Zurich sur le toit de l’Europe

Il est 15h42 hier après-midi quand notre cher rédacteur en chef préféré me demande à sa façon si je peux m’occuper d’écrire un papier sur la finale de la Champion’s League version hockey. Il faut savoir que Marco doit avoir un brevet ès «demandes foireuses que l’on ne peut pas refuser», puisque j’accepte de sacrifier une soirée Premier League sur une célèbre chaîne cryptée pour assister au sacre zurichois devant une TSR qui s’était mise sur son 31. Bien joué Marco !

Il faut que je vous avoue une chose tout de suite. Contrairement à la majorité de la population suisse fan de hockey, je n’étais pas pour Zurich. Non pas que je me sois découvert une passion récente pour un club du fin fond de l’Oural, mais supporter une équipe autre que celle m’étant chère m’est absolument impossible. Quelles que soient les circonstances, et même s’il est évident que pour le bien du hockey suisse, une victoire des Lions ne pouvait être que bénéfique, c’est physiquement impossible. Et alors d’autant plus lorsqu’il s’agit des voleurs de titre, là il ne faut même pas y songer !(«Je me permets une parenthèse pour vous informer que le Marco susmentionné m’envoie à l’instant un sms pour me demander si je suis toujours ok de lui pondre un article. Sms qu’il a lui-même signé «le casse-couilles». Le mobbing existe aussi à CartonRouge.ch)
Bon, revenons donc à nos moutons, ou plutôt à nos Lions. La TSR avait mis les grands moyens en place pour ce rendez-vous, puisqu’en plus des 19 caméras disposées dans la patinoire, c’est un Maïque Perez affublé d’une cravate que l’on retrouvait sur le plateau. Aux grands événements les beaux habits. Mais pour une fois, cessons de critiquer la TSR quelques instants (mais pas trop quand même) pour souligner les excellents commentaires du duo Bastardoz-Massy ainsi que la pertinence habituelle des interventions de Marc Leuenberger. Voilà, c’est dit, et promis, on ne m’y prendra plus.
Et le match alors me direz-vous ? Faut dire qu’avec les derniers commentaires lus par ici ces temps, critiquant sans cesse les rédacteurs relatant trop les faits de jeu et ne restant pas assez dans le style du site nous forcent un peu à inventer d’autres façons de faire. Et vous constaterez qu’en bientôt 4 paragraphes, je n’ai encore pas parlé de hockey, ça vous va ?
Je vous le disais en préambule, je n’étais pas fan des Lions hier soir. Par contre, ne pas être fan ne veut pas dire ne pas être capable d’être admiratif devant la performance du team de Sean Simpson. Une équipe qui force le respect, étant capable de faire complètement déjouer une des meilleures équipes du monde, qui bénéficie d’un budget astronomique. Une équipe portée à bout de bras par un gardien fantastique et par quelques joueurs d’une classe qui n’est plus à démontrer, comme Blindenbacher, Alston, Pittis ou encore Trudel. Oui, cette équipe zurichoise que j’aime détester m’a fait plaisir à voir hier soir. Plutôt que de jouer «à la Suisse», et donc de trop respecter son adversaire, c’est tout le contraire que Jan Alston et ses copains ont fait. Avec un superbe résultat à la clé.
Il faut aussi dire que j’ai été particulièrement déçu de la prestation russe. Après un match aller qui était déjà un échec pour eux, je m’attendais à les voir rentrer dans le match comme des morts de faim et développer le jeu qu’ils sont (certainement) capables de proposer. Etouffés par leurs adversaires, les Russes n’ont jamais réellement fait illusion, et s’il est vrai que quand ils accélèrent, ça va très vite, le reste était peu glorieux, à commencer par leur gardien qui a paru très fébrile en de nombreuses occasions.
Si ce match s’est avéré intéressant à regarder, il en doit beaucoup aux Zurichois d’une part, aux Russes aussi un peu, mais également aux 4 arbitres du soir, qui nous ont démontré que lorsque les deux head pratiquaient la même ligne de conduite durant toute la rencontre, l’arbitrage à 4 n’était pas forcément une mauvaise solution.
Deux autres faits inhabituels sont encore à relever : on a eu droit lors de la même soirée à un match de Zurich avec de l’ambiance ainsi qu’à un joli geste de la part de l’habituel détestable Mattias Seger. Si le fait que l’ambiance ait été au rendez-vous s’explique bien sûr par l’intérêt du match, un peu, et surtout par la patinoire dans laquelle il s’est déroulé, on ne comprend toujours pas quelle mouche a piqué le capitaine des Lions. Reste que son geste de laisser à Sulander le soin de soulever la coupe méritait d’être souligné.
Zurich a donc largement mérité son sacre, et je ne peux que les féliciter. Adulés par toute la Suisse jusqu’à demain soir, ils vont vite retrouver les joies du championnat et les sifflets des publics adverses. Quant à moi, en plus d’avoir tenu parole en livrant un papier sur ce match, j’ai réussi dans celui-ci à louer la TSR, les ZSC, l’ambiance du public zurichois et Mattias Seger. Je ne pouvais donc pas terminer sans vous dire que l’an prochain, c’est Genève-Servette que vous retrouverez en Ligue des Champions. Ça, c’est fait !
Photos Pascal Muller, copyright www.mediasports.ch

Zurich Lions – Metallurg Magnitogorsk 5-0 (1-0, 1-0, 3-0)

Diners Club Arena, Rapperswil. 6’200 spectateurs (à guichets fermés).
Arbitres : MM. Levonen, Laaksonen, Kekalainen et Terho (Fin).
Buts : 18e Down (Pittis) 1-0, 35e Sejna (Wichser/5 c 4) 2-0, 49e Seger (Pittis/5 c 4) 3-0, 50e Alston (Geering, Monnet) 4-0, 58e Trudel (Pittis, Down) 5-0.
Zurich Lions : Sulander; Blindenbacher, Suchy; Seger, Schnyder; Geering; Schelling; Down, Pittis, Trudel; Gardner, Wichser, Sejna; Bastl, Alston, Monnet; Krutov, Kamber, Grauwiler. Entraîneur : Simpson.
 
Metallurg Magnitogorsk : Proskuriakov; Atyushov, Varlamov; Malenkikh, Biryukov; Bulin, Ibragimov; Kudrna, Rolinek, Marek; Mirnov, Platonov, Kaigorodov; Khlystov, Chistov, Zavarukhin. Entraîneur : Belousov.
Notes : Zurich Lions sans Stoffel (blessé), Metallurg Magnitogorsk sans Seluyanov (blessé).
Pénalités : 3 x 2′ contre Zurich Lions, 5 x 2′ contre Metallurg Magnitogorsk.

Écrit par Robin Dousse