Pigeon de mars 3 : Jan Alston

Chaque jour de confinement nous force à changer d’avis sur la gravité de la crise sanitaire et ses potentielles solutions à autant de reprises que Jaromir « girouette » Jagr change de club, le tout au gré de nos diverses lectures anxiogènes. Chacune de ces journées aussi dépourvues de but que la carrière de Johann Vogel nous apprend un peu plus cette notion si chère au Lausanne Hockey Club et à Patrick Mouratoglou : l’humilité. Heureusement, lundi matin 23 mars, une rare bonne nouvelle a percé l’obscurité. En effet, nous apprenions à la lecture de la presse quotidienne que les Mondiaux de pétanque qui doivent avoir lieu à la Vaudoise aréna entre le 16 et le 19 juillet n’avaient pas (encore) été annulés*. C’est donc tout revigorés que nous avons replongé la plume dans l’encrier pour rassembler le LHC, la Vaudoise aréna et l’humilité mentionnés plus haut et vous parler d’un homme dont le manque de communication et les multiples erreurs de casting auront contribué à ajouter une bonne dose d’incompréhension aux performances plus que médiocres de son équipe cette saison. On veut bien sûr parler de l’ex-directeur sportif du club le plus transparent de Suisse romande.

On commencera par préciser que Jan Alston n’est pas épinglé ici pour l’ensemble de sa carrière managériale, mais bien pour ses frasques récentes. Nous n’oublierons pas que le LHC qu’il quitte en 2020, qualifié pour les playoffs de première division pour la cinquième fois en sept ans, n’a plus grand chose à voir avec celui avec lequel il avait  pris sa retraite de joueur en 2011, sur une ignoble défaite 4-0 face à Viège en finale de LNB (votre serviteur se souvient d’ailleurs avoir vécu cela à la radio depuis le Texas, son maillot d’Alex Tremblay sur des épaules soudain bien voûtées par une intense déception). Soit. Mais au vu des nouveaux moyens (supposés) d’un club qui est maintenant à mille lieues de celui qui avait plus de montées et (surtout) de descentes à son actif qu’Otis et Schindler réunis, il est plus que temps d’arrêter de se référer à un passé de plus en plus lointain pour regarder vers l’avant. Dans ce contexte, il était plus que logique pour les mystérieux nouveaux propriétaires de rendre sa liberté au principal artisan d’une certaine stagnation du côté de Malley. Oui, les nouveaux propriétaires, car si vous insinuiez que Sacha Weibel a pris lui-même cette décision, nous serions forcés de vous demander si c’est une question sérieuse.

Le Jan Alston auquel nous souhaitons offrir un volatile doré fait progressivement son apparition en 2017/18, au moment de (commencer à) remplacer Cristobal Huet, le plus grand joueur à avoir jamais porté les couleurs locales, par le tremblotant Sandro Zurkirchen. Cette même année, il se laisse berner par les performances de Sandro Zangger qui s’expliquent plus par sa présence sur la ligne de David McIntyre et Dominic Lammer à Zoug que par son talent individuel (dont acte les trois saisons suivantes). C’est aussi à ce moment-là que le dirigeant canadien a la riche idée de se séparer (fort momentanément il est vrai) de Benjamin Antonietti, le seul véritable joueur de rôle (ingrat) qui lui reste à cette époque. L’histoire se termine avec une deuxième participation aux playouts en cinq ans, le licenciement de Dan Ratushny et un intérim plus que risible d’Yves Sarault qui n’avait strictement rien à craindre ou à espérer de son contrat CDD.

En 2018/19, la Culture de la Gagne fait irruption dans la capitale olympique. On engage Christoph Bertschy, Ronalds Kenins, Petteri Lindbohm, Torrey Mitchell, Tyler Moy et Cory Emmerton pour épauler Dustin Jeffrey, Jonas Junland et Joël Vermin. On débauche même Tobias Stephan pour l’année d’après. Ça a de la gueule. Et ça gagne. La première demi-finale de l’histoire du club et la qualification pour la mirifique Champions Hockey League, le phénix des hôtes de ces bois, nous font presque oublier la performance misérable en quarts face à Langnau qui a coûté les forces qui auraient permis aux Lions de faire autre chose que de la figuration au tour suivant. C’est à ce moment qu’Alston promet l’arrivée d’une créature mythique pour le début de la saison suivante: un cinquième joueur de champ étranger qui sera chargé de créer de la concurrence et d’apporter un surplus de profondeur à un banc qui semble aussi court que les membres supérieurs d’un T-Rex. Malheureusement, cette promesse restera une vue de l’esprit dans la cité prillérane. Seule l’arrivée de Mika Partanen en janvier 2019 (avouez, vous l’aviez déjà oublié) nous fera croire l’espace d’un petit quart d’heure que l’objectif était atteint.

