Osons II, le retour de la revanche du fils

Quand votre adversaire est supérieur et qu’en plus il est en réussite, quand de surcroît vous ne le bousculez que pendant la moitié du match (la première, cette fois) et que vos éléments d’expérience vous tirent dans le pied, vos perspectives sont assez sombres. Ce n’est pourtant pas forcément une raison pour sombrer dans le défaitisme.

Après le premier match perdu dans les circonstances que l’on sait, la victoire apparaissait impérative pour continuer de croire à la qualification. Et quitte à perdre, au moins fallait-il se montrer plus entreprenant que samedi. Or le résultat du match et le cours des évènements lui font maintenant plus penser à une fin de série précoce.Pourtant, les Genevois ont démarré le match pied au plancher. Malheureusement, ils ne créaient aucun vrai danger pour un Bührer pourtant assez fébrile. De leur côté, les Bernois ne se posaient pas de questions et balançaient systématiquement en dégagement interdit (3 en 2’40). Triste spectacle.
Mais à force de buter sur une défense bien regroupée, les Genevois se décourageaient, et partant, laissaient leur adversaire revenir dans la partie. À la 7e minute, un placement pour le moins fantaisiste de Robin Breitbach (pourtant en progrès depuis quelque temps) offrait un trois contre un aux Bernois, par bonheur parfaitement annihilé par Olivier Keller.


Robin Breitbach. Photo Pascal Muller

Et le tiers tournait. Lors de la première infériorité genevoise, Gianluca Mona repoussait tant bien que mal un tir de David Jobin dévié par Éric Landry.  Comme de bien entendu, le palet arrivait pile sur la palette de ce diable de Christian Berglund, le Dennis Rodman de la LNA. Le Suédois ne ratait bien sûr pas l’aubaine. Cette réussite (à tous les sens du terme) agissait comme un véritable coup de bambou sur la tête des Grenat, qui perdaient pied jusqu’à la sirène. Si le SCB était alors royalement payé au moment de l’ouverture du score, son avantage était finalement tout à fait mérité au bout de vingt minutes.
La pause ayant fait du bien, les Aigles recommençaient à bousculer les Ours au retour sur la glace. Et Thomas Déruns trouvait même la faille sur un tir du poignet du haut de la zone qui surprenait étrangement un Bührer décidément peu inspiré. La pression se faisait encore plus grande, notamment sous l’impulsion de la ligne des Canadiens, offrant à Jamie Wright de belles occasions à vendanger. Kirby Law, lui, se retrouvait en excellente position devant Bührer, mais son bras était accroché au dernier moment par Simon «Fabio» Gamache, sans intervention de M. Reiber. Ce sera son seul blanc, avec l’étonnante légèreté de la pénalité infligée à Raeto Raffainer, auteur d’une crosse haute atteignant Laurent Meunier à la main, suivie d’une charge contre la tête du même. Deux minutes, ce n’est pas cher payé. Pas de quoi influencer le résultat du match cependant.
D’ailleurs, à ce moment-là, il n’est pas question de chercher des excuses. Alors que Dominic Meier est sanctionné pour sa deuxième charge contre la tête en deux matches intervient le miracle : un but en jeu de puissance. Law passait à Aubin à côté du but et prenait place au centre. Le topscorer profitait alors de l’espace libéré par cet appel pour s’approcher et marquer d’un joli backhand. L’espoir renaissait.
Seulement pour trois minutes et demie, hélas. Les ardeurs genevoises laissant fatalement des espaces, les Bernois multipliaient les attaques en surnombre, butant sur un Mona toujours au sommet de son art. Sur l’une d’entre elles, Jonathan Mercier accrochait Thomas Ziegler et offrait un nouveau powerplay aux visiteurs. Et il ne fallait pas 20 secondes pour qu’une passe de Berglund n’accroche le patin de John Gobbi pour finir dans le but.
Ce coup du sort assommait définitivement les Genevois qui laissaient totalement filer la rencontre, alors que le score était pourtant encore de parité. La dernière période allait être particulièrement fantomatique. Pire, l’équipe était trahie par ses éléments d’expérience. En infériorité numérique, Serge Aubin se laissait attirer derrière la cage bernoise et accrochait bêtement Dominic Meier. Brent Reiber n’avait d’autre choix que de punir le Québécois. Le début de double supériorité des Bernois n’était pas vraiment convaincant. Mais ils parvenaient finalement à mettre toute la défense adverse en déroute par la simple vertu d’un palet extrait de la bande. Gamache trouvait Toni Söderholm tout seul devant Mona. Le Finlandais, une fois n’est pas coutume, préférait jouer en finesse et offrait la cage vide à Ivo Rüthemann.


