Première certitude

Il en aura fallu du temps ! Mais enfin, c’est certain ! Durant la saison 09/10, Bienne n’aura jamais gagné 3 matches de suite. La dernière occasion, c’était hier soir…

Et pourtant avant le match, l’optimisme n’était pas forcément de rigueur chez les suiveurs du LHC qui s’imaginaient déjà leur équipe sombrer face à un HC Bienne des plus démonstratifs en début de semaine. Or ce point de vue, même s’il pouvait être richement documenté, omettait de prendre en compte que si Bienne militait en LNA, c’était en devant composer avec un mental de lemming. Et si ce club a fini neuvième plutôt que huitième au contraire d’un Lugano moribond, c’est bien en raison d’une incapacité psychologique à capitaliser sur ses acquis.

Bienne, c’est beaucoup de belles choses, notamment un public dont mes collègues de la rédaction vous parlent avec la plus grande ferveur*. Mais Bienne, c’est avant tout une brigade défensive que même le HC 2 Sapins ne craindrait pas dans son état actuel. Le fait que Curtis Brown ait réussi à se mettre out pour la saison, que Steinegger se soit blessé à un moment fortuit de la série et que Schläpfer ait préféré «bip bip» au rugueux Jackman allait permettre de formuler une vérité bien difficile. Une victoire des locaux passerait par un minimum de 5 buts marqués tant la défense faisait souci à voir, avec ses quatre défenseurs nº 8, sa recrue et son enfant gâté.
Or, les circonstances qui avaient sorti le moral des Biennois du respirateur artificiel aux deux premiers actes n’allaient pas être au rendez-vous. Ehrensperger n’était en effet pas capable de concrétiser une occasion valable dans les 5 premières minutes. Pire, c’est Miéville qui avait le toupet de se mettre à dos son plan A de suite de carrière durant cette plage de temps. Et puis Roy doublait la mise. Bienne était prié de réagir… Et bien non. Bienne prit l’eau, montrant ainsi qu’un trop grand nombre d’individus composant cette équipe manquait de fierté, qu’effectivement, ils devaient bien s’amuser de temps à autre entre eux à se faire des sorties de groupe — notamment dans des lieux alternatifs — ou à sentir qu’ils ont le pouvoir de virer un coach, rien qu’en bâclant leur travail. Par contre, lorsqu’il s’agit d’être au rendez-vous, on peut compter les individus sur la main… de Déruns. C’est vrai, Mona a certes été irréprochable durant presque tout le match. Mais le résultat final s’explique par l’incapacité des Biennois à dicter le jeu qui devrait découler de leur supériorité technique et leur vitesse d’exécution.
Samedi, c’est donc en toute logique que «bip bip» devrait aller rejoindre les tribunes et laisser sa place à un compatriote qui, espérons-le, aura faim de temps de glace. Lausanne peut encore y croire. Toutefois, il reste bien clair que ce ne sera pas ce club qui forcera la décision pour sa promotion. La clé de la série, c’est le EHCB qui la possède toujours. Enfin, c’est une hypothèse sans nouvelle charge dans le dos…

*Cette même ferveur qui consiste à vouer une admiration sans bornes aux prolétaires quand ils se trouvent à 500 kilomètres de chez soi et qui permet d’interpréter la dilapidation des économies du ménage pour une entité sportive comme un trait de génie. Ces mêmes gens qui se transforment en lie de la société lorsqu’elles ont le malheur d’être des compatriotes…
Photos Pascal Muller, copyright www.mediasports.ch

Bienne – Lausanne 1-5 (0-2 0-2 1-1)

Stade de Glace, 5115 spectateurs.
Arbitres : Rochette/Stalder ; Abegglen/Kaderli.
Buts : 4’10 Miéville (Villa, Stalder, à 5 contre 4) 0-1. 6’46 Roy (Stalder, Tremblay) 0-2. 21’08 Gailland 0-3. 23’04 Miéville (Gailland, Fedulov, à 5 contre 4) 0-4. 46’40 Frunz 0-5. 55’15 Lötscher (Schneeberger, Tschantré) 1-5.
Pénalités : 6 x 2’ contre chaque équipe.
Bienne : Berra; Seydoux, Trunz; Schneeberger, Hauert; Kparghai, Meyer; Truttmann, Bordeleau, Nüssli; Ehrensperger, Peter, Barras; Tschannen, Fata, Tschantré; Lötscher, Gloor, Zigerli; Wetzel; Beccarelli.
Lausanne : Mona; Stalder, Zalapski; Schilt, Leeger; Keller, Kamerzin; Villa; Bonnet, Staudenmann, Abplanalp; Fedulov, Miéville, Gailland; Tremblay, Roy, Randegger; Frunz, Augsburger, Lussier.
Notes : Bienne sans Fröhlicher, Gossweiler, Brown (blessés, saison terminée), Steinegger (blessé), Jackman, Himelfarb ni Jinman (étrangers surnuméraires). Lausanne sans Hendry (blessé), Schnyder (suspendu), Banham (étranger surnuméraire), Cardonau ni Chabloz (surnuméraires).

Écrit par Jean-Boris Cochet-Lamouche