Le quinzième !

Énorme, fantastique, voire même érectionnant pour paraphraser une ancienne gloire, le succès de Roger Federer à Wimbledon fait partie de ces moments dont nous serons fiers de pouvoir dire à nos enfants un jour : «je l’ai vu». Et si tout semblait joué d’avance entre Roger et son meilleur ennemi, cette finale aura su rentrer encore un peu plus dans la légende grâce à un scénario que Russel Crowe ou Woody Allen, présents dans les tribunes, n’auraient pas reniés. Le Bâlois est désormais seul au sommet de l’histoire du tennis grâce à cette quinzième victoire en Grand Chelem.

Les légendes ne se sont pas trompées : en se déplaçant en nombre sur le gazon londonien, elles savaient toutes que l’histoire allait s’écrire en ce dimanche 5 juillet 2009. Nastase, McEnroe, Laver, Borg et même Sampras, la crème de la crème a pu assister à la fin de règne du dernier nommé. Mais à entendre son hommage après le match, l’Américain ne semble pas si déçu de perdre son record.Dépasser Sampras sur son terrain favori, là même où le Bâlois avait remporté son premier Grand Chelem, en junior, il y a onze ans, là même où il avait remporté son premier Grand Chelem en 2003, là même où il avait battu son idole en 2001, là même où il avait subi l’une de ses défaites les plus dures à encaisser l’année passée : pour toutes ses raisons, ce succès doit avoir une saveur particulière aux yeux de Roger.

Une finale épique par son scénario

La finale en elle-même ? Un duel de serveur comme le gazon londonien en raffole. En servant le total record de cinquante aces durant ce match, Federer n’a été que rarement inquiété sur son service, sauf à deux reprises qui suffirent à Roddick de prolonger quelque peu le plaisir. A l’entrée du cinquième et dernier set, même la commission de contrôle des élections iraniennes aurait eu de la peine à départager ces deux candidats au titre.
C’est Federer qui servait en premier dans cet ultime set, et c’est en grande partie ce qui explique son succès. Roddick est un pro qui n’a que rarement laissé transparaître ses émotions, mais courir encore et encore après le score, cela fatigue mentalement. A 16-14, y a-t-il vraiment un vainqueur ? On penchera plutôt pour le fait que l’un des deux était un peu plus lucide.
Au final, Roddick aura breaké une fois de plus son adversaire, il aura également marqué un jeu de plus. Il n’avait jamais réussi à amener Roger à disputer un cinquième set et en se procurant deux balles de break dans le dernier set, il pensait avoir fait le plus dur, que dire alors, des quatre balles de set qu’il a laissées passer au deuxième set. Federer l’a avoué lui-même : à 2-0, cela n’aurait pas été impossible mais très difficile. Malgré cela, que de chemin parcouru depuis une certaine demi-finale australienne où, sûr de lui, l’Américain s’était fait fesser par Roger.
S’il lui faudra un peu de temps pour s’en remettre, Andy ressort grandi de cette finale, il est l’un des joueurs que l’on aime regarder, surtout depuis qu’il a su se sortir de cette caricature de grand serveur sans jeu à côté. Son quart face à Hewitt a d’ailleurs été l’un des plus beaux matches de la quinzaine. Le joueur le plus régulier de cette décennie après Roger (hormis une absence de deux mois en 2006, il n’a pas quitté le Top 10 depuis qu’il l’a intégré en novembre 2002) a par ailleurs toujours annoncé que même s’il perdait cinquante fois d’affilée face à Roger, il reviendrait toujours à la charge. Et c’est tant mieux.

Le roi est mort, vive le roi !

Nadal sur la table d’opération, Roger récupère son trône perdu il y a moins d’une année. Voilà l’autre grande victoire dont pourra se targuer le Suisse. Si certains ont pu dire que retrouver le sommet de la hiérarchie en l’absence de son principal contradicteur est un peu décevant, la finale de folie vue hier devrait les calmer. On pourrait également leur rétorquer que la mononucléose contractée par le Maître l’année passée n’était probablement pas étrangère à son année 2008 décevante. Les blessures font partie de ce fantastique sport qu’est le tennis, Nadal le sait et doit également savoir qu’en continuant à jouer comme il le fait, il ne dépassera jamais les 25 ans sur le circuit.
Au début de l’année, on avait été dur avec Roger et sachez que je ne regrette rien : le Federer version Roland Garros et Wimbledon 2009 n’a rien à voir avec ce qu’il nous présentait en début d’année. Le voir défoncer sa raquette, le voir pleurer malgré ses treize victoires en Majeur, le voir n’atteindre aucune finale après l’Australie, cela avait quelque chose d’inquiétant qu’il fallait relever et que l’on ne pouvait apprécier. Mais LE Federer est de retour, celui qui nous avait fait vibrer en 2006 pour notre plus grand bonheur. Preuve que les grands champions naissent grâce à leur ténacité.

Et maintenant ?

