Lugano tombe aussi et Genève sera champion !

Les grosses équipes tombent les unes après les autres face à la formation qui soulèvera le trophée de champion un soir d’avril prochain*. Après Berne et Zurich, et accessoirement Bienne, voilà que Lugano, certes privé de 3 étranges, vient s’écraser face à la muraille de Conz. Une impressionnante montée en puissance des Genevois, à tel point que l’on voit bien mal quelle équipe sera capable de les empêcher d’aller au bout.

Je suis sûr que ça vous avait manqué hein, les grandes gueules genevoises qui se laissent aller à moult fantasmes à peine quelques matches gagnés. Depuis le deuxième match de la finale qui s’est d’ailleurs arrêtée au soir de celui-ci, plus une seule trace d’un Genevois qui se voit déjà champion après avoir battu un gros, plus d’hallucinations sur chaque geste technique de Kolnik ou arrêt de Mona. Ne vous inquiétez pas, tout ça revient tout de suite.Car oui, depuis 4 matches, Genève redécouvre une équipe séduisante. Une équipe qui sans forcément développer un hockey champagne, se bat, laisse ses tripes sur la glace. Une équipe qui semble avoir compris que passer la moitié d’un match en infériorité n’aidait en rien, même si pour cela il faudrait aussi un peu d’aide de certains arbitres un peu trop tatillons, comme hier soir. Une équipe portée à bout de bras par deux hommes ces derniers temps : Jurak Kolnik et Benjamin «fais nous la parade» Conz.
Hier soir, si le premier nommé n’a pas griffé la feuille des compteurs (tout comme le deuxième, me direz-vous), Benjamin Conz s’est à nouveau fait l’auteur d’une prestation de premier ordre. Ne capitulant qu’à une seule reprise, en double infériorité numérique, le «gamin» (il n’a que 17 ans, je me permets…) fait preuve d’un calme extraordinaire pour son âge. Bien aidé dans sa tâche par une défense d’une rare solidarité et par un public tout acquis à sa cause, il a vraisemblablement tout pour devenir un grand, un très grand. Si l’année passée, Gianluca Mona réalisait autant de parades qu’il faisait naitre de cheveux blancs sur le crâne de George Baudry, il se pourrait bien que Benji devienne la nouvelle bête noire des attaquants adverses. Dieu merci, Riccardo Führer n’est pas l’entraîneur de Genève-Servette…
On a d’ailleurs pu voir hier soir, côté tessinois, l’inverse d’un jeune gardien talentueux et humble. Si personne ne lui enlèvera sa Coupe Stanley et sa bonne période outre-Atlantique, force est de constater que David Aebischer, en plus d’avoir perdu une partie de ses facultés, est devenu un gardien détestable. Observez-le une fois pendant un match, et calculez les innombrables coups de crosse qu’il distribue sur les attaquants adverses. Hier soir, non content de cela, voilà qu’il s’est permis d’envoyer balader Cadieux d’un superbe cross-check juste après le but décisif d’Aubin. En n’écopant que de deux minutes de pénalité, il a sacrément bien réussi son coup le bougre. Le traitement de faveur que lui a réservé le public des Vernets était d’ailleurs comparable à ce qu’a l’habitude d’entendre l’ami Sprunger en ces lieux.
Bien que dominés durant la majeure partie du 3ème tiers, les Grenat ont su faire preuve d’une solidarité et d’une combattivité qui semblaient quelque peu leur manquer en début de saison. Depuis quelques matches (la victoire à Berne, en fait), l’équipe semble s’être remise à croire en ses capacités, et même si tout n’est pas encore parfait, tout cela est de bon augure pour les séries finales, d’autant plus que des hommes comme Kolnik et Aubin, si discrets en play-offs l’année dernière, semblent cette fois arriver en forme à quelques encablures de la fin de la saison régulière.
En exclusivité intergalactique, et sur le modèle de l’excellent papier «Le flair du rédacteur» publié il y a quelques jours sur ce site, CartonRouge.ch vous l’annonce : Genève-Servette sera champion suisse cette année ! Quant à ceux qui trouvent ça prétentieux, n’est-ce pas cela le principal défaut que vous trouvez aux Genevois ? Si c’est le cas, autant vous donner raison de temps à autres. Et pour les Genevois qui n’y croient pas, je ne dirais qu’une seule chose : croyez en votre équipe.
* Les lecteurs assidus auront remarqué que dans son papier du 12 janvier, le soussigné promettait le titre de champion suisse aux Aviateurs de Kloten. Il ne peut s’agir là que d’une regrettable conséquence d’une soirée trop arrosée de la veille, tant l’identité de celui-ci n’est pas à débattre.
Photos Pascal Muller, copyright www.mediasports.ch

Genève-Servette -Lugano 2-1 (1-1, 1-0, 0-0)

Patinoire des Vernets, 6200 spectateurs.
Arbitres : MM. Reiber, Stalder, Mauron et Schmid.
Buts : 4e Bezina (Cadieux, Trachsler) 1-0. 18e Thoresen (Murray, Helbling, Lugano à 5 contre 3) 1-1. 24e Aubin (Keller, Cadieux/pénalité différée) 2-1.
Pénalités : 7 x 2’ contre les deux équipes.
Ge/Servette : Conz; Vukovic, Bezina; Gobbi, Keller; Schilt, Breitbach; Rubin, Ritchie, Kolnik; Vigier, Aubin, Deruns; Cadieux, Trachsler, Savary; Debrunner, Fedulov, Suri; Kast.
Lugano : Aebischer; Helbling, Hänni; Nodari, Cantoni; Chiesa, Vauclair; Murray, Robitaille, Thoresen; Sannitz, Romy, Lemm; Näser, Conne, Tristan Vauclair; Kostovic, Profico, Jörg.
Notes : Ge/Servette sans Mona, Höhener, Rivera, Mercier, Augsburger, Florian Conz (blessés) et Salmelainen (étranger surnuméraire). Lugano sans Pohl, Paterlini, Hirschi, Domenichelli et Nummelin (blessés).

Écrit par Robin Dousse