Si Bruxelles brusselait, alors Rio rira !

Portée par une hype sans précédent pour elle et portant des maillots pour une fois très réussis par un équipementier dont je n’avais jamais entendu parler (Burrda), la Belgique est prête à montrer qu’un pays peut agoniser avec style. En même temps on n’est plus à un paradoxe près.

1) Pourquoi ai-je choisi de présenter ce pays ?Parce que ce pays a eu la gentillesse de me donner un passeport et que depuis que j’écris sur CartonRouge.ch, je n’avais encore jamais eu l’occasion de les voir évoluer dans une vraie compétition. L’occasion était trop belle. Sans compter que je compte sur ces Diables pour enfin atténuer la douleur toujours bien vivace ressentie lorsque l’arbitre a scandaleusement annulé le but de Marc Wilmots, en 1/8ème contre le Brésil en 2002. Cette image est mon dernier souvenir des Diables au mondial et elle me hante depuis 12 longues années.
2) A quoi sert ce pays ?
La Belgique est le premier fournisseur mondial de héros de blagues merdiques, mais pas que. C’est également une patrie qui a fait de la frite une quasi-religion, qui fabrique la meilleure bière du monde et dont certains de ses habitants sont à l’origine d’inventions aussi communes que le moteur à explosion ou le plastique. Elle sert également de contre-exemple pour l’Europe, dont elle abrite pourtant les institutions, et pourrait être l’auteure du livre «Comment construire un Etat Fédéral pour les Nuls, Tome II, le mauvais exemple».
C’est aussi – et surtout – le pays du surréalisme. Tant en art (Magritte) qu’en guerre (Les Ardennes sont une frontière naturelle infranchissable), mais également dans la vie de tous les jours. En effet, en Belgique, personne ne serait surpris de voir un Inuit dépecer un phoque sous un abribus. Parce que C’EST NORMAL. Enfin, la Belgique a donné au monde quelques-uns de ses plus beaux artistes comme Jacques Brel ou André Franquin, mais a aussi connu quelques ratés dans sa production culturelle, comme par exemple Lara Fabian ou JCVD, qu’ils ont au moins réussi à exporter.

3) Comment se sont-ils qualifiés et pourquoi ?
Les Diables sont sortis faciles premiers d’un groupe relativement relevé, qui comprenait notamment la Croatie et la Serbie, autre chose que la Norvège et l’Islande en somme. Le dispositif aligné par les Belges n’a quasiment jamais changé. Du solide et des ailiers qui sont capables de faire la différence à n’importe quel moment.
La qualification a été officiellement validée suite au doublé de Romelu Lukaku, qui a profité de la blessure de Christian Bentéké pour être titularisé, en Croatie. Match qui donne de bonnes indications sur ce que l’on va voir au Brésil. Steven Defour avait notamment dévoré vivant Luka Modric ce soir-là. Steven Defour, quoi !
4) Pourquoi vont-ils gagner la Coupe du Monde ?
La sélection belge est bâtie sur une colonne vertébrale d’une robustesse à toute épreuve. Il y a le meilleur gardien du monde (Courtois), le meilleur central du monde (Kompany, malgré une saison un peu en deçà cette année), un milieu athlétique et intelligent orchestré par Axel Witsel. Sur les ailes, à choix, Hazard – Mertens ou Hazard – De Bruyne. Bref, sur le papier, la Belgique c’est du très très lourd.
Et l’engouement qu’ils génèrent au pays est assez incroyable. Il n’y a que pendant une Coupe du Monde que tu peux voir plus de drapeaux belges que d’étendards flamands aux fenêtres. Ils seront galvanisés par ce statut d’«unique symbole national belge partagé par toutes les communautés du pays». Transcendés par une mission bien plus importante que le football, à savoir réconcilier les Belges entre eux, les Diables vont mettre en pratique la devise nationale «L’Union fait la force» et tout balayer sur leur passage. Vous voilà prévenus.
5) Pourquoi vont-ils se faire éliminer au premier tour ?
Parce que les Belges sont conscients que, sur le papier, ils sont bien plus terrifiants que leurs trois adversaires et pourraient réaliser l’exploit de prendre le melon alors même que leur dernière victoire dans un grand tournoi remonte à 2002. Parce qu’Hazard pourrait très bien quitter n’importe quel match à la 38ème pour aller se chercher un burger au McDo du coin. Parce que Kompany et/ou Wilmots pourraient être appelés par le Roi pour former un gouvernement à tout moment. Parce que Mignolet pourrait tenter d’assassiner Courtois dans son sommeil. Ou alors parce que Bart de Wever aura déclaré l’indépendance de la Flandre, rendant caduque la participation des Diables au tournoi.
6) Qui sont les joueurs à surveiller ?
Sûrement moins médiatisé que ses coéquipiers Hazard, Courtois ou Kompany, Axel Witsel est à la fois le cœur et le poumon du dispositif de Marc Wilmots. Le gars reste connu pour son jeu parfois rude, mais il jouit d’une bonne technique. Non seulement il ne perd jamais le cuir, mais en plus, il en fait souvent bon usage. L’ancien du Standard ratisse et distribue d’innombrables ballons depuis son positionnement en 6 et est probablement un des joueurs les plus largement sous-estimés qui participeront à ce mondial. Un mix en Nigel De Jong et Andrea Pirlo, si on devait exagérer la moindre.
7) Qui sont les joueurs à ne pas surveiller, mais dont on peut éventuellement se moquer ?
Anthony Vanden Borre est un éternel espoir et ne sera jamais rien d’autre. Il a fêté la première de ses 23 sélections en 2004 (à l’âge de 16 ans) et le monde lui prédisait une carrière du feu de Dieu. Seulement, le feu de Dieu, c’est au cerveau de Vanden Borre qu’il a dû s’attaquer. Après que son comportement nonchalant et ses quelques engueulades l’aient empêché d’exprimer son talent à la Fio’, il a rebondi au Genoa, à Portsmouth, à Genk, puis à Anderlecht et profite de l’absence chronique de latéraux en sélection pour squatter le car Van Hool des Diables Rouges au Brésil. Mention spéciale aussi à la coupe de cheveux de Marouane Fellaini.

