Ça bouge à Xamax… et à la rédac !

Tout le monde se plaint (en même temps c’est ce que tout le monde fait de mieux) que notre championnat reprend aussi tôt. Eh bien moi je vais me répéter aussi, mais rien ne m’enchante autant. Surtout que le premier match de la saison pour nous autres Xamaxiens, c’est un peu le seul où on n’a pas le couteau sous la gorge. Alors on savoure.

En fait ça fait un moment qu’on ne s’est pas parlé nous, en tout cas pas au sujet de Xamax. Alors comment va Xamax ? Xamax va bien. Car à l’heure de la reprise, l’équipe qui a réussi le mercato le plus alléchant est sans conteste celle du brave Sylvio. C’est que comme prévu par le tempétueux entrepreneur, il fallait laisser un peu de temps. «Quand j’ai repris Bernasconi SA, j’avais déjà des années d’expérience, ce qui explique que cela se soit bien passé très rapidement. Avec Xamax, il va me falloir un peu de temps aussi, pour apprendre quelles sont les erreurs à ne pas faire, à qui il faut faire confiance et comment faire les choses le mieux possible», me confiait l’homme fort de la Maladière en mars dernier. Un petit trimestre plus tard, Geiger s’en est allé à tire d’ailes et on sent plus de professionnalisme dans la communication du club. Plus de déclarations gratuites pour noircir les pages des avides journalistes, moins de bruit, plus de faits. Et de nouveaux visages donc. Pierre-André Schürmann en premier lieu, le professeur, le pédagogue, tantôt à mordiller ses branches de lunettes, tantôt à hurler sur ses hommes et leur inculquer le goût de la bagarre. Il n’aura pas trop de mal à trouver ses marques dans une équipe qui mêle plus ou moins harmonieusement jeunesse et expérience. Potentiel et conseils avisés. Une recette voulue, savamment élaborée dans le laboratoire xamaxien. Aux pipettes, un nouveau visage aussi. Polo Ralph Lauren noir, au logo maladroitement surdimensionné, et portable collé à l’oreille, en guise d’alibi professionnel, Paolo Urfer n’est pas homme à faire l’indifférence. Arriviste pour beaucoup, certains pourraient lui trouver un reproche pour chaque lettre de l’alphabet (à jouer sur la route des vacances avec vos enfants) et pourtant il ne fait plus guère de doute que ses méthodes sont efficaces…

Début de preuve :