Mona. Photo Pascal Muller

Et il n’y aura pas de réaction. Un surnombre dans les deux dernières minutes viendra même les priver d’un dernier rush à six joueurs de champ.
Autant dire que chez les supporters locaux, l’humeur était maussade à la fin du match. Encore une fois, leurs protégés n’ont pas été capables de maintenir la pression lors de toute la rencontre, alors même que la victoire était encore atteignable. L’attaque en général (plutôt que le seul powerplay, en légère reprise) est terriblement gênée dans la phase de construction et, quand elle parvient à passer, se montre d’une inefficacité crasse.
Si on ajoute ces constats à la supériorité réelle des Bernois, il semble difficile d’échapper à un sec 0-4. Pourtant, pourtant… Pourtant, les Ours ne s’en sortiront pas toujours avec leur approche minimaliste et leur froid réalisme. Ils ont d’ailleurs frisé la correctionnelle samedi.
Mais surtout, les Genevois ont surtout perdu les matches faute d’avoir joué tous leurs atouts. C’est frustrant, mais cela veut aussi dire qu’ils ont les moyens de faire mieux. Qui sait ce qui peut se passer s’ils poussent leurs opposants dans leurs derniers retranchements pendant 60 minutes ? Peut-être un 8-0, avec des buts en contre. Mais en playoffs, perdre d’un but ou de huit, quelle est la différence ? Maintenant qu’ils sont quasiment au pied du mur, les Genevois n’ont plus le choix.
Ultime signe d’espoir, Chris McSorley, jusque là particulièrement apathique, a mis, à tort, la responsabilité de la défaite sur l’arbitrage. C’est bon signe.

Genève-Servette – Berne 2-3 (0-1 2-1 0-1)

Patinoire des Vernets : 6’700 spectateurs (guichets fermés).
Arbitres : Brent Reiber ; Gilles Mauron, Paul Rebillard.
Buts : 10’17 C. Berglund (É. Landry, D. Jobin / 5 contre 4 / M. Knoepfli) 0-1, 22’57 T. Déruns (M. Trachsler, J. Cadieux) 1-1, 32’11 S. Aubin (K. Law / 5 contre 4 / R. Ziegler) 2-1, 35’49 C. Berglund (T. Söderholm / 5 contre 4 / J. Mercier) 2-2, 50’41 I. Rüthemann (T. Söderholm, S. Gamache / 5 contre 3 / O. Keller, S. Aubin) 2-3.
Pénalités : 9 x 2’ + 2 x 10’ (Y. Treille – protestations, I. Fedulov – charge contre la tête) contre Genève-Servette, 7 x 2’ + 10’ (Dom. Meier – charge contre la tête).
Genève-Servette : G. Mona ; G. Bezina, J. Mercier ; S. Schilt, J. Gobbi ; R. Breitbach, O. Keller ; P. Rytz ; J. Wright, S. Aubin, K. Law ; M. Knoepfli, L. Meunier, Y. Treille ; T. Déruns, M. Trachsler, J. Cadieux ; I. Fedulov, G. Augsburger ; C. Rivera ; Jér. Bonnet. Entraîneur : Chris McSorley.
Berne : M. Bührer ; T. Söderholm, D. Jobin ; M. Barinka, Dom. Meier ; M. Steinegger, B. Gerber ; R. Ziegler, R. Kobach ; S. Gamache, C. Dubé, P. Bärtschi ; C. Camichel, É. Landry, C. Berglund ; I. Rüthemann, T. Ziegler, M. Reichert ; Dan. Meier, A. Rötheli, R. Raffainer. Entraîneur : John van Boxmeer.
Notes : 49’58 Temps mort Berne. 59’57 Temps mort Genève-Servette, à la suite duquel Gianluca Mona quitte sa cage pour les 3 secondes restantes. Genève-Servette sans J. Horak, P. Savary (blessés) et J. Hübl (surnuméraire). Berne sans P. Furrer, S. Bordeleau (blessés), P. Berger, P. Hubáček et N. Perrott (surnuméraires).

Écrit par Yves Grasset

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