Le secret de Whistler Mountain

Ok je sais, le concours n’avait pas lieu à Whistler, mais c’était juste pour le jeu de mots. Fallait pas me filer le patinage artistique non plus, ou au moins me donner que les filles…

C’est déjà dur en terme d’objectivité que d’accepter un sport où l’intégralité du résultat dépend d’une note artistique. On a l’impression que Plushenko a déjà gagné puisqu’on imagine que Poutine serait fâché si ce n’était pas le cas. Pis après en patinage, le truc que je ne peux pas supporter c’est les entraîneurs. Vous en avez déjà vu un avec une tronche normale et qui n’a pas l’air de se croire dans Amour, Gloire et Beauté ? Le glamour de la discipline me direz-vous. Mon cul vous dirai-je.Brian Joubert glamour ? C’est vrai que glamour et spleen vont parfois de pair. 2002, Brian tout seul à Salt Lake City ne peut pas faire grand-chose avec ses 17 ans. 2006, en conflit avec sa fédé et hors de forme, Brian se perd encore. 2010, Brian se prépare trois bonnes semaines, refuse de loger au village olympique, préférant un chalet à la montagne (à la Brokeback Mountain) avec son entourage et zappe la cérémonie d’ouverture pour être au taquet. Un programme court plus tard, pirouette et surtout cacahuète. Dans la bien nommée zone «kiss and cry», Brian se lâche, les yeux brillants, les joues roses : «putain de JO de merde, ça fait chier j’y arriverai jamais». Rock’n’roll le patinage, vas-y agrippe un juge, gueule «it’s a fuckin’ disgrace» mais fait quelque chose parce que moi je suis obligé de me taper toute la compète et il est tard pis je dois en faire un article. La suite des aventures du Gaël Monfils des glaces c’est dans les journaux. Déclarations à l’emporte-pièce, promesses sur l’avenir et bonnes résolutions. Rendez-vous dans quatre ans.

Au niveau de la solidité mentale, il reste du boulot en tout cas pour atteindre le maître. L’intouchable playmobil, Eugène pour les intimes, Evgeny pour vous. Regarder du patinage une bière à la main c’est mal, je vous le concède. Mais je peux vous garantir que voir Plushenko ça vous fait retenir vos rots pour un petit moment. D’abord fascinés par cette toison d’or, osons la nommer ainsi, vous hésitez entre quelle ressemblance elle vous inspire. Puis vous fixez le regard, et vous avez l’impression pour la première fois de voir un gars qui sait vraiment mais vraiment ce qu’il fait. Un métronome des patins, un vrai sportif d’élite, sûr de lui et impitoyable.
Mais bon en même temps je ne sais même pas compter le nombre de tours qu’ils font ces gaillards. Alors apparemment il était pas si intouchable que ça il faut croire. Le sympathique Lysacek ayant réussi l’exploit de surpasser le Maître. Moi c’est surtout quand un footballeur se roule par terre que je suis fort pour compter les tours et dire si c’était un Lutz, ou un double piqué. Par exemple hier Alexander Frei contre Aarau nous a fait un magnifique demi-double-piqué. Bref, tout ça pour dire que je ne vois pas d’énormes différences entre les meilleurs compétiteurs. Mais force est de constater que le Petit Prince de Saxon ne se battait pas tout à fait dans la même cour cette fois. Tant pis, des larmes on en a toujours bien assez dans ce sport.
Quant à moi, je me réjouis de regarder les filles, la semaine prochaine. J’ai mis la main sur une liste de compétitrices à suivre de TRÈS près. Je me délecte déjà à l’idée de vous en faire part.

Écrit par Roby Steedman