En plus du coach, un autre gros renfort de poids : Carlos Varela, celui-là même que les Valaisans détestent tellement qu’ils prétendent, sûrs d’eux, que Varela est à l’origine de la défaite d’YB en finale de Coupe. Tout cela promet de jolis duels romands, d’autant plus que l’intéressé – quand bien même il cherche à calmer le jeu – n’oublie pas de préciser qu’il est heureux d’avoir opté pour le meilleur club romand.
Toujours est-il que le véloce Carlos va rapidement se faire des amis du côté de la Maladière, ceux-là même qui, certainement, le conspuaient, arguant que c’est un tricheur, un simulateur, un sale garnement. Une leçon de vie presque. Retourner sa veste nous apprend à mieux comprendre ce qui nous manque et ce dont on a pléthore. Et des caractères lisses, des «subisseurs» ça court les rues, ça court les terrains. Varela est un footballeur hors-pair dans notre championnat, un homme de tempérament certes, mais un joueur spectaculaire avec un grand esprit de compétition, altruiste et travailleur. De ses multiples interviews de ce début de saison, on en retire un homme en quête de rédemption, comme lassé de se battre et de se justifier. Maturité ? Sans doute. Les matchs de préparation ont montré un Varela concentré sur sa tâche, patient, retenant ses gestes d’humeur. Presque naturellement. Et puis le premier match officiel face à Bellinzone dimanche dernier nous a confirmé ces impressions, avec en prime un palier aisément franchi dans la vitesse pour le nouveau numéro 7. Nul doute qu’on entendra parler de lui encore, et certainement en bien. Ça nous changera.
Pour le reste, le mercato xamaxien a été relativement actif. Bien décidés à ne pas renouveler leur confiance en Tarvajärvi, les dirigeants ont rapidement lancé un hameçon à attaquants et ce n’est finalement que dernièrement que deux jeunes joueurs sont venus tenter de trouver leur place aux côtés de Brown. Gavranovic (19 ans), prêté par les SDF d’Yverdon, va venir développer son intéressant potentiel sur le plus beau côté du lac. Pierre-André Schürmann le voulait et c’est pas comme si c’était le premier venu en matière de jeunes. Toujours est-il que le Croate, arrivé en fin de préparation, aura sans doute besoin d’un peu de temps pour prendre ses marques et se montrer complémentaire à Brown. Et ce même s’il n’a pas attendu très longtemps pour planter un premier goal, et quel goal, à Bellinzone. Pour l’instant un seul constat, l’international suisse des M21 a le sens du but et une mentalité au-dessus de la moyenne pour son âge. De bon augure et en tous les cas une stratégie intelligente de la part des dirigeants Rouge et Noir. Tout comme l’engagement d’un autre international M21 (bosniaque cette fois), Admir Aganovic. On en sait encore peu sur ce dernier, même si à Bienne, en amical, l’ancien de Dender (D1 Belge) s’est montré au moins aussi combatif que son presque homonyme. Encore un pari, à moindres frais et à fort potentiel.
Il y a aussi Kostjuks et Page, les nouveaux arrivés dans l’axe de la défense pour pallier au départ de Quennoz. Et là encore, de quoi être satisfait à première vue. Si Page n’est pas le plus grand défenseur de Suisse, il a au moins les qualités idéales pour remplacer Quennoz. Avec un soupçon de leadership en plus, sa grande expérience complètera parfaitement celle de Besle, et l’entente entre les deux semble déjà très bonne.
Quant à Kostjuks, on a eu tout loisir de s’extasier devant son double-mètre à Bienne également. Du coup on hésite forcément à le chambrer sur ses joues rouges et sa dégaine de pilote de tractor-pulling, mais une chose est certaine : une fois planté au milieu des 16 mètres adverses, il fait assez peur. Tellement qu’il lui a fallu 15 petites minutes pour reprendre deux fois du front un corner et faire trembler les filets. Et devinez quoi ? Il serait international M21 lui aussi. Cela dit, dans le travail défensif on sent qu’il y a encore pas mal de travail, notamment dans le placement et la vitesse, mais pour le reste, il risque de rapidement avoir des minutes de jeu.
Enfin n’oublions pas nos deux Bahreinis, j’ai nommé Fatadi Baba et Omar Ismaeel. Un peu difficile à jauger à l’heure qu’il est, mais le dernier n’est sûrement pas le plus mauvais dans son rôle de latéral. Souvent un peu dépassé, il a au moins su montrer une combativité prometteuse et une envie de s’adapter au plus vite lors du match à Bellinzone. Un crocheur qui va certainement très vite progresser. Un prénom enfin, pour terminer ce petit tour d’horizon, un jeune issu du mouvement junior : Max. Je vous l’avais dit, juste un prénom. Max de Xamax. Année de naissance 1992. Vous avez bien lu, 17 ans à peine et un talent de dingue. Les supporters qui ont eu la brillante idée d’aller bronzer à Yvonand durant le match amical face à Yverdon ont certainement pris un bon coup sur la tête en admirant ce jeune milieu remuer les pensionnaires de Challenge League. Allez, je vous donne le nom de famille : Veloso. Notez ça dans un coin. Vous en entendrez parler.
C’est en gros sur ces bases là que débutait, comme déjà mentionné, la saison des Rouge et Noir. En route donc pour Bellinzone, pas plus tard que dimanche. 4h30 de train (détour par Lucerne pour choper un Double Whopper), petite pause à Arth-Goldau et enfin le Tessin. Le Tessin c’est comme Uri en mieux : soleil, 10 degrés de plus, du Campari sur les tables et des sourires. Petite visite sommaire de la ville et de ses fortifications pour terminer sa course au Comunale. L’accueil est musclé d’ailleurs, les robocops sont plus nombreux que les visiteurs et le soleil agresse joyeusement nos fronts. Et c’est un Bellinzone assez timoré qui aborde la rencontre, laissant l’initiative du jeu aux Xamaxiens qui ne parviennent toutefois pas à concrétiser. Pas le temps de craindre le pire, que le pire frappe à la porte. Une légère errance défensive, la seule du match, profite à Ciarrochi qui ouvre la marque contre le cours du jeu.
Mais les Xamaxiens ne baissent pas les bras, encouragés par leur nouveau coach, bien plus que par les timides et assommés supporters, ils ne se montrent guère dérangés. Les actions se multiplient, en alternant les côtés, les variations, puis quand la seule balle longue termine sa course dans les seize mètres, Gavranovic, discret jusque-là, se lance parfaitement et égalise. Bon pour le moral, plus en tout cas que les immenses occasions ratées ultérieurement par les Neuchâtelois, mais on retiendra principalement qu’on a eu à faire à un bon match de reprise de la part de Xamax. Un Brown retrouvé risque bien de se voir servir quelques ballons en or cette saison, car ce ne sont pas les généreux donateurs qui manquent : Varela, Nuzzolo, Taljevic, et qui sait ce que l’avenir nous réserve. Le président assure en tous cas que le mercato n’est pas terminé et que la vox populi aura son attaquant, son latéral et son numéro 6. Et cette année Bernasc’ n’a qu’une parole. Je vous l’ai dit, il a changé, Xamax a changé.