Un bébé pour commencer, puis la route sur un Grand Chelem étalé sur deux saison semble ouverte : Djokovic est en train de s’engouffrer dans une pente de plus en plus glissante, Murray a encore un peu de chemin mental à parcourir et l’on ne connaît pas l’état physique de Nadal. Ne nous enflammons pas, mais on peut désormais se permettre de parier dessus, contrairement en début d’année. Nous tous y croyons, et en arborant un T-shirt sur lequel il était inscrit «There is no finish line», Federer nous montre qu’il est gonflé à bloc.

Écrit par Nicolas Jayet

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25 Commentaires

  1. Le plus beau jour de ma vie sportive, ce final inoubliable, Roger est grand, énorme, monstrueux. Entouré de légendes, il est devenu hier la légende des légendes et ce n’est pas fini. En route pour le bébé, en route pour un sixième US Open de suite, en route pour continuer d’écrire cette histoire avec un gigantesque H! La plus belle histoire que le sport Suisse n’aurait jamais pu espérer est en train de se signer par le Seigneur!!! En 2012, un soir de juillet, l’hymne national retentira dans ce stade magique…d’ici-là notre Rodg’ continuera de nous faire rêver! Merci Roger!!!

  2. Ce type est grandiose! Qu’on lui érige une statue!
    Très bon article Nic. Oui, vous avez été durs avec lui, trop durs. Mais quand on écrit sur carton rouge c’est plus que compréhensible;)

  3. MERCI ROGER!!!!

    Je dois l’avouer j’étais de ceux – et je pense qu’ils étaient nombreux – à penser que la finale serait bouclée en 3 petits sets et que je pourrais aller à la piscine pour finir cette belle journée.

    Mais il faut croire qu’il y a quelqu’un là haut qui veut que Roger atteigne le nirvana à la sueur de son corps et qu’il soit « testé » jusqu’à ses derniers retranchements et que mon coeur atteigne certaines limites…

    Comme si, la défaite de Rafa à Roland Garros, puis son forfait à Church Road, avaient hanté Roger. A paris ce fut le chemin jusqu’à la finale qui fut âpre. A Londres, après une balade de deux semaines et 6 matchs « trop facilement gagnés », ce fût la finale qui était le match le plus compliqué à gagner.

    Ce quelqu’un décrit un peu plus haut est en réalité quelque chose, le fantôme de Rafa…
    Car à défaut d’avoir pu nous offrir les duels numeros 21 et 22, Rafa était « présent » pour dire à Roger : « mon gars, tu veux mes trophées, eh bien faudra bosser comme si j’étais en face de toi!!! »

    Si c’était un défi à relever on peut dire que Rofer l’a fait et bien fait.

    Maintenant, s’il te plaît Rafa, reviens nous vite en chair et en os car ton fantôme m’a fait perdre 10 ans en terme de capacité cardiaque.

  4. Et dire qu’il y a 3 mois jour pour jour nous avions droit à cet article:

    http://www.cartonrouge.ch/fr/actualite/article/federer-est-desormais-numero-quatre-mondial/index.html

    =)

    « Place donc à la saison nadalienne, avec deux tournois 250 cette semaine dont personne ou presque ne se soucie avant les retrouvailles avec le continent européen et le tournoi 1000 de Monte-Carlo. Un tournoi où Federer ne s’est d’ailleurs pas aligné, puisqu’il n’a évidemment pas besoin de points pour rester numéro quatre, euh trois, oups pardon, numéro deux mondial… et on ne parle même pas de la place au-dessus, tout simplement hors de portée à l’heure actuelle, même dans ses plus beaux rêves. »

  5. « tout simplement hors de portée A L’HEURE ACTUELLE » qui osera dire qu’il avait tort? qui osera dire que Roger n’a pas évolué depuis?

  6. bel article, super moment passé hier à regarder le maitre écrire l’histoire ! que c’est beau. Et en plus, il ferme la gueule de tous les médisants ! que demander de plus ?

  7. @ Nico : Sans oublier la publication de Federer comme pigeon de février 2009

    Pigeon juillet 2009 : La redac’ de CR ???

    Merci Rog’ ; Tu avais raison et ils avaient tort.

  8. @Roger:

    Je vois que certains n’ont toujours pas compris que le Pigeon d’Or de février décerné à Rodg’ ne prenait en compte ni son palmarès, ni sa personnalité, ni tout ce qu’il a fait, mais bel et bien UNE seule décision qui n’a jamais été vraiment justifiée (le forfait pour la Coupe Davis). Dommage que les gens ne se souviennent que du bon, rarement du moins bon.

    Toutefois, si CR décernait un titre honorifique sacrant les meilleurs sportifs, nul doute que Federer aurait remporté ceux de juin et juillet! Vive Rodgeur!

