Le FC Bulle n’est pas encore mort

En grande difficulté au classement et encore mené 2-0 par Echallens à dix minutes du terme, le FC Bulle a trouvé les ressources pour égaliser miraculeusement dans les arrêts de jeu. Voilà qui pourrait relancer les Gruériens dans leur course au maintien.

La nouvelle était dans l’air depuis quelques temps, elle est désormais officielle : le FC Echallens ne déposera pas de dossier de candidature pour une éventuelle ascension en LNB d’ici à la date butoir du 31 mars prochain. Ce qui signifie que, même s’ils devaient obtenir leur qualification sur le terrain, les Challensois ne seraient pas autorisés à participer aux finales d’ascension en LNB. On a souvent fustigé sur notre site ces clubs sans histoire, sans soutien populaire, sans structures ni infrastructures qui veulent jouer dans la cour des grands juste pour satisfaire quelques égos surdimensionnés, c’est dire si l’on comprend la décision des dirigeants challensois, même si on la regrette. Echallens a une histoire, un passé (25 ans de 1ère ligue), un mouvement juniors florissant, il n’était pas question de mettre tout cela en péril pour une aventure sans lendemain, avec les investissements pharaoniques et disproportionnés imposés par la ligue.

Les fossoyeurs du foot suisse

En 1994, le FC Echallens de Lucien Favre avait pu monter en LNB sans gonfler son budget de manière exponentielle, avait réalisé une saison honorable, avant de redescendre sans avoir plombé ses finances ni avoir dû construire un nouveau Wembley pour accueillir Gossau ou Wohlen. Aujourd’hui, malheureusement, une telle aventure à visage humain n’est plus possible. C’est évidemment regrettable pour les joueurs qui réalisent une saison magnifique et qui seront, quoiqu’il advienne, privés de la cerise sur le gâteau en raison des délires réglementaires de quelques obscurs bureaucrates qui n’ont sans doute jamais vu une pelouse de leur vie. C’est d’autant plus regrettable que la ligue pseudo élitiste voulue par ces messieurs de Muri se joue devant des stades vides et dans un désintérêt croissant. Pire, les dizaines de classeurs fédéraux de règlements n’ont pas empêché, voire ont même précipité, les faillites et autres problèmes financiers que l’on sait, Lausanne, Servette, Chaux-de-Fonds, Concordia Bâle, Baulmes… Récemment, c’est Gossau qui a renoncé à demander sa licence pour la saison prochaine, en raison notamment des exigences toujours plus pointues en matière d’infrastructures. Combien faudra-t-il de cas de ce genre pour que les présidents de clubs se rendent compte qu’Edmond Isoz et ses sbires sont les véritables fossoyeurs du football suisse ?

Bulle, l’exemple inverse

Le FC Bulle, c’est un peu l’inverse du FC Echallens : les Fribourgeois ont eux de l’ambition à revendre, chaque début de saison ils clament haut et fort leurs velléités de promotion en engageant à tour de bras des vieilles gloires de ligue nationale, cette année encore davantage que les autres puisque le club fête son centenaire. Mais les résultats ne suivent pas. Ils ne suivent même tellement pas que c’est en position de relégable que les hommes de Stéphane Henchoz débarquent dans le Gros-de-Vaud. Entre un Echallens forcément un peu sonné après sa renonciation aux finales et un Bulle bien mal en point, la 1ère mi-temps n’a pas atteint des sommets. Et la forte bise qui balayait les Trois-Sapins n’a rien arrangé. Tout juste a-t-on noté deux essais non cadrés de Boughanem et Benslimane côté bullois, une percée avortée de Rickli suivie d’un tir de Martins bloqué par Di Stefano côté challensois.

Le chef d’œuvre de Forestier

Il faudra un exploit individuel pour lancer le match, en l’occurrence une somptueuse frappe du pied gauche de Ludovic Forestier à plus de 30 mètres, contre la bise qui plus est, qui est allée se ficher en plein dans la lucarne des buts gruériens. Trois minutes plus tard, un contre rondement mené et conclu d’un tir croisé imparable de Mickael Martins classait, croyait-on, définitivement l’affaire. On n’imaginait mal ces individualités bulloises sans venin, sans envie, sans révolte, bref résignées, combler un retard de deux buts. C’est un peu à l’insu de son plein gré que le FC Bulle va revenir dans le match, sous la forme d’un penalty extrêmement sévère pour une faute présumée sur Hsyeni. Kamel Boughanem transforme sans coup férir, le gardien challensois Grégory Mathey n’a pas dû assez fréquenter la Pontaise ces dernières saisons, sinon il aurait su comment l’ancien Lausannois tire ses penalties.

Egalisation sur le fil

Il restait alors dix minutes à jouer mais on ne peut pas dire que les Bullois aient imposé une pression étouffante sur le but adverse. Toutefois, Echallens s’est montré un peu minimaliste et suffisant, en vivant sur son maigre avantage et en n’essayant plus de conserver la balle dans le camp fribourgeois. Si bien que la pression du FC Bulle a fini par arriver, avec quatre corners consécutifs à la 90e où à chaque fois le duel aérien a été gagné par un rouge (donc un Bullois), avec notamment un sauvetage miraculeux de Mathey et un but annulé de Benslimane. C’est donc assez logiquement que Bulle a égalisé sur un long ballon qui a permis à l’ancien Baulméran Achille Njanke de battre Mathey en deux temps.
Avec seulement deux points lors de ses trois derniers matchs, Echallens fait un peu du surplace en ce moment. On espère que les joueurs challensois sauront se remotiver pour démontrer que, sportivement, ils avaient leur place en finales. Quant au FC Bulle, ce point miraculeusement acquis ne lui permet pas de sortir de la zone rouge. Néanmoins, cette remontée inespérée pourrait faire beaucoup de bien au moral de l’ex-candidat déclaré à la promotion qui était apparu bien mal en point durant les huitante premières minutes de jeu.
Photo Pascal Muller, copyright www.mediasports.ch

FC Echallens – FC Bulle 2-2 (0-0)

Trois-Sapins, 150 spectateurs.
Arbitres : M. Stocker, assisté de MM. Stadelmann et Lütolf.
Buts : 54e Forestier (1-0), 57e Martins (2-0), 80e Boughanem (penalty, 2-1), 91e Njanke (2-2).
Echallens : Mathey ; Kurtic, Réal, Pittet, Forestier ; Martins (88e Limani), Gomes, Bovay, Kazangba (12e Martinet) ; Rickli, Ilic (68e S. Guignard).
Bulle : Di Stefano ; Da Silva, Cheminade, Margairaz (59e Pasquier), Charrière ; Boughanem, Clerget, Brahimi, Jimenez (56e Hsyeni), Benslimane ; Sakho (46e Njanke).
Cartons jaunes : 40e Jimenez, 54e Gomes, 76e Forestier, 81e Benslimane.

Écrit par Julien Mouquin