«WwW» : Williams win Wimbledon !

Wimbledon au féminin prend fin, pour notre plus grand soulagement. Comme prévu, les sœurs Williams se sont affrontées dans un central bondé et où le gazon avait presque totalement disparu. C’est donc la plus constante des deux sœurs, en l’occurrence Serena Williams, qui s’est imposée au terme d’un match de cogneuses sans grand intérêt, si ce ne sont quelques coups spectaculaires. Les grands perdants sont évidemment les spectateurs, puisqu’ils ont déboursé des sommes considérables pour voir des matches «moyens» . Les gagnants, ce sont évidemment les sœurs Williams, Safina, Dementieva et leurs sponsors respectifs. Où quand la crise du tennis féminin rime avec crise économique…

La seule vraie bonne surprise de cette deuxième semaine nous est venue de la demi-finale entre Serena Williams et Elena Dementieva. Si la première avait toutes les peines du monde à tenir l’échange et à se mouvoir sur le court, c’est bien la seconde qui a de nouveau craqué au moment opportun et qui a donc offert la victoire à son adversaire. Elena Dementieva avait, et c’est peu dire, les clés du match en main. Ne s’est-elle d’ailleurs pas procuré une balle de match, à 5-4, sur le service de Serena ? Cette demi-finale n’a certes pas brillé par la magie de son tennis, mais pour une fois, les coups gagnants furent plus nombreux que les fautes directes (72 coups gagnants pour «seulement» 54 fautes directes) et l’on dénombre tout de même 45 montées au filet, ce qui est un record. Et le taux de réussite, lui, se situe aux environs des 50%, ce qui laisse tout de même présager que la volée n’est pas encore tout à fait morte.

L’autre demi-finale fut en quelque sorte l’apocalypse du tennis féminin actuel. Un match insipide, réglé en 51 minutes sur la marque de 6-1 6-0 par Venus Williams, qui n’avait tout simplement pas une adversaire à la hauteur. Dinara Safin n’a même jamais fait illusion. Son jeu tout en force a montré ses limites ; avec ses 16 fautes directes (contre une seule à Venus !) et son maigre pourcentage de points gagnés derrière son premier service (7 sur 23, soit 30% !), ses statistiques sont tout bonnement honteuses pour une numéro un mondiale ! Safina possède d’excellents coups, encore faut-il savoir s’en servir. Et l’on ne saurait trop lui conseiller de s’adjoindre les services d’un psychologue pour sortir de son éternelle «peur de vaincre».

Le plus cruel dans l’histoire ? Ce n’est pas tant la pauvre Safina, démolie par ses démons et par Venus, que les spectateurs ayant payé pour assister à ça. Dans une période économiquement précaire, où le sport et l’art sont autant de divertissements que de remèdes aux dépressions post-crises, certains aspects doivent être remis en question sans tarder. Il y a, notamment, les sommes faramineuses perçues par les joueuses ainsi que le prix des billets d’entrée. Une fois de plus, on constate amèrement que les plus riches s’enrichissent alors que les plus pauvres s’appauvrissent. Si au moins le spectacle avait été alléchant, la pilule aurait pu passer. Or décidément il n’y a rien, absolument rien à voir !

La finale a tenu ses promesses, mais là encore, sans magie. Il n’y avait aucune opposition de style, mais des coups d’une intensité énorme et quelques points spectaculaires. Il n’y avait pas non plus de coups en finesse et malheureusement que peu de variations (aucune balle amortie et seulement 13 volées réussies sur 18 !). La deuxième manche s’est résumée à une balade de santé pour Serena, qui a donc conclu sur sa quatrième balle de match et sur le score de 7-6 et 6-2.

J’avoue que Venus m’a laissé un goût d’inachevé ; dominatrice pendant deux semaines, elle s’est liquéfiée au fur et à mesure que la partie avançait. L’aînée des deux sœurs n’a en effet jamais pu se régler en service et n’a gagné que 56% des points derrière sa deuxième balle. C’est trop peu, surtout face à Serena Williams. De manière générale, je trouvais également qu’elle bougeait mal, qu’elle avait de la peine à se placer sur la balle et à allonger ses frappes dans l’échange. J’imagine que la tension fut la source de ses maux en ce beau samedi londonien. À moins que son bandage au genou n’explique cette mauvaise prestation.

Concluons toutefois cette édition sur une note positive. Bien que les sœurs Williams pratiquent un tennis sans réelle fioriture, il faut tout de même admettre que leurs coups et de manière générale leur tennis, sont plus étoffés et plus variés que ceux de Safina, Dementieva ou Jankovic. Et leur légendaire «fighting spirit» ravit malgré tout les spectateurs et les fins connaisseurs de ce sport. Malheureusement, cette rage de vaincre tend à s’estomper lorsque les deux soeurs s’affrontent en finale. Les classiques tels que Williams-Hingis, Williams-Capriati ou Williams-Henin étaient des matches explosifs dont nous ressortions ragaillardis. Dommage que la génération des jeunes joueuses ne puisse rivaliser avec les Williams. Wimbledon sacre donc deux immenses championnes, dont le palmarès fait des envieuses et qui pourrait, qui sait, donner des idées aux futures générations. À défaut de mieux, et sans être des modèles absolus, il y a chez les Williams un esprit du sport et de la combativité dont nous pouvons déjà largement nous inspirer.

Écrit par Jérôme Nicole

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1 Commentaire

  1. Excellent article…
    En effet, même si je ne suis pas un adepte du « style » à la Williams, je reconnais cependant que leur « mental » est à tout épreuve. Deux grandes championnes..

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