  9. Une fois de plus Roger l’a sué et a joué avec nos nerfs. La faute à qui ? A Mr. Rodgeur lui-même. Il a mis la barre très très très haut. Les autres n’ont qu’à suivre et pendant ce temps, notre âge biologique prend 10 ans, bientôt lors de chaque finale de GC.
    Nadal a malmené son corps pendant deux ans pour enfin prendre la première place à Federer. A force de prendre des raclées, Roddick s’est mis sérieusement au boulot, a adopté un régime adéquat pour transformer 5 kg de graisse en muscles explosifs et en disant à 22 heures à sa jeune épouse « svp demain, maintenant il faut que je dorme ».
    Depuis un certain Open d’Australie, Djokovic a dû scotcher la bouche de Madame sa mère pour qu’elle arrête de proclamer son fils numéro un mondial.
    Madame la mère Murray qui insulte avec ses chemisiers les instituts de broderie de St-Gall deviendra aphone avant que son fils ne soulève le trophée à Wimbledon.
    C’est que Federer est un peu suisse sur les bord: archarné au boulot, discipliné, professionnel et peut-être aussi parce qu’en début de sa carrière il savait que pour arriver, il faut bosser et ne rien attendre des autres. Je trouve assez significatif que les suisses critiquent les salaires des Vasella et autres Blospel mais personne ne remet en question les sommes faramineuses que Federer gagne en jouant au tennis.

  10. Spécial dédicace à cet ABRUTI de « Crevette à l’ail » qui manquait et manque certainement encore à ce jour de respect à l’égard du meilleur joueur de tous les temps… Et ouais ma crevette, je ne suis pas en train de parler de Nadal, mais de ROGER!!! ça fait mal hein…
    Je ne me permettrais pas d’être aussi stupide et irresepectueux envers ton protégé, car c’est un très grand champion et il va revenir en toute grande forme et sincèrement, 11 mois comme numéro 1, c est déjà pas mal:-).
    Mais aujourd’hui les choses ont changé et tes posts se font de plus en plus rare (je sais pas pourquoi??, mais surtout tu as eu l’honneur et la chance tout comme nous de voir devant nos yeux l’histoire du tennis s’écrire et j espère sincèrement qu’avant d’écrire des stupidités sur le maître, tu y réfléchiras à 2 fois…
    TOMA!!!!!

  11. @ John Smith :

    Salut John, merci pour ton post mais t’es à côté des clous ; tu dois réussir à comprendre que c’est justement cette pause qui a permis à Federer d’être au Top à Roland (matchs en 5 sets tous bien supportés physiquement) et Wimbledon.

    Je confirme donc que c’est la rédac’ de CR qui mérite le pigeon d’or 2009 !!

  12. Il commence un peu à me saouler le beau , le grand , le si parfait Roger …Ce type se croit tellement supérieur avec son ptit air fausement cool … Du changement SVP

  13. @ Roger

    Je doute que seule la pause soit à l’origine de ses succès. Et cela ne change absolument rien au fait qu’il n’a pas été tout à fait correct envers son public avec ses excuses. Pour réparer ce tort ou compenser son absence sur les courts, il aurait par exemple pu venir soutenir l’équipe mais sans jouer, comme le font certains (genre Nadal!). D’où le pigeon d’or! 😉

  14. Tiens Louis de Suisse…. je me demandais combien de temps il faudrait attendre pour avoir droit aux habituels déçus de la vie qui viennent nous bassiner de leur problèmes personnels.

    Roger est un grand sportif, et on pardonnera à notre petit pays d’avoir pris un peu de « franchouillardise » à nos voisins d’outre-lac Léman. Qu’ils se rassurent, il leur en reste encore suffisamment.

    Bravo Rodg !

    Cordialement
    ES

  15. ÉconomieSuisse (Email)

    Exactement la réponse du Suisse un ptit peu frustré…. A aucun moment je n’ai parlé de nationalité , qu’il soit Arménien , anglais ou Belge ce n’est pas le problème , j’ai juste demandé du changement !

  16. Ah! tout ces frustrés ça craint…. Federer prouve, comme beaucoup d’autre, que tout est possible et que même lorsqu’on réussi des exploits on est toujours critiqué! Les gens sont mesquins et jaloux! Vive Federer et son retour sur le trône… Le lion n’est pas mort!

  17. J’en connais un qui doit avoir honte d’avoir osé dire il y a quelques mois: « Rodgeur, tu fais chier! ». Non seulement on a affaire au prototype du supporter moyen qui tourne sa veste après chaque match, mais on nous inflige encore les articles de ce dernier. Je n’aime pas critiquer gratuitement, mais je pense qu’on a pas grand-chose à apprendre d’un journaliste comme Jayet. Va vite demander à Baudry et Gary comment l’on s’y prend.

  18. these are fantastic! thkans for this post. i watched them with my 3 year old who had developed a ‘thing’ about drawing, like he was too worried about not being able to do it and always wanted someone else to draw for him. straight after watching he went to the table and drew 3 fast, super confident drawings! just what he needed to see 🙂

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