Le record historique de la Bundesliga

Jamais dans l’histoire du football un championnat national n’avait attiré plus de spectateurs en moyenne que cette Bundesliga 2008-2009 : plus de 42’000 par match ! Et tout laisse à penser que la saison à venir va être encore plus suivie. Les autres grands championnats peinent à s’aligner.

Avant même le coup d’envoi de cette saison 2008-2009, on savait que les affluences allemandes allaient prendre l’ascenseur avec les retours dans l’élite des Traditionsverein Köln et Mönchengladbach et leurs près de 50’000 spectateurs de moyenne. Le scénario du championnat, avec un classement resté indécis jusqu’au bout aussi bien pour le titre, les places européennes et la relégation a encore contribué à faire grimper les statistiques, couplé aux habituelles caractéristiques qui font le succès de la Bundesliga depuis plusieurs années : des stades magnifiques, des ambiances extraordinaires et festives, des places debout permettant des prix modérés (à partir de 10-15 euros), des scores prolifiques, des tactiques audacieuses voire téméraires, une violence quasiment bannie des stades, une forte concentration de clubs en peu de kilomètres (juge par toi-même : http://www.bundesliga.de/de/stadien/) et, bien sûr, la bière qui coule à flot.

Avenir radieux

L’Allemagne est pénalisée par un système fiscal qui ne fait aucun cadeau aux stars du ballon rond et par des droits TV moins élevés que dans les quatre autres grands championnats européens. Le futur ex-manager du Bayern Uli Hoeness avait même proposé d’instaurer une redevance mensuelle de 2 euros par foyer pour que les chaînes publiques acquièrent les droits de la Bundesliga en versant 880 millions d’euro par année contre environ 400 actuellement par une chaîne privée. Je trouvais l’idée intéressante : on paie bien la redevance pour des films, séries ou émissions aux audiences confidentielles, alors est-ce que diffuser le championnat national ne ferait-il pas partie du mandat de service public, étant entendu qu’aucune autre émission ne touchera autant de téléspectateurs qu’un Dortmund – Bayern ou un Schalke – Hambourg ? Le monde politique allemand n’était malheureusement pas de cet avis et a sèchement rejeté l’idée.
Ceci dit, la relative modestie des droits TV a aussi été une chance pour les clubs germaniques qui ont dû développer d’autres sources de revenus et sont donc beaucoup moins dépendants que d’autres de la manne télévisuelle. Et ces autres sources de revenus sont en premier lieu liées aux stades, via la billetterie, les zones VIP, le merchandising et le catering, des revenus qui sont beaucoup plus stables que les droits TV. Trois ans après la Coupe du Monde, de nombreux projets d’arènes neuves (Hoffenheim, Aachen, Mainz), agrandies (Leverkusen) ou rénovées (Brême, Stuttgart) viennent d’aboutir ou sont en cours de réalisation. Ce n’est pas complètement un hasard si les trois relégués de cette saison (Karlsruhe, Cottbus et Bielefeld) sont parmi les moins bien lotis d’Allemagne en termes d’infrastructures. D’ailleurs, avec le remplacement de ces trois clubs par Nuremberg, Mainz et Freiburg et des ventes d’abonnements qui cartonnent un peu partout dans le pays, le record historique de cette Bundesliga 2008-2009 a de fortes chances d’être battu dès la saison prochaine.

Premier League en légère baisse

Le championnat anglais affiche une légère baisse. Mais il n’y a certainement pas de quoi tirer des conclusions péremptoires sur une désaffection du public due au prix élevé des billets, L’exercice 2007/2008 avait été le plus suivi en Angleterre depuis… 1950/1951 et les stades britanniques affichent des taux de remplissage tellement élevés que le potentiel à la hausse est limité. Du coup, il suffit de quelques épiphénomènes pour faire baisser la moyenne, soit en l’occurrence que les trois promus (Stoke, Hull et West Bromwich) ont attiré moins de monde que les trois relégués (Derby, Birmingham et Reading), et que deux clubs (Newcastle et Sunderland) ont connu une chute sensible du nombre de spectateurs suite à de mauvais résultats.
D’ailleurs, avec la relégation des Magpies, la Premier League va vraisemblablement voir son audience moyenne se réduire encore un peu la saison prochaine. Sans que cela ne remette en cause le succès populaire du championnat le plus médiatique du monde. Néanmoins, si elle veut un jour atteindre les mêmes sommets que la Bundesliga, la Premier League devra voir aboutir les nombreux projets, plus ou moins avancés ou bloqués, de reconstruction ou d’agrandissement des stades (Liverpool, Everton, Manchester United, Chelsea…).

