Daniel Gygax, l’ultime héros

Il a beaucoup été question de Luca Toni, Edin Dzeko, Grafite, Franck Ribéry, Mario Gomez, Vedad Ibisevic ou Alexander Frei dans ces chroniques 2008-2009 de Bundesliga. Le dernier résumé, avant les bilans d’usage, va consacrer une vedette plus méconnue : Daniel Gygax, héros du Relegationsspiel entre Cottbus et Nuremberg.

L’autre événement du week-end sur sol allemand, c’était bien sûr la finale de la Coupe d’Allemagne. Disputée dans la cadre toujours grandiose de l’Olympiastadion berlinois, cette finale se jouait sous haute tension puisque les deux protagonistes, le Werder Brême et le Bayer Leverkusen, ont raté leur championnat et avaient besoin d’une victoire en Coupe pour sauver leur saison et obtenir une qualification européenne. Malheureusement, cet état de fait a un peu nui au spectacle et on est resté sur notre faim après une finale que l’on attendait plus spectaculaire entre deux équipes habituellement tournées vers l’offensive.

Festival d’erreurs

Dominée par le Werder Brême, la 1ère période a surtout été marquée par une immense occasion gaspillée par le joueur vedette de chaque équipe : le buteur du Bayer, Patrick Helmes, nous a fait une Luca Toni en ratant l’immanquable après un caviar délivré par Renato Augusto. Côté brêmois, c’est le meneur de jeu Diego qui est venu enlever une balle de but à son coéquipier Frings qui se présentait en position idéale après un mauvais renvoi du gardien de Werkself Adler. Pour son dernier match avec le Werder, le Brésilien voulait absolument de remporter un deuxième trophée sous le maillot vert, après la Coupe de la Ligue gagnée en 2006 pour son… premier match avec Brême.
Sous l’impulsion d’un très bon Barnetta, Leverkusen semblait être mieux revenu dans le match en 2e mi-temps. Mais le Bayer a été trahi, comme souvent dans ce 2e tour, par son portier René Adler. Le jeune gardien international allemand s’est laissé surprendre sur un tir, certes légèrement dévié, mais plutôt anodin, de Mesut Özil, bien décalé par Diego. C’était le tournant du match car il n’y aura pas d’autre but. Le Bayer s’est bien créé quelques situations dangereuses mais, comme depuis le début de cette année 2009, a par trop manqué de conviction et de percussion dans le dernier geste. C’est donc le capitaine brêmois Frank Baumann qui a pu soulever la Coupe pour mettre un terme à sa belle carrière. Le Werder  sauve ainsi sa saison et accompagnera le Hertha Berlin et Hambourg en Europa League. En revanche, Werkself sera privé d’Europe pour la deuxième année consécutive, ce qui devrait coûter son poste au jeune entraîneur Bruno Labbadia.

Le duel des miraculés

Venons-en maintenant au Relegationsspiel, soit le duel entre l’antépénultième de la Bundesliga et la troisième de la Zweite Liga, avec à la clé le dernier ticket disponible dans l’élite la saison prochaine. Cette institution avait déjà existé entre 1982 et 1991 avant d’être supprimée, elle fêtait son grand retour cette année. Les deux protagonistes sont des miraculés : côté Bundesliga, l’Energie Cottbus, longtemps en position de relégué direct et qui a arraché sa place en barrage au détriment de Bielefeld et Karlsruhe lors de l’ultime mi-temps du championnat.
Côté Zweite Liga, le 1. FC Nürnberg. Relégué à la surprise générale l’an dernier, der Club s’était donné les moyens d’un retour immédiat dans l’élite. Sauf que la relégation a été plus dure à digérer que prévu et les Franconiens se sont rapidement enfoncés au classement, comptant jusqu’à dix points de retard sur la 3e place. C’est finalement un jeune entraîneur inconnu, Michael Oenning, qui, après quelques premières semaines difficiles, va permettre à Nuremberg de redresser la tête. Grâce à un excellent 2e tour, surtout à domicile, et aussi à l’effondrement de certaines équipes de tête comme Kaiserslautern et Fürth, der Club va parvenir à arracher sa place pour ce Relegationspiel.

