Black Tsars

Ils veulent représenter l’Afrique toute entière maintenant qu’ils sont les seuls rescapés de ce continent. On accordera aux Ghanéens les qualités que l’on attend en principe des équipes africaines, telles le Cameroun 1990, le Nigeria 1994 et 1998, le Sénégal 2002 : un engagement sans faille, un brin de folie et des qualités techniques qui font passer la Nati pour des joueurs de hockey sans patins…

1. Le résumé.Une défense américaine complètement à la rue a facilité d’emblée le travail des Ghanéens. Puis, comme d’habitude, les joueurs de l’Oncle Sam ont fait preuve d’un fighting spirit sans faille pour revenir dans le match. Mais les Américains ont signé leur arrêt de mort en encaissant un goal en début de prolongation (encore grâce à une défense foireuse). Ils avaient déjà trop donné pour pouvoir inverser la tendance et c’est un milliard (environ) d’Africains qui ont fait la fête jusqu’à pas d’heure.
2. L’homme du match.
Richard Kingson – le portier des Black Stars – a réalisé un match parfait et a pris une part prépondérante dans la qualification des siens. Heureusement pour lui que le but encaissé contre l’Australie – duquel il était entièrement responsable – n’a pas porté à conséquence, car ce huitième lui a vraiment permis de se racheter.
3. La buse du match.
La défense américaine dans son ensemble s’est retrouvée dans la panade à de nombreuses reprises et se trouve être responsable des deux buts ghanéens. Déjà, encaisser deux buts en un match contre le Ghana, qui n’avait marqué jusque-là que sur pénalty, nous donne un avant-goût de la non-prestation des gaillards. On pourrait toujours proposer aux Ricains de leur filer Senderos en échange de plus de clémence vis-à-vis de nos banques. Le genre d’accord win-win qui pourrait sauver et leur soccer, et notre économie. Qui dit mieux ?

4. Le tournant du match.
La montée désespérée du portier Tim Howard sur le dernier corner. On a déjà vu des gardiens marquer dans ce genre de situation. D’abord très tenté de boxer le ballon dans les goals (la force de l’habitude sans doute), le brave Tim s’est ravisé et s’est fait devancer par son homologue ghanéen. La dernière chance des Américains vient de passer. Mais on ne leur reprochera pas de n’avoir pas essayé.
5. Le geste technique du match.
Le but que l’attaquant australien Holman a inscrit contre le Ghana au premier tour. Un gardien aussi bon que l’a été Kingson hier ne peut que faire exprès de l’encaisser. Et c’est ce but qui permet au Ghana d’éviter l’Angleterre en huitièmes. Qui a dit que les équipes africaines manquaient de tactique ?
6. Le geste pourri du match.
Est clairement mon œuvre. Je me suis porté volontaire pour couvrir ce match alors même que j’avais une dégustation en Valais central dès 16h00. Après tout, je me suis dit que je serais dehors à 20h30 pour le match. C’était gravement sous-estimer les ressources œnologiques du Valais… Une vingtaine de vins dégustés plus tard, dont quelques surmaturés qui valent la peine, c’est fou ce qu’un écran d’iPhone peut te paraître flou…
7. L’analyse tactique.
Les Américains, afin d’exprimer leur potentiel et leur fighting spirit dans les meilleures conditions possibles, ont volontairement encaissé le premier but. En tout cas, ça en a tout l’air. Malheureusement pour eux, leur légendaire combativité ne leur aura pas permis de retourner la situation à la 91e minute. Faut dire qu’en face, le Ghana n’est pas l’Algérie, ni la Slovénie. Ça peut pas marcher à tous les coups…

8. L’anecdote.
Un des joueurs les plus en vue lors de cette rencontre est également connu sous le doux nom de Farûk Gûrsoy. Une tournée au premier qui trouve de qui il s’agit !
9. La minute Pierre-Alain Dupuis.
Remplacée aujourd’hui par une constatation historique : «Un Bâlois jouera les quarts». Balèze, non ?
10. La rétrospective du prochain match.
Bill Clinton va rentrer en Alabama et se lancer – à l’image d’Al Gore – dans une grande cause : celle de faire reconnaître le soccer comme un vrai sport du côté de chez lui. Si c’est lui qui s’y colle, pas certain de revoir une bannière étoilée à Brasilia en 2014…
Le Ghana a eu l’intelligence de tomber dans une partie de tableau étonnamment dépeuplée et va donc devenir la première équipe africaine à disputer les demi-finales d’une Coupe du Monde. Du coup, la presse oubliera rapidement que le football africain est passé complètement à travers de cet évènement. On continuera à dire que le Ghana joue «à domicile» en Afrique du Sud. Pas mal, car vu la distance entre Accra et JoBo, la Nati pourrait alors jouer ses matchs à domicile au Şükrü Saracoğlu d’Istanbul… C’est beau la mondialisation !

Écrit par Arnaud Antonin

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