«Manne, mir blybe dranne»

A un mois du début de la Coupe du Monde, la frénésie commence doucement à nous envahir. Vignettes Panini, jeux vidéos et bientôt coups de klaxons pour un oui ou pour un non vont rythmer notre quotidien. En plus de ces «aléas», les diverses sélections nationales ont mandaté les artistes les plus brillants pour composer un hymne digne de ce nom.

Tout le monde se souvient de Johnny Hallyday poussant la chansonnette pour les Bleus. Cette année, la Suisse allemande a désigné Polo Hofer comme ambassadeur de luxe avec la bien nommée «Manne, mir blybe dranne». De Biel à Bonaduz on rigole, alors qu’en Suisse romande… Commençons d’abord par placer le personnage de Polo Hofer, sorte d’Alain Morisod mangeant des röstis. Né en 1945 sous le patronyme d’Urs Hofer, le chanteur populaire s’est fait connaître par ses chants en dialecte, devenant même une icône de l’autre côté de la Sarine. Neuf de ses albums se sont classés au premier rang des charts helvétiques. Lorsque l’on voit la merde écoutée à longueur d’année dans les patinoires de Davos, Thurgovie, Winterthour, Zoug, Coire ou Olten, on est finalement moyennement étonné à l’évocation de ces chiffres. Très «pain-fromage», Polo Hofer plaît à la majorité des Suisses allemands et se déplace sans doute avec plusieurs gardes du corps dans l’Emmental. Là n’est pas le problème.

Au moment de réfléchir à un hymne, la Schweizerischer Fussballverband n’a pas jugé bon de tenir compte de la minorité composée des Romands et des Tessinois, soit 26,9% de la population ou 2,09 millions de supporters de l’équipe nationale. Belle idée fédératrice, messieurs les penseurs. Chapeau bas. Diffusée à partir du 3 mai sur les ondes des radios suisses (lisez alémaniques), la chanson sera déclinée en une deuxième version. «Comme d’hab’, ce c** de Baudry a une nouvelle fois fait un article de merde sans fondement», pensez-vous sans doute. Que nenni. Pour cette deuxième mouture, ils ont hésité entre le Haut-Valaisan, le Singinois et le rap en Suisse allemand. Toujours dans la même idée de s’adresser au plus grand nombre, ils ont opté pour le rap en dialecte.
Pour les audacieux, je vous propose une petite écoute de cette «perle» sur le site du Blick (prononcez Blickrrrrr) au lien suivant : http://www.blick.ch/unterhaltung/musik/polo-national-zum-mitsingen-145969. Le Suisse allemand ne nous a jamais déçus en ce qui concerne les chansons des fans. Après les fameux «Händ i’d Luft» et «Heya Heya EHCB» de mes amis seelandais, c’est cette fois-ci au tour des footeux de se mettre en évidence. Merci à eux. Après avoir cherché en vain les paroles de cette oeuvre pour comprendre au moins où il voulait en venir, j’ai été contraint de tendre mon oreille pour capter les subtilités de la langue de Goethe… heu pardon de la langue d’Alain Suter. Bref, une chanson patriotique à souhait, pile dans le moule de la mission confiée à ce bon Polo.
Jamais à court d’idées, Carton Rouge a décidé de s’insurger contre cette omission de près d’un tiers de supporters potentiels de l’équipe nationale en lançant une pétition que nous vous invitons à signer en guise de protestation. Si l’action est concluante, nous pourrions même envisager de faire part de notre mécontentement à l’ASF qui devra ainsi rendre des comptes (hommage à Jacques Deschenaux inclus). http://www.mapetition.ch/signatures.php?idsig=q4RkUhAPUCgwLvfX3WcA Allez, amis lecteurs, «Mir blybe dranne».

Écrit par George Baudry

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12 Commentaires

  1. Franchement, c’est vraiment de la grosse chiure cette chanson!! C’est presque honteux comparé au « bleu, blanc, rouge » de FF et Doudou pour la France, qui a réussi le pari à sortir une connerie complètement décalée… Que nenni, pas notre genre de faire dans l’intellectuel, mais plutôt dans le gros morceau d’emmenthal bien gras!
    Encore une occasion de remarquer qu’on est pas fédérés pour un sou!

  2. A propos de l’article: Je n’ai rien de spécial contre le suisse-allemand et cet nouvel « hymne » , je trouve cependant que ce genre d’événement serait le moment et le moyen idéal de « fédérer » un peu les différentes régions linguistiques autour d’une chanson reprenant toutes les langues nationales (du moins les 3 principales)…Ce serait également un moyen « ludique » dans les écoles pour intéresser nos élèves à la langue de nos voisins confédérés…

  3. Juste 2-3 corrections :
    « on est finalement moyennement étonné »
    « à l’évocation de ces chiffres »
    « ils ont hésité entre le Haut-Valaisan »
    « ne nous a jamais déçus »
    « jamais à court d’idées »
    « de supporters potentiels »

  4. Je trouve assez comique qu’on puisse « s’insurger » pour un truc sans aucune importance – actualité un peu terne?

    La semaine prochaine, Mouquin nous pond un truc comme quoi il ne dort plus la nuit parce que l’Allemagne n’a plus gagné le concours Eurovision de la Chanson depuis 1943.

  5. Qu’il soit en suisse-allemand, en français, en italien, en romanche, en baslerdütsch ou en patois ajoulot… tout le monde s’en fiche de cet hymne, vu que ça sera de toute manière un grande « bide »! Franchement, qui se souvient d’un hymne, de Suisse ou d’ailleurs, qui fut une réussite??? L’hymne officiel de la compétition en question est souvent une réussite, mais celui du pays participant…
    En 2006, Baschi avec bien réussi avec son « Bring en hei », mais ce n’est qu’en 2008 qu’il est devenu officiel…

    Le reste, ça a toujours été du « pipi de chat » !!!

    LG

  6. Je suis un pro-suisse-allemand, ils ont tout compris par rapport à nous! (Sauf ceux que se prennent pour des romands… Ils se reconnaîtront) Et la musique écoutée dans la patinoire de Davos (les autres je pense que c’est pareil mais je n’y ai jamais mis un pied) est idéal pour boire de la bière… Et ça rappelle l’après-ski (prononcez chi) du Mooserwirt… En passant, la dernière fois que j’ai eu droit à un échantillon de cette « merde » c’était à Saint-Léonard au mois de janvier… Là, c’est un peu le bioulois qui se fout de la suisse-allemande, mais passons…

    Mais je suis quand même d’accord avec le fond de l’article, c’était une occasion rêvée de faire partager une chanson et un engouement aux TROIS régions linguistique du pays… (Faut arrêter avec le romanche main-nant… Bonaduz, au contraire de Biel, est un bled bilingue, donc ils se marrent à moitié… Comment tu connais d’ailleurs Georges? Un cours de répète’? Ou tu bossais pour Christoph à Domat-Ems?)

    Pour une fois: Et chantons en cœur le pays romand et cassons la gueule à ces suisse-allemands…

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