L’Espagne décline

L’Espagne enregistre elle un recul un peu plus sensible, en raison notamment de la relégation du Real Saragosse mais aussi d’une baisse plus généralisée. Une baisse qui correspond à un léger déclin du foot ibérique, malgré les sacres récents de la Furia Roja et du Barça. Après avoir largement dominé les compétitions européennes au début du siècle, les clubs espagnols ont aujourd’hui été dépassés par les clubs anglais dans les rankings UEFA. On estime généralement que la Coupe UEFA est plus révélatrice de la valeur moyenne d’un championnat que la Ligue des Champions où quelques arbres peuvent cacher la forêt. Dans cette optique, ne retrouver aucun club espagnol en 1/8e de finale de la dernière C3 était quand même plutôt inquiétant.
Il faudra voir si la tendance se confirme mais je ne suis pas persuadé que des clubs comme Valence, La Corogne, Villareal, Majorque, Séville, Espanyol ou Alaves puissent refaire les mêmes épopées européennes que celles qu’ils ont effectuées lors de la dernière décennie. Un championnat à deux vitesses avec un duel Barça – Real sur fond de people et de glamour éclipsant toutes les autres équipes ne me paraît en tous les cas pas vraiment servir les intérêts du foot espagnol à moyen et long terme.

L’Italie remonte mais…

L’Italie enregistre elle une hausse réjouissante avec sa meilleure moyenne depuis la saison 2001-2002. En y regardant de plus près, on constate cependant que la hausse est essentiellement due à l’augmentation spectaculaire de la Lazio Roma et à la relégation des deux plus faibles affluences de la saison dernière, Empoli et Livorno. Jusqu’en 2001, la Serie A dépassait presque systématiquement le cap des 30’000 spectateurs de moyenne ou flirtait avec cette limite, avec un pic historique à 38’872 en 1984-1985. On en reste assez loin aujourd’hui. Le premier problème vient des stades, généralement vétustes et inadaptés aux contingences du football moderne. L’Euro 2016 devrait permettre d’améliorer la situation et un nouvel échec, après 2012, serait sans doute dramatique pour nos amis transalpins.
Car sinon, la situation de la Serie A n’est guère reluisante : des clubs en situation financière précaire, des stars mondiales qui désertent de plus en plus la Botte (à l’instar de Kaka et sans doute Ibrahimovic), des incessantes polémiques sur l’arbitrage, ainsi qu’un jeu qui, s’il est moins fermé que dans les années 1990, reste peu spectaculaire et trop souvent pourri par les simulations et les 47 interventions du soigneur par match. En outre, l’Italie donne une réponse à mon sens erronée aux problèmes sécuritaires en multipliant les mesures contraignantes contre le supporter lambda (interdiction des places debout et de l’alcool, billets nominatifs, bientôt fan-card etc…) mais en rechignant à interdire de stade les véritables fauteurs de trouble.

La France stagne

La fin de la suprématie lyonnaise n’a pas permis de booster les affluences de la Ligue 1, la faute notamment à la relégation du RC Lens. Il est assez intéressant de voir à quel point, avec une situation de base relativement semblable (droits TV peu élevés, système fiscal défavorable et donc difficultés à attirer des stars mondiales), la France a pris une direction radicalement opposée à l’Allemagne : alors que la Bundesliga a développé un concept festif et spectaculaire sans trop se préoccuper de ce qui se fait ailleurs, la Ligue 1 s’est engoncée dans un jeu triste et ennuyeux, tout en donnant largement dans l’auto-apitoiement et la jalousie envers l’étranger, en particulier l’Angleterre.
Accessoirement, la Coupe du Monde 1998 a été un fiasco au niveau du renouvellement des infrastructures : le seul stade construit pour l’occasion, le Stade de France, n’est quasiment pas utilisé en championnat, alors que les enceintes rénovées pour l’occasion, onze ans après la manifestation, ont déjà presque toutes atteint leur date de péremption. Pour un projet de modernisation abouti (Grenoble), combien d’autres qui traînent lamentablement (Lille, Marseille, Saint-Etienne, Lyon…) ? Comme l’Italie, la France espère beaucoup de sa candidature pour l’Euro 2016, il y en a donc un, voire deux, qui seront très malheureux en mai 2010 lorsque l’UEFA tranchera ente Italie, France, Norvège-Suède et Turquie. L’Euro 2012 ukraino-polonais paraît condamner la candidature turc, les Scandinaves font un peu figure de petit poucet avec un double ticket qui n’a plus trop la cote, cela devrait se jouer entre Français et Italiens. A priori, les seconds nommés, déjà candidats en 2012 et qui n’ont plus accueilli ni Euro ni Coupe du Monde depuis 1980 et 1990 (1984 et 1998 pour la France), partent favoris mais le président de l’UEFA est français…

