Roland Garros s’écrase une énième fois

Vingt-sept, c’est le nombre d’années qui sépare 2010 de la dernière victoire d’un Français à Roland Garros. Pour rappel, c’est en 1983 que Yannick Noah s’imposait face Mats Wilander. Aujourd’hui, avant même la deuxième semaine du tournoi, il n’y a tout simplement plus aucun joueur français et plus aucune joueuse française. Mais le tournoi bat son plein, pour notre plus grand bonheur !

Je m’étais toujours demandé pourquoi diable les Français avaient nommé leur stade «Roland Garros», lorsque le tournoi s’établit définitivement en 1928 au Bois de Boulogne. Pour celles et ceux qui ne le savent peut-être pas, Roland Adrien Georges Garros fut un des premiers aviateurs français, lieutenant pendant la Grande Guerre, qui mourut pour son pays lorsque son avion s’écrasa le 2 octobre 1918. Je me disais que ce glorieux passé devait peut-être incarner les valeurs du tennis français, ou que le tennis français de l’époque (les quatre Mousquetaires) était au sport ce que l’aviation était à la science : moderne et flamboyant. Il s’agirait en fait, d’après l’article Wikipedia, d’un prêt de terrain (la Porte d’Auteuil) de la part du Stade français au tournoi de tennis. A cette époque, le directeur du Stade français n’est autre qu’Emile Lesieur, un «pote» d’étude à Roland Garros, qui cède ledit terrain à la seule condition de nommer le stade au nom du défunt pilote. Vous l’aurez compris, c’est encore une «sombre» histoire de copinage !Ce bref point historique me permet de relever l’indigence du tennis français sur «sa» terre battue et de constater à quel point il subit une grave crise de confiance, et à quel point l’époque de ce bon vieux Roland Garros et des quatre Mousquetaires appartient bel et bien aux bouquins d’histoire. Loin de moi l’idée de jeter la pierre aux joueurs, ni même de prétendre détenir la solution, mais avec la pression mise par les médias, je comprends que certains «pètent un plomb».
Ceci dit, à mon humble avis, aucun joueur français actuel n’a toutefois le potentiel pour gagner à Roland. Peut-être qu’en rebaptisant Roland Garros «Yannick Noah», les troupes françaises se trouveraient soudainement plus motivées d’imiter leurs idoles. J’imagine bien le dialogue suivant : «Eh, je vais jouer à Yannick» – «Quoi, tu vas chanter ?» – «Mais non !» – «Tu vas fumer d’la beuh alors ?» – «Non, je vais jouer au tennis !»

Pour le pire…

Essayons quand même de parler un peu de tennis. Relevons tout de même quelques qualités du tennis français, notamment la couverture médiatique du tournoi (abstraction faite de certains commentateurs…) et la présence toujours drolatique de Nelson Monfort, qui persiste à vouloir interroger l’irascible père de Gaël Monfils en plein tournoi. À croire qu’entre «Mon», le courant ne passe pas toujours…
Dans la catégorie «pire du pire», outre la programmation immonde habituelle, on notera la défaite de Dinara Safina, version «Guignols de l’Info», battue par une revenante de 39 ans, Kimiko Date Krumm, qui a repris le tennis après une pause de… 13 ans !
Toujours dans la catégorie «guignol», la défaite de Monfils face à Fognini. Alors que le Français menait largement deux sets à zéro (limite s’il s’ouvrait pas déjà une bière sur court…), l’Italien est revenu gentiment, un set, puis un deuxième, avant que le match ne soit interrompu par la nuit au cinquième set, à 5 jeux partout. Le lendemain, l’Italien a tranquillement terminé sa tâche s’imposant finalement 9-7 dans le dernier set. E viva Italia !

Et pour le meilleur !

Le meilleur, il y en a eu, même chez les femmes. En témoigne le match magnifique de Justine Henin contre Maria Sharapova, ce dimanche. Malgré la sublime tenue vestimentaire de cette dernière, c’est bien la première qui s’est imposée, après avoir été pourtant menée 0-2 et 0-40 au troisième set.

Chez les hommes, bien que la France entière annonçât la victoire de Gasquet face à Murray, au final, c’est l’Ecossais qui a mis tout le monde d’accord en s’imposant 6-1 au cinquième set. Et Gasquet de prendre la «poudre» d’escampette… Personnellement, je ne savais vraiment pas qui soutenir. Autant on aimait le flegme britannique incarné par le gentleman Tim Henman, autant on déteste le flegmatique Ecossais et ses insupportables geignements. Ceci dit, Murray a finalement été sorti en trois petits sets par Berdych.
Relevons aussi le match magnifique entre Nadal et Hewitt, ce dernier ayant retrouvé des qualités de frappes qu’on ne lui connaissait plus. Avec la hargne qui le caractérise, tous les ingrédients étaient réunis pour une belle prestation. Malgré tout, une défaite en 3 sets face à l’archi-favori Nadal.

La Suisse bien placée

Malgré l’élimination de Patty, battue sans surprise au premier tour par Venus, les Suisses et Suissesses se sont bien défendus dans l’ensemble. Timea aurait peut-être pu mieux faire.
Le duel suisse entre Federer et Wawrinka a tourné à l’avantage du premier, assez logiquement d’ailleurs. Le numéro 1 mondial n’a jamais paru devoir puiser dans ses réserves, malgré la bonne prestation de Stan. Seule la fin du 2e set et son tie-break ont fait quelque peu vibrer les spectateurs du Central, un peu amorphe devant un spectacle «suisso-suisse» assez peu haletant, il faut bien le dire. Rodgeur dégage une impression de sérénité, un peu comme à l’Open d’Australie. Son prochain tour, contre Soderling, s’annonce bien plus captivant ! Et l’adversaire plus redoutable. Pour une revanche de la finale 2009 ?

Écrit par Jérôme Nicole

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4 Commentaires

  1. J’ai adoré la réponse de Verdasco quand on lui a demandé pourquoi le tennis français avait toujours du mal a Roland: « Je ne sais pas… faudra peut-être attendre de sortir une bonne génération de joueurs »
    Sympa pour les Monfils, Tsonga et autres!

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