Dani Gygax le match-winner

En fait, le suspense ne va durer que 13 minutes, lors du match aller à Cottbus. Soit le temps qu’il a fallu à Daniel Gygax pour servir Isaac Boakye dont le tir dévié n’a laissé aucune chance au gardien des Lausitzer Tremmel. Durant la saison, Cottbus avait l’habitude de s’arque bouter devant son but et de laisser l’initiative à l’adversaire ; là, menés 0-1 sur leur pelouse, les Lausitzer étaient obligés de faire le jeu et s’en sont montrés bien incapables. Du coup, le match n’a pas atteint des sommets, jusqu’à ce que survienne l’étincelle, une nouvelle fois des pieds de Daniel Gygax, via une louche géniale qui a offert le 0-2 à Christian Eigler. Sur le coup, l’ancien Zurichois a pu troquer son surnom de « VIP » contre celui de « Lionel Messi de Franconie ». Mine de rien, c’est la deuxième promotion en trois ans que fête Daniel Gygax, après celle vécue avec Metz en 2007. Il pourrait venir au LS pour fêter le retour en LNA en 2011, nul doute que le DJ vedette de la Street Parade ne saurait rester insensible aux nombreuses attractions nocturnes de la capitale vaudoise.

Aufstiegparty

En fin de match, Boakye a encore inscrit le 0-3 pour Nuremberg. Comme je ne suis pas un aussi grand professionnel que Pierre-Alain Dupuis, je n’ai pas été lire L’Equipe pour connaître le pourcentage de chance qu’une équipe battue 0-3 à domicile à l’aller avait de retourner la situation ; mais, intuitivement, je dirai que c’est assez faible. Et effectivement, le match retour n’a été qu’une formalité pour Nuremberg. Après quelques frayeurs en début de match, Eigler et Mintal ont inscrit les buts d’une victoire 2-0, le reste n’ayant été que du remplissage en attendant la gigantesque Aufstiegparty d’après match dans un easyCredit-Stadion comble et en ébullition. Ce retour du 1. FCN est plutôt une bonne nouvelle car der Club, par l’engouement qu’il suscite, sa tradition et ses moyens, a sa place en Bundesliga.
A l’inverse, la relégation de l’Energie Cottbus paraissait relativement inéluctable. Depuis sa promotion en 2006, tous les observateurs prédisent la dernière place à l’Energie. En 2007 et 2008, le miracle avait eu lieu et les Lausitzer s’étaient sauvés malgré le plus petit budget de la ligue, un stade vétuste, un engouement populaire limité et un environnement économique défavorable. L’aventure du modeste Cottbus, ultime représentant de l’Allemagne de l’Est en Bundesliga, avait donc un côté plutôt sympathique. Mais, pour être franc, on ne va pas trop le regretter car c’était aussi l’équipe la moins attractive de la ligue, avec un jeu extrêmement pusillanime et une certaine propension à faire fuir le public.

Le choc psychologique

Je ne pense pas que cette information va radicalement changer le cours de ton existence mais, pour être tout à fait complet, signalons que dans le Relegationsspiel 2. Liga-3. Liga, c’est également l’équipe de série inférieure qui l’a emporté, soit le SC Paderborn, promu au détriment du VfL Osnabrück. Après une série de défaite, les Est-Westphaliens (Paderborn donc, pour les ignares en géographie) avaient décidé de limoger leur entraîneur Pavel Dotchev à deux journées de la fin du championnat. Son successeur André Schubert a commencé par deux victoires 6-0 et 3-0 pour arracher une place en barrage, puis deux succès 1-0 contre Osnabrück pour assurer la promotion. Ça c’est du choc psychologique !

Écrit par Julien Mouquin

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