8) Une bonne raison de les supporter ?
Parce que les Diables Rouges représentent un symbole belgicain et que chacun de leur succès emmerde profondément ces enfoirés de flamingants (ceux qui – justement décrits par Brel – sont nazis durant les guerres et catholiques entre elles). Et emmerder un flamingant, ça n’a pas de prix. En plus, quand la Nati sera éliminée après trois petits 0-0, tu pourras t’identifier à cette équipe bariolée, polyglotte et culturellement brassée, qui te rappelle ta bonne vieille Suisse. Enfin, peut-être pas la «bonne vieille» justement, mais ta Suisse quand même.
9) Une bonne raison de ne pas les supporter ?
Toute la «hype» autour des Diables Rouges en fait le favori de ce que certains de mes collègues ici appellent les «footix» au nom de je ne sais quel droit divin de juger l’intérêt de leurs pairs pour le sport. Parce qu’aligner Courtois – Kompany – Witsel – Hazard, c’est juste pas du jeu, et parce qu’il existe une probabilité que le pays n’existe plus dans quatre ans pour défendre le titre qu’il gagnerait cette année. Enfin, parce que tu as le courage de clamer haut et fort que Fellaini, son afro, ça lui va aussi bien que des leggings roses à un tamanoir et que l’apparition de ces supporters emperruqués à Everton a fini de te convaincre que la Mersey appartient à Liverpool.
10) Bon d’accord, mais sinon ?
Dans l’avion qui emmène l’équipe de Belgique au Brésil, le commandant de bord n’arrête pas de sentir l’appareil trembler dans tous les sens. Il appelle donc l’hôtesse :
– Qu’est-ce qu’il se passe derrière ?
– Oh, rien, c’est l’équipe qui s’entraîne.
– Faites comme vous voulez, mais faites les arrêter.
Après 5 minutes de calme plat, le commandant de bord rappelle l’hôtesse :
– Bravo, très efficace, comment avez-vous fait ?
– Ben, je leur ai juste dit d’aller jouer dehors…

Écrit par Arnaud Antonin

Commentaires Facebook

4 Commentaires

  1. Houah, merci c’est du lourd !
    Le ptit Belge que je suis attendait cette présentation avec impatience et n’est pas déçu. j’apprécie beaucoup 🙂
    Belle connaissance du pays et de ses institutions AA. Beau travail.
    J.
    PS : je ne savais pas que les Diables Rouges étaient devenus une hype aussi hors frontières ! Probablement, le plus gros point faible de l’équipe… être attendue sans encore avoir rien montré dans un grand tournoi…

  2. Le but de Wilmots… quel scandale! Si ça n’avait pas été « que » la Belgique, je pense que ça aurait longtemps fait les choux gras des journaux.
    Et dire que le Brésil est allé au bout cette année-là.

    En 2002 comme souvent, la Belgique avait un jeu très plaisant. C’est une belle équipe.

  3. Ouaip, quel traumatisme en 2002… Pendergast, l’arbitre jamaïcain, je n’oublierai jamais !
    Clin d’oeil à la Suisse, on a depuis lors une expression en Belgique pour qualifier une grosse injustice subie en coupe du monde : se faire « Blatériser » ! On a eu un coup plus ou moins similaire en 1994 en 1/8è également. Contre l’Allemagne, avec un arbitre Suisse (Roethlisberger), je n’oublierai jamais non plus. Waber part seul au but à 2-1 pour l’Allemagne, il se fait sécher par 2 défenseurs allemands… Rien… On perd finalement 3-2 avec un goût très amer en bouche… Les images de ces 2 injustices pour vous faire une idée : http://www.youtube.com/watch?v=ZGwjQqXu_IM et Josip Weber à la minute 1.18 : http://www.youtube.com/watch?v=7siaiPXIlmY

  4. Le but annulé de Wilmots prouve bien qu’il doit y avoir d’autres déciseurs et que Platini (l’enculé) peut aller mourir avec son envie de laisser les pleins pouvoir à des arbitres… Tout comme ses conseils à la population brésilienne.
    Il siffle une fois qu’il voit bien le ballon rentrer et non tout de suite sur la faute. C’est un fumier qui mérite le trépas tout comme l’arbitre du match Corée du Sud-Espagne… Quelle coupe du monde de merde, c’est pas possible.

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée.


*


Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.