I want U ! nited States of America

Commençons, une fois n’est pas coutume pour un article sur CartonRouge, par un peu de sérieux. A l’instar d’un Gareth Thomas qui fait son coming-out alors qu’il était le dernier que l’on soupçonna d’appartenir à la Jaquette, je l’avoue publiquement, ma deuxième patrie – après Renens – c’est le pays de l’Oncle Sam.

1) Pourquoi ai-je choisi de présenter ce pays ?Aucun pays au monde (en tout cas celui que je connais) n’a fait un tel effet sur ma modeste personne. Comme tout le monde, j’ai critiqué ces «sales Ricains» tout en me gavant de MacDo (d’où la carrure), j’ai haï Doubleyou (mais ça c’était avec raison), j’ai usé 80 paires de 501 depuis que je suis ado, et je leur ai vomi toute ma haine lorsqu’ils ont commencé des guerres un peu partout dans le monde ; tout cela, alors que je ne les connaissais pas. Puis j’y suis allé une fois, c’était professionnel. Puis une seconde, puis j’ai travaillé avec eux, puis une troisième, puis une dizième, puis maintenant c’est quasiment quatre fois par année. Tous mes préjugés se sont envolés. Comme leçon de vie, on fait difficilement mieux. Alors lorsqu’un certain «directeur de la rubrique hockey» d’un site bien connu m’a demandé si je voulais participer à la présentation des équipes de football – un sport que je ne connais pas bien (pardonnez-moi si je commets quelque faute impardonnable : que les gueulards fassent mieux) – pour la prochaine coupe du monde, j’ai dit «OK, mais alors je prends les USA». Il a répondu «OK, mais tu prends aussi la Corée du Nord». Allez savoir pourquoi…

2) A quoi sert ce pays ?
Sur le plan purement footballistique (enfin, «socceristique» si l’on respecte le terme correct), les USA ne servent à rien. Le football aux Etats-Unis c’est la NFL ; le championnat le plus populaire du monde (plus de 67’000 spectateurs de moyenne en 2007, loin devant les ridicules 38’000 spectateurs de moyenne de la 1.Bundesliga allemande) qui se joue sur un terrain de 360 pieds par 160, avec un ballon ovale et un équipement plus proche de celui d’un joueur de hockey sur glace que d’une patineuse artistique. Il y a bien un championnat national – la Major League Soccer née des cendres de la NASL – dont le système de franchises est calqué sur la NHL, mais les affluences confidentielles (moins de 16’000 spectateurs de moyenne) et le peu de joueurs américains perçants dans les championnats nationaux européens montrent que le soccer en tant que tel, n’est qu’une quantité négligeable. Sur un plan moins sportif mais autrement plus important, les Etats-Unis sont – comme chacun le sait – le garant inaliénable de la paix dans le monde, et en ce sens, nous leur devons respect et dévotion.
3) Comment se sont-ils qualifiés et surtout pourquoi ?
Les Etats-Unis font partie de la Conférence Nord-Américaine, Central-Américaine et des Caraïbes de Football (CONCACAF), une conférence qui il faut bien le dire, ne comporte guère que le Mexique et le Honduras comme réels opposants. Si l’équipe US bat en entrée le Mexique – ce qui fut le cas lors des qualifications cette année – alors la probabilité de qualification est proche de 1. Les USA se sont même payés le luxe de finir premiers de la conférence, ce qui devrait suffire à convaincre les sceptiques que cette équipe ira loin.
4) Pourquoi vont-ils gagner la Coupe du Monde ?
Parce qu’on rêve tous de se lever, main sur le coeur et chanter «O say, can you see, by the dawn’s early light» en admirant les Stars and Stripes haut dans le ciel de Johannesburg et la gueule des p’tits Suisses, malheureux perdants de la finale.
5) Pourquoi vont-ils se faire éliminer au premier tour ?
Comment pourraient-ils perdre alors que les opposants de ce premier tour sont les ridicules Anglais (qui perdent toujours), les sympathiques mais inexpérimentés Slovènes et les Fennecs qui n’ont jamais passé un premier tour. Même le très sérieux Wired Magazine (anglais), a prédit que les USA passeront aisément le premier tour en tenant compte de paramètres aussi divers et variés que pertinents tels que la population du pays, le produit intérieur brut ou «l’expérience».

6) Qui sont les joueurs à surveiller ?
Jozy Altidore, auteur d’un hat-trick lors du match aller de la qualification contre Trinidade et Tobago devrait affoler les gardiens adverses tout comme le bijou des Los Angeles Galaxy, le milieu Landon Donovan, auteur de 2 buts cette saison. Au niveau des défenseurs «offensifs» (si on peut dire ça comme ça), on gardera un oeil sur l’incroyable défenseur et capitaine Carlos Bocanegra auteur de trois buts cette saison avec le Stade Rennais.
7) Qui sont les joueurs à ne pas surveiller, mais dont on peut éventuellement se moquer ?
Aucun. On ne se moque pas d’un Américain. Comme cracher dans la soupe, ça ne se fait pas.
8) Une bonne raison de les supporter ?
On pourra boire plein de Bud’s (Anheuser Bush en Europe à cause de ces ç%&* de Tchèques) qui reste la meilleure bière du monde.
9) Une bonne raison de ne pas les supporter ?
Les raisons de ne pas aimer les États-Unis sont légion parmi les pauvres petits Suisses que nous sommes. Raisons probablement nécessaires et suffisantes pour beaucoup de les détester. L’amalgame – promu au rang d’art par un certain parti d’extrême-droite helvétique se prétendant au centre et démocratique – aidant, les conneries d’un gouvernement pourraient être assimilées à cette magnifique équipe US. «T’façon, c’est tous des cons ces ricains, hein ouais ?»

10) Bon d’accord, mais sinon ?
Parce que Sarah Palin.
Parce que Kasey Keller n’est plus le gardien de l’équipe nationale.
Parce que «Somewhere in Texas a village recovered its idiot».
Parce qu’un Donut c’est vraiment infâme.
Parce que le soccer c’est qu’un sport de cheerleader.
Parce que diluer un ristretto dans deux litres d’Evian ils appellent ça un café.
Parce que Lance Armstrong a triché.
Parce que la Terre a été crée en six jours il y a 6000 ans par un barbu vivant sur un nuage.
Parce que McGyver était obligé d’avoir un couteau suisse pour gagner.
Parce qu’un pays composé de 25% d’obèses morbides ça ne peut pas gagner une Coupe du Monde.
 
1 Source : Wikipedia. Oui… je sais…

Écrit par Vincent Keller