La Suisse en chute libre

Dans le reste du continent, on constate également que le foot fait davantage recette au Nord qu’au Sud. Globalement les affluences sont à la baisse, à quelques rares exceptions près (Grèce, Hollande, Danemark…). Si l’on excepte la Zweite Liga allemande, pénalisée par les départs de Cologne et Mönchengladbach, la plus forte chute est pour notre bon vieux championnat suisse. Le remplacement de Thoune et surtout Saint-Gall par Vaduz et Bellinzone ne suffit pas à expliquer cette  dégringolade, la baisse est généralisée. Pourtant, j’ai l’impression que notre football n’est pas si inintéressant qu’on veut bien le dire, des clubs comme YB ou Zurich produisent un jeu plus attractif que nombre de club étrangers. Malheureusement, notre championnat est bien mal vendu et souffre de l’absence de locomotives (clubs ou joueurs) capables d’attirer les foules au stade.
Et ça ne va pas aller en s’améliorant : en 2003, la mythique barre était abandonnée dans l’allégresse générale ; «plus jamais ça» juraient la main sur le cœur tous nos dirigeants. Six ans plus tard, on prépare sa réintroduction en grande pompe afin que la Suisse soit à nouveau la risée de l’Europe avec une formule abracadabrantesque. C’est sûr, des matchs au sommet sans enjeu (puisque le classement sera déterminé par la racine carrée du nombre de saucisses vendues additionnée au nombre de points obtenus multipliés par l’âge du capitaine, le tout divisé par le nombre de fautes commises) vont déchainer les passions, la multiplication des GC-Schaffhouse et YB-Yverdon à sens unique va remplir les stades, affronter Winterthour quatre jours avant Barcelone permettra à Bâle d’être plus compétitif en Ligue des Champions et la perspective de déplacements au Bergholz ou à Colovray motivera nos jeunes talents à rester au pays plutôt que tenter une aventure incertaine à l’étranger. Enfin, bref, c’est un autre débat, passons. On termine quand même sur une note positive : regarde à la 24e place du classement comment s’appelle la première division roumaine. Comme quoi, on n’a pas l’apanage des noms de ligue ridicule…

Classement des meilleurs affluences des ligues européennes 2008-2009 (entre parenthèse : variation par rapport à 2007-2008) :

1. Allemagne (Bundesliga) 42’521 (+ 3077)
2. Angleterre (Premier League)  35’618 (- 458)
3. Espagne (Liga)  28’478 (- 883)
4. Italie (Serie A)  25’304 (+ 1964)
5. France (Ligue 1)  21’050 (- 706)
6. Pays-Bas (Eredivisie)  19’804 (+ 1074)
7. Angleterre (Championship)  17’518 (+ 496)
8. Allemagne (2. Liga) 15’734 (- 2408)
9. Ecosse (Premier League)  15’502 (- 65)
10. Russie (Premier League)  12’448 (- 848)*
11. Belgique (Jupiler League) 11’018 (- 356)
12. Portugal (SuperLiga)  10’405 (- 649)
13. Autriche (Bundesliga)  9’015 (- 531)
14. Suisse (Super League)  8’967 (- 1949)
15. Danemark (SAS Ligaen)  8’849 (+ 403)
16. Norvège (Tippeligaen) 8’777 (- 1267)*
17. France (Ligue 2)  8’599 (+ 1246)
18. Suède (Allsvenskan)  8’320 (- 615)*
19. Espagne (Liga Adelante)  8’022 (- 90)
20. Ukraine (Vysha Liha)  7’630 (- 1033)
21. Grèce (Super League)  7’592 (+ 1307)
22. Angleterre (League One)  7’438 (- 554)
23. Pologne (Ekstraklasa)  7’398 (- 43)
24. Roumanie (Liga I Frutti Fresh)  5’986 (+ 494)
25. Italie (Serie B)   5’755 (- 24)
* Championnat 2009 en cours

Écrit par Julien Mouquin

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16 Commentaires

  1. Encore dommage que tu n’aies pas les statistiques de la plus populaire ligue de football européen….la Turquie. CR est décidément de bien mauvaise foi.