Nous voici donc en 2019/20, #UneSaisonUnique. Notre fameuse hydre, cet animal légendaire sorti tout droit de la mythologie de National League, ce joueur importé supplémentaire est à nouveau promis dès l’ouverture des hostilités. Et cette fois on ne pourra pas reprocher à l’ex-fer de lance des ZSC Lions de ne pas avoir tâtonné à tort et à travers pour un dénicher un. Le seul souci étant que le tâtonnement implique parfois une certaine cécité, comme dans le cas qui nous occupe. Faisons une petite liste en commençant par les binationaux qui ne font pas partie de l’équation du cinquième ressortissant étranger. Engager le très jeune Victor Oejdemark était une fort bonne idée sur le papier. Lui refuser une présence sur la glace à tout prix jusqu’au jour où l’on se trouve dans l’obligation de lui donner un rôle en vue pour cause de pénurie de défenseurs était moins évident a priori. Difficile de savoir à l’heure qu’il est si le solide Helvético-Suédois (on parle ici uniquement de sa carrure) n’a simplement pas (encore) les épaules pour ce job ou si la cause de ses contre-performances est d’avoir été jeté dans le grand bain sans avoir eu le temps de se mouiller la nuque au préalable. En ce qui concerne Cody Almond (qui a paraphé une entente de TROIS ANS), Saint protecteur de tous les joueurs inconstants et paresseux, les dirigeants et supporters servettiens, tout confinés qu’ils sont, se donnent encore de grandes tapes dans le dos virtuelles via Skype en y repensant.

L’autre principal tort du natif de Granby aura été un manque de communication total. En effet, Jan “I plead the fifth” Alston se sera fait fort d’esquiver toute tentative de question appelant une réponse comportant un réel contenu tout au long de sa carrière de directeur sportif. Les Rouge et Blanc doivent d’ailleurs être rassurés de lui avoir trouvé un remplaçant de qualité à ce poste en la personne du CEO Sacha Weibel, comme il vient de le prouver ici. Au lieu de faire taire les rumeurs grandissantes une bonne fois pour toutes en disant où son entreprise en était réellement dans sa recherche d’un nouvel employé pour renforcer son secteur sportif, Alston aura préféré se murer dans un silence digne de son coaching staff finlandais tout au long de la saison. Aucune confirmation, aucun démenti, rien d’autre qu’un silence radio des plus pesants. Naturellement, Jan aurait pu nous fermer notre clapet à tout jamais en dénichant la perle rare. Ce qu’il a fait, en un sens, avec l’arrivée de ce brave Max « Jules » Wärn sur les côtes du Léman. Tout a déjà été écrit sur le néant absolu qui caractérise la performance de l’attaquant finlandais à Lausanne. 4 matches, 0 point, une suspension. Allez salut, et bonne retraite surtout ! On ne jugera pas Philip Holm, Alexandre Grenier et Vadim Pereskokov aussi durement. On vous dira simplement que lorsqu’on attend le mois de février pour bouger sur le marché, on risque de ne pas obtenir le diamant brut que tout le monde va s’arracher au niveau des KHL rejects. Et si en plus la poisse de fin de saison vous tire dans les pattes et en blesse un, après s’être chargée de mettre Cory Emmerton sur le flanc, votre cinquième étranger légendaire devient rapidement une simple béquille de remplacement.

Pour toutes les raisons que nous venons de vous exposer avec l’objectivité, le recul et la sobriété qui caractérisent la rédac’ de Carton-Rouge, nous vous suggérons lourdement, chers lecteurs, d’aller faire la queue (en respectant une distance sociale de 2 mètres) à votre bureau de poste le plus proche histoire de faire parvenir à Jan Alston un magnifique pigeon d’or par courrier express.

*Les Mondiaux de pétanque ont fini par être reportés à 2021 le 14 avril. Comme on avait la flemme de réécrire toute notre intro, on vous laisse vous démerder avec une note de bas de page.

A propos Raphaël Iberg 175 Articles
"Chaque matin on prend la plume parce que l'on ne peut plus faire autrement sous peine de malaise, d'inquiétude et de remords." Maurice Leblanc

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3 Commentaires

  1. A moins que j’aie révé, il me semble avoir vu une certaine Daniela Ryf ici-même comme Pigeonne de mars numéro 3, pendant un ou deux jours !? Puis, pffuitt, volatilisée, la pigeonne !!
    Son agent, ou elle-même, aurait-il(elle) exigé d’être immédiatement mis hors course de cette pourtant prestigieuse nomination ?? Oder was ??

    • Hélas non, ça aurait été rigolo, on adore se faire des nouveaux amis. Il se trouve que « l’accusation » principale sur laquelle on a ensuite comme d’hab brodé avec plein de mauvaise foi a été contestée par un de nos lecteurs sur FB et il s’est avéré qu’il avait raison et que l’auteur du pigeon avait confondu Ryf et Spirig (on se la garde sous le coude du coup)… Le reste de l’article n’était plus assez étayé pour soutenir une nomination, et nous n’avions pas le temps d’en réécrire un entier. Nous avons donc préféré le retirer. Inutile de te dire que j’ai sorti le knout.

  2. Oulaaaa, donc erreur sur la personne ! En effet voilà qui mérite au moins 50 coups de fouets au rédacteur fautif ! 🙂
    Merci pour l’explication, et vivement que le sport redémarre !

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