Appel à rédacteurs !

Du changement donc, la transition est toute trouvée pour vous annoncer que ces lignes sont mes dernières ici sur CartonRouge.ch. Après ces belles aventures vécues ici en tentant de vous faire partager ma passion du foot, je vais me diriger vers de nouveaux horizons. Je ne le ferai donc pas sans vous avoir remercié de m’avoir lu durant ces années, de la Challenge League à la Super League, de Wil à Bâle, ces moments de joie ou de désespoir auraient eu bien du mal à rester aussi solidement gravés dans ma mémoire si je n’avais pas eu CartonRouge comme carnet de route. Il est donc l’heure pour vous, lecteurs et supporters xamaxiens, vous qui suivez ce club avec passion et ferveur, de reprendre le flambeau. Je vous invite à envoyer un e-mail à info@cartonrouge.ch et à postuler ! L’aventure en vaut vraiment la peine… même si toutes les bonnes choses ont une fin.
Photos Pascal Muller, copyright www.mediasports.ch

Écrit par Roby Steedman

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8 Commentaires

  1. Cher Roby,
    Merci mille fois pour ces nombreux articles. J’avais toujours énormément de plaisir à te lire… mais comme tu le dis, toutes les bonnes choses ont une fin…

  2. Quelle objectivité dans cet article! Sans être méchant, ca a sa place sur un forum, pas ici… Tous les joueurs sont fantastiques, les dirigeants merveilleux, l’entraîneur formidable, ceux qui sont nuls progresseront évidemment, ceux qu’on connaît pas auront une entente parfaite, etc. Dommage que Xamax ne joue pas (encore) la Ligue des Champions. Ca serait une formalité pour eux avec un tel contingent! 😀

    Ca me fait penser au « Matin » qui relève dans chaque article de Xamax que « Varela est LE transfert de l’été »! A mourir de rire. Marrant que YB le laisse partir alors… Et quand l’auteur parle de Xamax comme de l’équipe s’étant le mieux renforcé, je me questionne. A part Varela, qui est loin d’être un joueur vraiment dominant, on parle de quoi? Schurmann? Les internationaux de Bahrein? Juste comme ca, Zurich qui prolonge (transfert) Margairaz, puis Vonlanthen, c’est quand même un peu autre chose, mais bon.

  3. Ah jalousie quand tu nous tient….

    C’est tellement flagrant que je n’aurais osé poser ce texte à ta place Roger.

    M’fait mal au coeur…

  4. Un joli papier de notre ami Roby que l’on a. Dommage que tu quittes cet excellent site et bon vent à toi dans tes nouvelles tâches. Et bien sûr un grand merci à toi pour ces magnifiques papiers.

    @Roger
    Vonlanthen un excellent transfert ? bof-bof… des statistiques pas très folichonnes, un joueur rarement décisif, même dans l’excellent championnat autrichien. Gageons qu’il pourra franchir un pas à Zurich, à défaut dans 10 ans on en parlera comme du 2ème Bühler.

    A mon sens Margairaz (qui a fait ses premiers pas en élite à Xamax, tiens) est largement supérieur à l’ancien joueur du Raid Boule de Salsebourre.

    Enfin, comparer le champion (FCZ) avec une équipe qui jouera probablement le milieu de tableau prête à sourire.

  5. Merci tout simplement Roby pour tous tes compte-rendus fort bien ficelés qui nous ont fait vibrer la moindre pour Xamax….

    Tes expéditions au bout de la Suisse avec cuisine ambulante dans les parkings pourraves du Championnat Suisse nous manqueront…tout comme les photos pour immortaliser le moment.

    N’oublie pas l’apéro qui t’attend à Sion et que je t’ai promis depuis un moment…faudra que tu m’expliques à cette occase ton passage ci-dessus sur Urfer….Ça doit etre du 2eme degré, non??!

    Reviens nous causer de temps à autre, promis ?

  6. CC, je comprends pas ton
    « faudra que tu m’expliques à cette occase ton passage ci-dessus sur Urfer….Ça doit etre du 2eme degré, non??! »…

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