    ….sans cette légère erreur administrative de la part de la visionaire et reine du fair-play FTF (Fédé turc de foot), nul doute que la Bundesliga ne serait jamais arrivée en tête de ce classement

  2. pour CC… la Turquie, c’est en Europe? (la question porte sur l’aspect géographique et politique, en fait, les deux aspects principaux…)

  3. @ CC : avec le seul Sükrü Saraçoglu (Fenerbahce) et ses 53’000 places qui dépasse la moyenne allemande, il va falloir que tu nous expliques par quelle magie mathématique tu arrives à ton résonnement ! ABE

  4. @CC: La Turquie c’est 3% en Europe et donc 97% chez les Barbares. C’est comme Israël en championnat d’Europe. Du n’importe quoi. Donc Julien a parfaitement raison d’ignorer les copains du Bosphore.

  5. …je promets de ne plus jamais utiliser le second degré dans mes commentaires…

    @Kalsonlon: La Turquie c’est 3% en Europe et donc 97% chez les Barbares…

    Fallait oser. Joli tackle. 5 * assurées

  6. Oulah, en effet, Kalsonlon, tu dérapes, là!!

    La turquie… Bon je censure.
    Mais la Grèce? C’est pas en Europe, ça?

    Eux aussi c’est des barares? Les balkans, la serbie? Les derbys étoile rouge-partizan ça amène du monde, non?!

  7. Mea culpa, mal regardé, j’étais convaincu qu’elle se placerait avant la Suisse. Faut croire qu’y a vraiment rien en-dehors du pana et de l’olympiakos. Reste la serbie ou la croatie, p. ex.

  8. Serbie: 2’756
    Croatie: 2’988

    Et avant que quelqu’un ne crie au scandale:
    Slovènie: 1’199
    Irlande du Nord: 813
    Druha Liha (3e division ukrainienne): 1’032

  9. Suffit de demander:
    Pays de Galles: 290, ce qui reste toujours mieux que les 204 spectateurs de moyenne du championnat estonien, ça fait rêver…

  10. Chacun ses critères pour juger de la valeur d’un championnat – le nombre de spectateurs en est un qui n’a strictement aucune valeur sportive.

    Les résultats des Allemands en Coupe d’Europe semble plutôt indiquer que la Bundesliga est derrière l’Angleterre, l’Espagne et l’Italie, pour parler de football, et assez proche du championnat de France.

    Et pour le troll systématique sur la Turquie, on dira que la Turquie est un pays fascinant, une culture et une histoire sans commune mesure avec la Suisse.

  11. Il est bien difficile pour moi de vous communiquer ici les moyennes de mes équipes favorites, car au niveau du football des talus que je suis ( la 4ème et la 5ème ligue ) il n’y a pas d’entrée payante, et les spectateurs arrivent souvent en cours de match, ce qui fait qu’il m’est arrivé de me retrouver bien seul au coup d’envoi ( exemples Suchy – Croy 2 ou Arnex 2 – Champagne 2 ) mais pour finir par être bien accompagné sur la fin des matchs ( et à l’heure de l’apéro, ce qui m’arrange bien car je n’aime pas boire seul ) mais bon on peu estimer à vue de nez une trentaine de spectateurs de moyenne pour les matchs de 5ème ligue, et une cinquantaine pour ceux de 4ème ligue auquels j’ai assisté cette saison. J’ai eu la chance de voir quelques matchs au sommet ( pas du blues ) dont le dernier Bottens 2 – Le Talent 1 ou il devait bien avoir 70 à 80 spectateurs et le Chavornay 2 – Le Talent 1 qui s’est joué devant une bonne chambrée lui aussi, une bonne cinquantaine encore pour Vaulion – Croy 2 et Froideville – Le Talent 2. Vive l’ AICRAFTTM ( pas encore fondée ), l’amicale des intervenants de carton de rouge amateurs de football des talus et de la troisième mi-temps…Vive toute les cantines ou j’ai eu l’occasion d’aller et celle qui manquent encore à mon palmarès…Bon dans la région lausannoise, le Gros-de-Vaud, le Nord-Vaudois, la Broye, un peu la Côte et la Riviera, le Pied-du-Jura et le Vallon du Nozon j’ai déjà fait mes preuves…Et vivement la prochaine saison…

  12. @Henri Leconte
    Je suis allé 5x en Turquie, un pays, comme tu le précises, fascinant. Le bistrot du coin où je vais presque tous les jours est tenu par un… turc. Un ami personnel. Donc mon post n’a strictement rien à voir avec du racisme ou de la xénophobie. Bien au contraire. C’est surtout géographiquement parlant que je suis intervenu, comme pour Israël. J’ai mentionné les « copains du Bosphore » ou bien ?

    Avant de proférer des inepties ou de transmettre la grippe porcine, il est vivement recommandé de lire la notice d’emballage et de consulter un spécialiste.

    Vu ton pseudo, cantonne-toi au tennis en pension ou au penis en tension et arrête de nous balancer des insanités. Pour conclure, sans rancune.

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