourquoi il s’acharnait, à presque 36 ans, à profaner son passé de skieur.
 
Le début de l’exercice 2008/2009 confirmait encore cette tendance : Maier terminait 32e en géant à Sölden, avant de se blesser au dos et de penser à zapper la tournée nord-américaine. Cette fois, le deuxième coureur le plus victorieux de l’histoire (derrière Stenmark) semblait bon pour la casse. Puis arrive le super-G de Lake Louise. Puis Maier s’impose en mettant plus d’une demi-seconde à tout le monde.
 
Le temps d’une course, Maier est donc revenu Herminator. Un retour au premier plan d’autant plus beau qu’il était inattendu. Enfin, inattendu pour tout le monde sauf pour le principal intéressé, qui était le dernier à se voir encore un avenir sur des skis. Au moment de commenter sa renaissance, Herminator n’a ni fanfaronné, ni vilipendé tous ceux qu’il l’avait enterré. Il s’est contenté d’affirmer que cette 54e victoire demeurera comme un de ses plus beaux accomplissements.
 
Il faut dire que le Salzbourgeois en connaît un rayon question come-back. Il a tant de fois été au fond du trou avant de remonter vers la lumière que ses résurrections sont devenues une seconde nature. Avant Lake Louise 2008, Maier avait multiplié les retours renversants dans sa carrière. On en rappellera juste deux.
 
Aux JO de Nagano en 1998, Maier s’offre lors de la descente le plus beau vol plané de l’histoire du ski alpin. On le croit en mille morceaux. Même pas. Trois jours plus tard, il gagne l’or en super-G, avant d’en faire de même en géant.
 
Après le come-back éclair de Nagano, le come-back laborieux. Lors de l’été 2001, Maier est victime d’un accident de moto. Sa jambe droite est broyée. Il passe à deux doigts de l’amputation. Finalement, il s’en sort. Le ski de compétition semble toutefois terminé pour lui. Même pas. Une année et demie après, il revient et gagne en super-G à Kitzbühel, alors qu’il a toujours une broche de 36 cm (!) dans la jambe.
 
Combien de fois n’a-t-on pas entendu un sportif citer Nietzsche avec le fameux « Tout ce qui ne me tue pas me rend plus fort » ? Trop souvent. Parce qu’au vu du parcours de Maier, il est un des rares sportifs à pouvoir se réclamer du philosophe allemand. Il est un des rares sportifs à avoir brillé dans le très haut et croupi dans le très bas. Monsieur Herminator, vous êtes une Légende.

Écrit par Alex Delarge

Commentaires Facebook

7 Commentaires

  1. question ‘tirage’ et cabriolles sur ses skis, Herminator marche dans la droite ligne du meilleur skieur valaisan de tous les temps…Zurbrig….que dis-je, Collombin.

  2. @kalsonlon
    le palmarès que tu énumères ci-dessus, c’est le nombre de bars fréquentés en préparation de la descente de la Streif par nos 2 cascadeurs ?

  3. @ cc: ouais alors là tu m’épates….
    J’aime bien ton humour mais vu que j’ai mentionné, comme tu le sais, le nombre respectif de victoires en coupe du monde des deux cow-boys, on en restera là. A+

  4. Chapeau bas!
    Voilà une véritable légende,non seulement du ski,mais du sport en général.
    Cuche peut en prendre de la graine avec ses 4 victoires et une tête à ne plus passer les portes.
    Seul bémol.En ski,les vieux s’en tirent bien car il y a fort peu de renouvellement.

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée.


*


Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.