Le Tour plus chiant que la F1 ?

Le Tour de France 2009 est une vaste farce. Des équipes effrayées par l’armada Astana, des directeurs sportifs incapables d’innover tactiquement, des étapes chiantes comme un GP de Hongrie dans le cockpit de Giancarlo Fisichella, un Armstrong qui est à niveau après s’être arrêté trois ans et qui n’a toujours pas été attrapé par la patrouille, un unique vainqueur dès que le sprint est lancé, des Français qui gagnent et… Cadel Evans qui a attaqué au moins deux fois. Non franchement, cette Grande Boucle est grotesque. Et si tout était de la faute à Johan Bruyneel ?

Et pourtant Dieu sait que l’UCI et les organisateurs ont tenté de pimenter la chose en interdisant les oreillettes… Les coureurs sont devenus des machines à suivre les ordres d’un type situé cent mètres derrière, au volant d’une voiture, avec une radio et une télévision et ils ont vainement tenté d’y remédier. Le flair n’existe plus dans le cyclisme et bannir les oreillettes pouvait peut-être remettre le cerveau du coureur en route. Et ça, les cerveaux, Johan Bruyneel il aime pas. Alors il a lancé une pétition pour remettre en question ces deux étapes «à l’ancienne». Et puisque ASO et l’Union Internationale ne se sont pas pliés à sa volonté, le bon Belge a décidé de pourrir la course. Le plus tragique, c’est que le bougre est parvenu à ses fins, l’Union Internationale ayant décidé de faire machine arrière en autorisant finalement les oreillettes lors de la 13e étape. Puisqu’on vous dit que les instances dirigeantes du cyclisme sont incorruptibles…

Les poubelles de Martigny

Pour rebondir sur ASO, leur chère dirigeante a justement sentencieusement prié le journal L’Equipe de ne pas trop remuer la mouise dans le milieu du vélo – en particulier sur les questions de dopage – et de laisser tranquille la pauvre équipe Astana, persécutée par les vilains agents responsables des contrôles anti-dopage. Nous sommes donc ravis de voir que la liberté de la presse est totalement garantie, Sarko ayant visiblement fait des émules jusque dans ce milieu. Ne vous inquiétez pas, vous pouvez compter sur CartonRouge.ch pour aller fouiller deux-trois poubelles de la banlieue de Martigny lundi…
Pourtant, ce bon Johan Bruyneel il est plein de soucis. Il a seulement trois coureurs parmi les cinq premiers du général, tout en n’ayant pas à défendre le maillot jaune. C’est quand même terrible ! Et pire encore, Alberto Contador, le meilleur cycliste actuel sur les courses à étape, n’obéit pas. L’Espagnol semble refuser d’offrir la victoire sur un plateau à Armstrong, qui est quant à lui en tournée de récolte de fonds. Non, franchement, rien ne va plus. Certes, les chances que l’on croise le couple Armstrong-Contador en plein dîner romantique chez Rochat la veille de l’étape de Verbier restent minces, mais il serait de bon goût que ces deux leaders accompagnés pour l’occasion de Klöden arrêtent de prendre les gens pour des crétins en leur faisant croire que leur ménage à plusieurs fonctionne parfaitement.

Ad Memoriam Henri Desgranges

Bref, récapitulons. Démarrage de deux Français au kilomètre zéro. Prise en chasse de la part des Ag2r relayés par le Team Columbia qui fait gagner Cavendish. Voilà dix jours de courses facilement résumés. Et même si les Suisses ont pu se réjouir du maillot jaune de Fabian Cancellara, le reste a tourné à la vaste blague en raison, surtout, d’un tracé complètement grotesque. Si le Tour de Suisse avait été fait sur mesure pour «Cance», cette Grande Boucle 2009 semble taillée pour Armstrong. Des cols des Pyrénées placés à 70 bornes de l’arrivée, un contre-la-montre trop court et trop facile. Un «chrono» par équipes en première semaine… Bref, tout pour que l’Américain puisse tranquillement monter en puissance.
 
Et puisque les Alpes ne font pas rêver – même moi la montée sur Verbier ne me fait pas peur et ensuite, après les «deux St-Bernard», il y a encore 31 km de descente à se taper –, il faudra tout jouer à quitte ou double sur le Mont-Ventoux, le jour précédent l’arrivée sur les Champs-Elysées. Une épreuve de trois semaines, la plus prestigieuse du calendrier cycliste, va finalement se résumer à une course de côte sur le «géant chauve»… Autant le Giro avait été passionnant cette année, autant le Tour de France a été tracé à la truelle sans penser à l’aspect sportif des choses. Bon sang, mais c’est bien sûr ! La course appartient à ASO, dont le but est aussi de vendre L’Equipe et donc de garder le suspense le plus longtemps possible !

Tour de France (1903 – ?) RIP

Mais ce qui effraye le plus cette année, c’est certainement la catatonie dans laquelle sont engoncés les directeurs sportifs des équipes. Sous la coupe d’Astana, ceux-ci ne trouvent pas – cherchent-ils déjà ? – comment tenter de déstabiliser Armstrong and co. Oh, Cadel Evans a bien tenté de sortir de sa traditionnel léthargie en démarrant un jour à 150 bornes de l’arrivée, mais ses collègues d’échappée, Fabian Cancellara en tête, lui ont gentiment expliqué que ça ne se faisait pas. Merci pour le panache… On a beau dire on a beau faire, le dernier à avoir tenté un coup pareil, c’était Floyd Landis. Ah il avait eu des couilles en l’occurrence le Mormon ! Son contrôle positif à la testostérone n’était finalement pas tellement surprenant quand on y repense… L’année dernière, c’était les feu CSC du très propre Bjarne Riis qui dirigeaient le peloton d’un braquet de fer, en réussissant à placer Carlos Sastre sur la plus haute marche du podium. Une année plus tard, l’Espagnol engagé dans la modeste équipe Cervélo passe totalement inaperçu. On se réjouit déjà de le voir se faire déposer tel le Robbie McEwen du pauvre dans les premiers contreforts alpins par l’armada bleu ciel.
Au bout du compte, année après année, on espère un Tour plus intéressant, avec du suspense, sans affaires extrasportives, sans devoir attendre fébrilement les premiers échantillons positifs, et qui réconcilie avec un minimum syndical ce sport avec ses fans. Et bien entendu, chaque année c’est le même cirque. La barre a été spécialement placée haute en cette édition 2009 pour le retour d’Armstrong avec l’autorisation octroyée au coké belge Tom Boonen, une fois de plus pris la main dans le sac de la poudre d’ange. L’honneur est à quelque part sauf, puisque le sprinter doit se coltiner des Cavendish et autres Hushovd, l’empêchant d’imaginer le moindre espoir de succès, sauf accident. Remarquez, on aurait également pu bien rigoler si ce dernier avait eu l’outrecuidance de s’imposer. Bref, le Belge va comme d’habitude abdiquer juste avant les «vraies» étapes de montagne, dans quel cas l’affaire sera étouffée d’elle-même.
Pour les prochaines éditions, certaines rumeurs annoncent un retour de Bernard Hinault et Miguel Indurain dans le peloton ! Des pourparlers ont également été établis vers l’Au-delà avec Marco Pantani et Fausto Coppi pour une éventuelle participation en 2011, histoire de faire un all-star Tour afin que le vélo puisse remonter dans l’estime des gens. Ils seraient alors spécialement exhumés pour l’occasion. Finalement, rendons hommage au cyclisme, la seule discipline sportive capable de survivre même en mourant plusieurs fois.